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Une proposition de loi capillotractée. Par Arnaud Blanc de la Naulte, Avocat.
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Parution : vendredi 3 mai 2024
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Dans le tumulte des débats sur l’égalité des chances, une question qui « décoiffe » est actuellement débattue chez nos politiques : celle de la discrimination capillaire.
Si cette proposition de loi s’attaque à des problèmes bien réels, on pourrait se demander si elle est vraiment nécessaire, à l’aune des textes existants.
Mais après tout, peut-être que cette proposition de loi est le dernier coup de « peigne » nécessaire pour « démêler » les préjugés…
Références : Propositions de loi n° 1640 et 274 de la 16ᵉ législature visant à reconnaitre et à sanctionner la discrimination capillaire adoptée par l’Assemblée nationale le 28 mars 2024, et renvoyée à la Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale. [1]
Les juges ont déjà eu à « s’arracher les cheveux » sur des cas concrets.
Ainsi :
La proposition de loi vise à modifier :
La nécessité d’une telle loi reste floue. Bien que sa promulgation puisse avoir une portée symbolique voire politique, elle n’apparait pas nécessaire juridiquement.
C’est un peu comme chercher une solution à un problème qui n’existe pas vraiment.
En effet, et comme cela vient d’être exposé, les juges ont déjà pu, sur la base de l’arsenal juridique existant, sanctionner les discriminations capillaires.
Les textes actuels prévoient déjà la prohibition de toute discrimination physique ou celle liée à l’appartenance ou de non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue race.
Pourquoi indiquer « discrimination physique et notamment capillaire » et pas d’autre cas ? Commencer à donner des exemples pourrait s’avérer sans limite, quid de la discrimination de la talonnette, du mauvais rasage, de la barbe mal taillée ?
Si l’objectif est louable, juridiquement l’ajout n’apporte rien… le Code du travail interdit déjà la discrimination basée sur l’apparence physique, même si la discrimination capillaire n’est pas explicitement mentionnée.
En fin de compte, si cette loi semble manquer d’impact sur le plan juridique, son importance pourrait être davantage politique…
La proposition de loi doit maintenant être examinée (démêlée ?) par le Sénat.
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