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SARL ou SAS : La réalité sur les avantages et inconvénients en matière de régime social des dirigeants (Partie 2). Par Corentin Delobel, Avocat.
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Parution : mercredi 19 juin 2024
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Après un premier article publié en 2017 par mes soins et qui a été beaucoup lu (SARL ou SAS : la réalité sur les avantages et inconvénients en matière de régime social des dirigeants (Partie 1)), voici la partie 2 (vision affinée et pratique) car, en effet, choisir la bonne structure juridique pour son entreprise est une décision cruciale qui peut avoir des implications significatives sur de nombreux aspects, y compris le régime social des dirigeants.
Dans les deux formes juridiques les plus courantes que sont la Société à Responsabilité Limitée (SARL) et la Société par Actions Simplifiée (SAS), cet article se propose de comparer de nouveau les régimes sociaux des dirigeants de ces deux types de sociétés, en mettant en lumière leurs avantages et inconvénients respectifs avec des exemples chiffrés simples.
Avant d’entrer dans les détails spécifiques aux SARL et SAS, il est utile de comprendre les notions de base sur le régime social des dirigeants d’entreprise en France.
Travailleurs Non-Salariés (TNS) : les dirigeants affiliés à ce régime, comme les gérants majoritaires de SARL, cotisent à des taux habituellement plus bas que le régime général, mais bénéficient aussi de prestations sociales souvent moins avantageuses.
Régime général de la Sécurité sociale : les dirigeants assimilés salariés, comme les présidents de SAS, cotisent à des taux plus élevés mais bénéficient d’une couverture sociale plus complète.
Avantages et inconvénients.
Avantages.
Inconvénients.
Exemple chiffré.
Imaginons une SARL dont le gérant majoritaire perçoit une rémunération annuelle brute de 40 000 euros.
Cotisations sociales pour un gérant majoritaire TNS :
Cotisations retraite : 17%
Cotisations maladie-maternité : 6.5%
Cotisations invalidité-décès : 1.3%
Allocations familiales : 5.25%
CSG/CRDS : 9.7%
Total approximatif : 40% de la rémunération brute.
40 000 euros x 40% = 16 000 euros de cotisations sociales.
Avantages et inconvénients.
Avantages.
Inconvénients.
Exemple chiffré.
Examinons une SAS où le président perçoit une rémunération annuelle brute de 40 000 euros.
Cotisations sociales pour un président de SAS :
Cotisations retraite : 16.5%
Cotisations maladie-maternité : 13%
Cotisations chômage : 4.05%
Cotisations invalidité-décès : 4%
CSG/CRDS : 9.7%
Total approximatif : 47% de la rémunération brute.
40 000 euros x 47% = 18 800 euros de cotisations sociales.
Couverture sociale.
SARL : la couverture sociale est moins complète pour les gérants majoritaires affiliés au régime TNS. Bien que leurs cotisations soient plus faibles, cela se traduit par des prestations de retraite, de maladie et de chômage inférieures.
SAS : les présidents bénéficient d’une couverture sociale plus adaptée et complète, similaire à celle des salariés.
Charges Sociales
SARL : avec 40% de charges sociales, les gérants majoritaires profitent d’un régime de cotisations plus favorable.
SAS : avec 47% de charges sociales, les présidents paient davantage mais bénéficient en retour d’une meilleure couverture sociale.
Flexibilité et répartition des revenus.
SARL : la SARL offre une flexibilité accrue dans la répartition des revenus entre salaire et dividendes. Les dividendes étant soumis à la Flat Tax à 30%, offrent une solution de rémunération fiscalement avantageuse.
SAS : toute la rémunération est soumise aux cotisations sociales, sans possibilité de choisir une répartition entre salaire et dividendes sans charges sociales conséquentes.
Exemples comparatifs.
Prenons deux scénarios pour illustrer plus en détail les avantages et inconvénients. Imaginons des revenus de 60 000 euros pour un dirigeant, répartis différemment entre salaire et dividendes pour évaluer l’impact des cotisations sociales et fiscales.
Scénario SARL.
Salaire annuel : 40 000 euros (cotisé).
Dividendes : 20 000 euros (soumis à la Flat Tax 30%).
Cotisations sociales (40% du salaire) : 16 000 euros.
Impôts sur le revenu nets des dividendes : 6 000 euros (20 000 euros x 30%).
Total des prélèvements SARL : 22 000 euros.
Scénario SAS.
Salaire annuel : 60 000 euros.
Cotisations sociales (47% du salaire) : 28 200 euros.
Impôts sur le revenu nets des dividendes (cotisation de l’ensemble) : les dividendes sont également soumis à l’impôt sur le revenu dans ce cas car tout est versé en rémunération.
Total des prélèvements SAS : 28 200 euros.
Le choix entre SARL et SAS dépendra de plusieurs facteurs clés, à savoir :
Observation finale :
Le choix de la structure juridique adaptée et des régimes sociaux des dirigeants est délicat et doit être effectué en consultation avec un expert-comptable ou un conseiller juridique pour une analyse personnalisée. L’évolution régulière des lois fiscales et sociales peut également influencer cette décision, soulignant l’importance de rester informé des nouvelles réglementations.
Corentin Delobel Avocat au Barreau de Nice Docteur en Droit Ancien Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche Ancien chargé de cours Membre du Centre de Recherche en Droit Economique [->delobel.avocat@gmail.com] http://avocat-nice-corentin-delobel.fr/Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).