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Focus sur l’indemnisation des accidents de la vie. Par Frédéric Roussel, Avocat.
Parution : mercredi 24 juillet 2024
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Les accidents de la vie représentent la 4ème cause de mortalité en France, la première chez les enfants de moins de 5 ans et les adultes de plus de 65 ans.
Quelques conseils simples permettent de sélectionner avant toute souscription les clauses du contrat « Garantie accident de la vie courante » (GAV) et d’obtenir la juste indemnisation des postes de préjudice pour la victime directe et/ou ses proches.

Définition de la notion d’accident de la vie courante

Il s’agit par définition des blessures ou du décès non-intentionnel subis par une victime dans le cadre d’une activité non-professionnelle, et hors accident de la voie publique.
De manière pratique, les accidents de la vie courante (AcVC) interviennent principalement à l’occasion d’activités domestiques (bricolage, jardinage) sportives ou de loisirs, avec des causes variées : chute, brûlure (barbecue), électrocution, amputation, intoxication (produits chimiques, plantes) noyade (piscine) suffocation par ingestion de petits objets.
Les agressions (physiques et sexuelles) sont également intégrées dans cette catégorie.

Faut-il s’assurer ?

Oui ! la souscription d’un contrat garantie accident de la vie (GAV) est fortement recommandée, constituant le complément indispensable du contrat multirisque habitation (MRH) qui ne couvre que l’habitation principale et la responsabilité civile de ses occupants à l’égard des tiers.

Quel contrat ? Quelles clauses ?

La nature et le nombre des postes de préjudices indemnisables dépendent tout d’abord des options sélectionnées lors de la souscription du contrat. Ces options dépendent elles-mêmes du tarif annuel fixé.
Attention : un tarif aussi peu élevé qu’attractif induit nécessairement une limitation des options de garanties, et ainsi du montant indemnisable.
Par ailleurs, le choix du contrat dépend également de la situation familiale (couple avec ou sans enfants, célibataire) ou des activités régulièrement pratiquées (voyages, sports).
En fonction de ce premier critère, il est impératif de vérifier la présence de certaines clauses dans les conditions générales, avec rappel des options choisies dans les conditions particulières signées lors de la souscription :

Les options fondamentales à exiger :

Les options complémentaires indispensables en fonction du cadre familial et/ou des activités pratiquées :

Attention, les contrats GAV :

Dans tous les cas, il est fortement conseillé de recourir à un comparateur de contrats, de consulter des sites de consommateurs et de ne pas hésiter à faire jouer la concurrence.

Quels postes de préjudice choisir ?

L’indemnisation par contrat GAV est de nature « contractuelle » avec une limitation des postes de préjudices indemnisables en fonction des options choisies.
Pour autant, certains postes de préjudice doivent clairement être sélectionnés lors de la souscription :

Préjudices patrimoniaux :

Préjudices extra-patrimoniaux :

Dans l’hypothèse d’un décès (du contractant principal ou de l’un des bénéficiaires) le contrat doit nécessairement intégrer les clauses suivantes :

Que faire en cas de sinistre ?

Le délai habituel de déclaration imposé par les assureurs est de cinq jours ouvrés, par téléphone, courriel ou lettre Recommandé avec Accusé de Réception (RAR), avec les indications suivantes :

Attention : le délai maximal de déclaration d’un sinistre à l’assureur fixé par la loi est de deux ans à compter de l’évènement qui y donne naissance [1]. Au-delà, plus aucune déclaration de sinistre n’est possible.

Les étapes de l’indemnisation ?

Le contrat GAV subordonne prioritairement l’indemnisation des postes de préjudice au seuil de blessures physiques et psychologiques, exprimé en pourcentage et visé dans le contrat souscrit (1%, 5 %, 10 % ou plus).
Ce seuil est déterminé au moyen d’un examen contradictoire amiable entre le médecin conseil de l’assureur et celui de la victime, désigné par son Avocat. Sur la base des pièces médicales produites, comme de l’examen physique de la victime, le seuil est déclaré atteint ou non.

Dans l’hypothèse d’un seuil atteint et/ou dépassé, les autres postes de préjudices personnels sont dès lors quantifiés et insérés dans un rapport commun soumis aux parties.

Dans certains cas, la victime n’est pas encore « consolidée » l’état traumatique général n’étant pas stabilisé avec une possible aggravation des blessures, rendant nécessaire la fixation d’un examen complémentaire à date ultérieure.

De la même manière, certaines atteintes fonctionnelles spécifiques, ou leur retentissement, rendent nécessaire la désignation d’un spécialiste intervenant en qualité de « sapiteur » (neurologue, neuropsychologue, psychiatre, chirurgien orthopédique, viscéral, ergothérapeute…) avec mission de quantifier le préjudice propre à sa spécialité.

Dans l’hypothèse d’un seuil non atteint, ou d’un désaccord entre médecins-conseils des parties sur celui-ci, le contrat peut prévoir soit le recours à un « arbitrage » par un autre médecin-conseil désigné par les parties, soit à la solution judiciaire.

Sur la base du rapport, le Conseil de la victime soumet à l’assureur une proposition de « liquidation » des postes de préjudices, avec quantification financière de chacun d’entre eux.
En cas de désaccord entre les parties sur l’indemnisation d’un ou plusieurs postes, la solution judiciaire est inévitable.

À retenir.

Le choix initial du contrat GAV est déterminant, induisant de consacrer un peu de temps à la lecture de ses clauses, et de recourir éventuellement aux conseils d’un avocat spécialisé en amont de toute souscription. Le gain juridique sur les mauvaises surprises est considérable.

Frédéric Roussel Avocat au Barreau de Paris (G307) Spécialiste en réparation du dommage corporel Cabinet Roussel https://www.cabinet-roussel.fr/

[1Article L114-1 du Code des assurances.

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