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La jurisprudence des tribunaux administratifs du ressort de la Cour administrative d’appel de Douai en matière d’armes à feu et de FINIADA du 1er septembre 2024. Par François Muta, Avocat.
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Parution : mercredi 11 septembre 2024
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La jurisprudence des tribunaux administratifs de Rouen, d’Amiens et de Lille montrent qu’il est préférable d’être conseillé et assisté d’un avocat lorsque le préfet décide de saisir vos armes et de votre inscription au FINIADA (Fichier national des personnes interdites d’acquisition et de détention d’armes) sur le fondement du Code de la sécurité intérieure.
Elle montre que les procédures en urgence sont, la plupart du temps, vouées à l’échec et qu’il faudra attendra plusieurs mois avant que le tribunal ne statue.
Le Tribunal administratif de Rouen :
Le rejet était inévitable puisque, dans l’hypothèse d’une inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire, le préfet est en situation de compétence liée. Il est obligé d’ordonner le dessaisissement des armes et l’inscription au FINIADA.
Le seul fait d’avoir une attestation du maire de la commune et un certificat médical pour la pratique du tir sportif ne permet de regarder la mesure de saisie définitive comme non nécessaire, non adaptée et non proportionnée aux risques.
Il s’agissait dans cette affaire d’une saisie ordonnée sur le fondement de l’article L312-7 du Code de la sécurité intérieure qui entraîne une période d’observation d’un an maximum à l’issue de laquelle le préfet décide de restituer l’arme ou de la saisir définitivement.
Le détenteur de l’arme aurait dû faire constater son état de santé par un psychiatre agréé.
Le tribunal retient que le fait que le requérant ait bénéficié d’un non-lieu pour ces faits, après l’adoption de la décision en litige, est sans incidence sur sa légalité et juge que l’administration pouvait valablement considérer retenir ces faits.
Dans cette affaire, le requérant n’avait, semble-t-il, pas soulevé l’erreur d’appréciation de la préfecture.
Sur l’urgence, le juge retient que le fait d’être empêché de pratiquer la chasse comme activité de loisir n’est pas de nature à caractériser une atteinte suffisamment grave et immédiate à la situation du requérant.
Le requérant, bien que salarié d’une armurerie, ne démontrait pas que son activité professionnelle était impacté par la mesure de dessaisissement et d’inscription au FINIADA prise par le préfet.
Le Tribunal administratif d’Amiens :
Il montre par sa jurisprudence qu’il est essentiel d’être assisté et conseillé par un avocat pour se défendre face à la préfecture :
Le Tribunal administratif de Lille :
En matière de référé-liberté, il faut démontrer l’urgence appréciée strictement car le juge doit, en principe, statuer dans un délai de 48 heures et une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale.
Le juge rejette la requête en retenant que la décision n’affecte le requérant que dans ses loisirs et non pas dans vie familiale ou son activité professionnelle et que le dessaisissement des armes n’emporte pas leur destruction.
En effet, pour se dessaisir d’une arme, il est possible notamment de la vendre à un armurier ou à un particulier (article R312-74 du Code de la sécurité intérieure).
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