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Forfait jours Syntec-Cinov illicite : le casse-tête du retour aux 35 heures. Par Anne Cohen, Avocate.
Parution : lundi 23 septembre 2024
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Lorsque les règles du forfait jours, encadrées par la convention collective Syntec-Cinov [1] ne sont pas respectées, l’employeur s’expose à une sanction importante : la requalification du contrat en 35 heures hebdomadaires. Cette requalification entraîne des conséquences financières lourdes, notamment le paiement rétroactif des heures supplémentaires. Ce retour aux 35 heures peut rapidement se transformer en un véritable casse-tête juridique pour l’employeur, avec des implications légales et financières complexes.

Les causes de l’illicéité du forfait jours.

Le forfait jours peut être déclaré illicite ou inopposable dans plusieurs cas. Voici les causes principales.

Conséquences de la requalification en contrat de 35 heures.

Lorsque le forfait jours est invalidé, le contrat de travail est automatiquement requalifié en contrat de 35 heures hebdomadaires, avec des conséquences significatives pour l’employeur :

A noter : même si le salarié perçoit un salaire supérieur au salaire minimum conventionnel majoré (de 20 ou 22% selon sa classification), il pourra obtenir le paiement d’heures supplémentaires.

Les modalités concrètes du débat sur les horaires de travail.

La requalification en contrat de 35 heures ouvre souvent un débat sur la preuve des heures réellement travaillées. Dans un contentieux sur les horaires, la preuve repose à la fois sur le salarié et sur l’employeur.

Un exemple chiffré.

Prenons l’exemple d’un salarié cadre, consultant embauché en 2019 avec un forfait jours, classification 3.1, et un salaire brut de 5 000 euros par mois. Son contrat est rompu en 2024, et il saisit le conseil de prud’hommes, arguant qu’aucun entretien annuel de suivi n’a été réalisé pendant les cinq ans de son contrat.

Le salarié parvient à démontrer qu’il a travaillé 39 heures par semaine. Il obtient alors la requalification de son contrat en 35 heures et le paiement des heures supplémentaires dues sur une période de trois ans, soit :

Le calcul s’établit ainsi :

Cet exemple illustre une durée du travail de 39 heures, mais il n’est pas rare que certains cadres effectuent largement plus de 40 heures de travail par semaine. Les conséquences financières seront nettement alourdies dans ce type de cas.

Préconisations : anticiper et corriger.

Pour éviter le risque de requalification en contrat de 35 heures, commencez par auditer vos pratiques et vérifiez la conformité des forfaits jours aux règles Syntec-Cinov.

En cas d’irrégularités, il est souvent possible de corriger la situation : mettez en place des systèmes de suivi des jours travaillés, organisez les entretiens obligatoires, adoptez une charte sur le droit à la déconnexion, et proposez des avenants aux contrats des salariés concernés.

Si nécessaire, négociez un accord collectif pour ajuster les contraintes légales aux spécificités de votre entreprise et limiter ainsi les risques juridiques.

Anne Cohen Avocate en droit du travail Barreau de Paris https://www.cohenavocate.fr/

[1La Convention collective des Bureaux d’Études Techniques, des Cabinets d’Ingénieurs-Conseils et des Sociétés de Conseils (Betic), appelée également Syntec-Cinov (du nom des fédérations signataires de l’accord).

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