Village de la Justice www.village-justice.com |
Une histoire de jambon corse, d’AOP et d’IGP. Par Julie Pierre, CPI.
|
Parution : lundi 21 octobre 2024
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/une-histoire-jambon-corse-aop-igp,51194.html Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. |
L’affaire a pour origine trois produits corses : « Jambon sec de Corse », « Lonzo de Corse » et « Coppa de Corse » qui ont été enregistrés comme AOP (Appellations d’Origine Protégée) en 2014, garantissant une origine stricte (la viande utilisée vient exclusivement de porcs de race « nustrale », lesquels vivent de manière semi-sauvage dans les montagnes corses) et un prix élevé.
En 2015, un groupement de charcutiers corses ont demandé à enregistrer sept nouvelles dénominations en tant qu’IGP (Indication Géographique Protégée), dont « Jambon sec de l’île de Beauté », « Lonzo de l’île de Beauté » et « Coppa de l’île de Beauté ». Ces produits, bien que liés au savoir-faire corse, utilisent de la viande non spécifique et sont vendus à moindre coût.
En premier lieu, le syndicat des AOP corses s’est opposé à l’enregistrement de ces IGP, arguant qu’elles créaient une confusion avec les AOP existantes. Cependant, le Conseil d’État français a rejeté les recours du syndicat, estimant que les AOP et les IGP étaient suffisamment distinctes et que les produits sont de qualité différente et s’adressent donc à un public différent.
Mais, en octobre 2021, la Commission européenne refuse d’enregistrer les nouvelles IGP, arguant que les dénominations concernées évoquaient les AOP existantes, ce qui contrevient à l’article 13 du règlement UE n° 1151/2012.
Les charcutiers corses saisissent alors le Tribunal de l’Union européenne, qui rejette en 2023 leur recours. Ils s’adressent donc à la Cour de Justice de l’Union européenne qui vient de rendre son arrêt.
Les deux décisions du TUE et de la CJUE sont riches en enseignements :
En bref, les qu’IGP « Jambon sec de l’île de Beauté », « Lonzo de l’île de Beauté » et « Coppa de l’île de Beauté » évoquent les AOP « Jambon sec de Corse », « Lonzo de Corse » et « Coppa de Corse » et sont donc refusées.
Ce qu’il faut retenir : le pouvoir de contrôle européen prime ainsi sur les décisions locales pour garantir une application uniforme des règles de protection des indications géographiques dans l’Union.
Julie Pierre - CPI Marques & Modèles Fondatrice du Cabinet Annabrand https://www.anna-brand.com/Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).