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Infirmiers : comprendre les contrôles de facturation menés par la CPAM. Par Sarah Hanffou, Avocate.
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Parution : mardi 19 novembre 2024
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Les contrôles de facturation réalisés par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) sont une réalité à laquelle les professionnels de santé, notamment les infirmiers libéraux, sont régulièrement confrontés. Ces contrôles visent à garantir la conformité des actes facturés avec les règles en vigueur. Toutefois, ils peuvent être une source d’inquiétude en raison des sanctions potentielles : notifications d’indus, pénalités financières ou, dans les cas extrêmes, plaintes pénales.
Cet article vous propose un guide complet pour comprendre le déroulement de ces contrôles, prévenir les erreurs et connaître vos droits.
La CPAM a pour mission de veiller à la bonne gestion des fonds publics destinés aux remboursements de soins. Les contrôles de facturation peuvent initier pour différents motifs notamment :
Il y a généralement 3 phases dans les contrôles de facturation menés par la CPAM :
La CPAM informe le professionnel par courrier des éléments à contrôler, accompagnée d’une demande de documents justificatifs. Il peut s’agir de bilan d’ordonnances, de contrats de remplacement ou encore de BSI.
Les agents de la CPAM analysent les documents transmis et peuvent réaliser :
À l’issue du contrôle, un rapport est rédigé. Celui-ci peut conclure à :
La CPAM doit respecter certains principes fondamentaux lors des contrôles :
La procédure permettant à la CPAM de notifier des indus est prévue à l’article L133-4 du Code de la Sécurité sociale :
1. Saisir la Commission de Recours Amiable (CRA).
Un recours auprès de la CRA est obligatoire avant toute action judiciaire. Cette commission interne à la CPAM réexamine le dossier et peut annuler, réduire ou maintenir l’intégralité de l’indu.
2. Saisir le pôle social du tribunal judiciaire.
En cas de rejet par la CRA, il est possible de contester la décision devant le Pôle social du tribunal judiciaire. Le délai est de deux mois à compter de la notification de la décision de la commission de recours amiable.
La possibilité de prononcer un avertissement ou une pénalité financière est prévue à l’article L114-17 du Code de la Sécurité sociale.
1. Notification initiale de la mise en œuvre de la procédure de pénalité financière par la CPAM.
La procédure débute par la réception d’une notification formelle par le professionnel de santé. En application de l’article R147-2 du Code de la Sécurité sociale, cette notification, émise par le directeur de l’organisme local d’assurance maladie, doit :
2. Présentation des observations.
Durant le délai d’un mois, le professionnel peut :
3. Décision de la CPAM sur la poursuite de la procédure de pénalité financière.
À la suite des observations ou de l’audition de l’infirmier, le directeur de la CPAM peut :
4. Se défendre devant la commission de pénalités.
Si le dossier est présenté à la commission des pénalités :
À la suite de l’avis de la commission, le directeur peut :
1/ Abandonner formellement la procédure et en informer le professionnel
2/ Décider de prononcer un avertissement
3/ Décider de poursuivre la procédure, auquel cas il dispose d’un délai de 15 pour saisir le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie d’une demande d’avis conforme. À défaut de saisine dans le délai imparti, la procédure est réputée abandonnée. Le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie ou son représentant dispose d’un délai d’un mois à compter de la réception de la demande pour formuler son avis.
Si le directeur général ne s’est pas prononcé dans ce délai, son avis est réputé favorable.
Si l’avis du directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie est défavorable, la procédure est abandonnée. Le directeur de la CPAM en informe la personne en cause dans les meilleurs délais.
Si l’avis du directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie est favorable, le directeur de la CPAM dispose d’un délai de 15 jours pour notifier au professionnel de santé concerné la poursuite de la procédure. À défaut de notification dans le délai imparti, la procédure est réputée abandonnée.
Le professionnel a alors deux mois pour payer la pénalité ou saisir le tribunal judiciaire pour contester la décision.
Conseils pratiques pour se prémunir contre l’engagement de poursuites :
Nota bene : Un avocat en droit de la santé peut intervenir à plusieurs niveaux :
Les contrôles de facturation par la CPAM sont un enjeu majeur pour les professionnels de santé. Une gestion rigoureuse, une bonne préparation et une assistance juridique adaptée permettent d’aborder ces contrôles avec sérénité. En cas de litige, connaître vos droits et les recours possibles est essentiel pour éviter des sanctions injustifiées.
Prévenir reste la meilleure défense : formez-vous, auditez vos pratiques et collaborez avec des experts pour assurer une conformité totale.
Sarah Hanffou, Avocate au barreau de Toulon www.hanffou-avocat.comCet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).