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L’effacement du fichier "Traitement d’Antécédents Judiciaires" : tout ce que vous devez savoir. Par Vincent Sprauer, Avocat.
Parution : mardi 26 novembre 2024
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L’effacement du fichier TAJ (Traitement d’Antécédents Judiciaires) est une préoccupation croissante pour de nombreux individus en France. Ce fichier, qui recense les antécédents judiciaires de millions de citoyens, peut avoir des conséquences importantes sur la vie personnelle et professionnelle. Dans cet article, nous explorerons les tenants et aboutissants de l’effacement du fichier TAJ.

I. Qu’est-ce que le fichier TAJ ?

Le fichier TAJ est un fichier national français qui contient les informations sur les antécédents judiciaires des individus, qu’ils soient auteurs ou victimes de délits. Créé en 2014, ce fichier fusionne les anciens fichiers STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées) et JUDEX (Justice Documentation et Exploitation). Les données contenues dans le TAJ incluent ainsi des informations sur les procédures pénales, les enquêtes de police.

A. Types d’informations contenues dans le fichier TAJ.

Le fichier TAJ enregistre diverses informations sur les personnes mises en cause ou victimes dans des affaires pénales [1].

Il s’agit notamment des informations suivantes :

B. Les personnes inscrites au fichier TAJ.

Le fichier TAJ regroupe des informations sur toutes les personnes impliquées dans des procédures judiciaires :

Voici les principales catégories de personnes susceptibles d’être inscrites dans ce fichier :

Les mis en cause : parmi les personnes mises en cause, on distingue :

Ainsi sont inscrites au TAJ, des procédures qui ne constituent pas des condamnations pénales à proprement parler.

Les victimes : le TAJ contient aussi des informations sur les victimes d’infractions, permettant ainsi aux forces de l’ordre de suivre l’évolution des enquêtes et de disposer d’un historique complet pour toute nouvelle investigation.

Les personnes décédées ou disparues dans des circonstances suspectes : les individus faisant l’objet d’enquêtes pour recherche des causes de la mort ou pour disparition suspecte sont également inscrits dans le fichier TAJ

C. Durée de conservation des données contenues dans le fichier TAJ.

Conformément à l’article R40-27 du Code de procédure pénale, la durée de conservation des données dans le fichier TAJ varie en fonction de plusieurs facteurs, tels que le statut de la personne et la gravité de l’infraction :

D. Les personnes susceptibles de consulter ces informations contenues dans le fichier TAJ.

Selon les articles R40-28 et R40-29 du Code de procédure pénale, les informations contenues dans le fichier TAJ peuvent être consultées par diverses autorités, notamment :

II. Pourquoi demander l’effacement de vos données du fichier TAJ ?

Comme nous l’avons vu, un certain nombre de personnes sont susceptibles de consulter les informations contenues dans le fichier TAJ. Aussi, les mentions qui y figurent peuvent avoir des répercussions majeures sur divers aspects de votre vie.

A ce titre, on pourra citer :

III. Les conditions d’effacement du fichier TAJ.

L’effacement du fichier TAJ n’est pas automatique. Il est soumis à des conditions strictes. Les principales conditions sont :

IV. Les principaux fondements juridiques en la matière.

La législation relative au fichier TAJ est principalement encadrée par le Code de procédure pénale et par des textes spécifiques relatifs à la protection des données personnelles.

En 2017, une décision du Conseil constitutionnel (n°2017-670 QPC) a reconnu que la législation en vigueur méconnaissait le droit au respect de la vie privée des personnes inscrites dans le fichier TAJ. Ainsi, le Conseil constitutionnel a jugé que l’impossibilité pour les personnes mises en cause, autres que celles acquittées, relaxées, ou ayant bénéficié d’un non-lieu, de demander l’effacement anticipé de leurs données constituait une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée.

Cette jurisprudence a conduit à une révision législative. L’article 230-8 du Code de procédure pénale a en effet été modifié depuis la loi n°2018-493 du 20 juin 2018, pour permettre à davantage de personnes de solliciter l’effacement de leurs données :

« La personne concernée peut former cette demande sans délai à la suite d’une décision devenue définitive de relaxe, d’acquittement, de condamnation avec dispense de peine ou dispense de mention au casier judiciaire, de non-lieu ou de classement sans suite ».

Dans les autres cas, une personne ne peut former sa demande que lorsque ne figure plus aucune mention de nature pénale dans le bulletin n° 2 de son casier judiciaire.

Vincent Sprauer Avocat au barreau de Paris https://sprauer.fr

[1Art. R40-26 du Code de procédure pénale.

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