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"Nouveau normal"... nouveaux juristes : quel exercice du droit en 2025 ?
Parution : vendredi 3 janvier 2025
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C’est l’un des moments incontournables des Rendez-vous des transformations du droit, une série de conférences qui revient chaque année : "Moutons à 5 pattes", "Drôles de juristes" devenue cette année "Nouveau Normal, nouveaux juristes" : le contenant change, pas le contenu !
L’idée reste de faire découvrir la richesse des profils et des compétences des juristes... Voici quelques-uns de ces profils et témoignages inspirants.

Clara Bacquié : CEO de Thémia (Plateforme d’intelligence juridique et de jurimétrie)

Sa formation : Elle est titulaire d’un double diplôme École de droit / Faculté de droit à la Sorbonne en niveau Master.

Sa première expérience : dans le cabinet d’avocats Ginestié.
« J’étais au 3ᵉ étage, en tant que juriste d’affaires, mais j’avoue que j’étais plus attirée par l’étage occupé par Gino Legaltech (créée par le cabinet). Très vite, j’ai eu la volonté d’entreprendre dans le milieu du droit.
J’ai été contactée pour prendre la tête d’une entreprise qui proposait une solution de logiciel de calcul d’indemnisation en droit du dommage corporel. Il m’a donc fallu passer du droit des affaires à ce droit là, très spécifique. Dans cette structure, il y avait un partenariat avec un professeur de droit privé, maintenant mon associé. On a créé ensemble Themia, une plateforme d’intelligence juridique et de statistiques appliquées au droit de l’indemnisation
. »

Clara Bacquié indique néanmoins ne pas avoir renoncé à être un jour peut-être avocate : « D’ici quelques années, pourquoi pas, quand les mentalités auront évolué et que l’IA sera installée. Je suis convaincue que l’IA ne va pas détériorer les relations humaines, mais que l’avocat, doté ces outils, va pouvoir mettre l’humain au cœur de sa stratégie. Et j’ai envie d’être cet avocat là... »

Ce que le droit lui a permis : « Il m’a nourri intellectuellement, et c’est un secteur que j’ai envie de révolutionner pour le rendre plus accessible. »

Simon Bernard : Avocat en transition, Ancien directeur adjoint de cabinet de la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, ancien conseiller parlementaire au sein du cabinet de la Première ministre

Son parcours : il a fait des études en Droit puis s’est spécialisé dans la fiscalité, a passé le CAPA pour devenir avocat fiscaliste. C’est ce domaine du droit qui l’a conduit à l’Assemblée nationale, d’abord comme conseiller législatif de la commission des finances pour le groupe LaREM, puis le hasard l’a conduit à devenir conseiller législatif pour la commission des lois. Ses connaissances juridiques alliées à une insatiable curiosité lui ont permis de devenir expert du régalien pour le Gouvernement. Mais, il ne souhaite pas s’arrêter là, car ce qui le fait avancer professionnellement, c’est la passion pour une tâche ou une fonction et l’intérêt général. Comme il le précise : « Je ne veux pas me sentir bien, mais utile dans mon métier. Mon moteur, ce n’est pas le pouvoir, mais l’intérêt général ». En juin 2024, il a donc quitté le milieu politique pour retourner vers le Droit afin de se concentrer sur les contentieux émergents, proposer une polyvalence dans le conseil pour les entreprises privées comme publiques et leur apporter une vision globale.

Ce que le droit lui a permis : « Mes connaissances juridiques m’ont permis de faire la différence et de me sentir utile ».

L’une des 3 conférences sur ce thème, lors des RDV des Transformations du droit 2024.

Laurie David Henric : Legalops

Son parcours : Laurie David Henric a suivi d’abord un parcours "classique" de juriste en entreprise qui a évolué vers un poste de dirigeante de son service, en France. « Et en 2015 j’ai eu l’opportunité de partir à Toronto, où je suis finalement restée près de 10 ans. J’ai fait de la gestion de projets, de la création de fonctions notamment et cela m’a conforté dans le fait que j’aime l’opérationnel. J’aime le droit mais je préfère aider les autres à le pratiquer !
J’ai fait des recherches et j’ai découvert la fonction de "legal operations", en découvrant notamment une vidéo du CLOC (Corporate Legal Operations Consortium). J’ai découvert que sans le savoir, je faisais du legal operations
. »
C’est sous cette fonction de "legal ops" que Laurie est revenue travailler en Europe, pour une biotech. »
Laurie témoigne que le "mindset" est largement différent entre l’Europe et l’Amérique du Nord : « Business is business ! Il faut chercher une meilleur façon de travailler, de façon plus opérationnelle. Or comme les juristes n’ont pas le temps pour cela, les américains ont créé le métier pour ça, le legal ops, et les formations qui vont avec pour conduire cette gestion du changement. »

Ce que le droit lui a appris : "Le droit m’a apporté la rigueur et l’esprit d’analyse".

Hugues Martin : Directeur du programme de convergence des outils pénaux pour le ministère de la Justice

Son parcours : comme il le dit lui-même, il n’est pas passé par la case étude de Droit. C’est même un domaine qui lui était totalement inconnu. Intéressé par l’univers des PME, il s’est orienté vers le commerce et le numérique en passant par le lobbying. Il a ensuite fait une carrière dans le privé au service du public ; le numérique étant une plus-value pour le service public, qui a permis de résoudre des problématiques présentes depuis de nombreuses années. En 2012, il est embauché par le ministère de la Justice pour développer le numérique au sein de l’administration pénitentiaire. Actuellement, il dirige, toujours pour ce ministère, le programme de convergence des outils pénaux.
Conduire des projets dans le secteur public est très difficile, mais pas impossible. Cela vaut la peine de déployer de tels efforts, car une fois aboutis, ces projets sont pérennes.
Tout au long de sa carrière, pour mieux comprendre les attentes des juristes avec lesquels il travaillait au quotidien et aussi pour rendre la transformation numérique efficiente, il s’est formé au droit. Il y a découvert une matière passionnante.

Ses conseils : « Quel que soit le cheminement, il faut trouver un métier qui passionne. Mon parcours professionnel m’a appris qu’il n’était pas nécessaire (ou pas toujours possible) d’anticiper, par contre il faut être hyper adaptable ; être non spécialisé est une qualité très rare ».

L’une des 3 conférences sur le sujet est à écouter en intégralité ici, avec d’autres profils :

Rédaction du Village de la Justice.

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