Cet article a été rédigé dans le cadre d’une thèse de doctorat en cours au Cnam de Paris [1], articulant psychologie du travail et ergonomie. Cette recherche porte sur les transformations digitales du travail d’agents d’une administration publique, en cherchant à questionner les incidences en termes de santé au travail des agents de ces profondes mutations technologiques d’un service public.

Plus précisément, nous nous intéressons ici à l’activité de travail digitalisée des agents des cours et tribunaux français. Dans la lignée de l’ergonomie, par « activité » ou « travail réel », nous entendons ce que les professionnels font réellement au quotidien, pour répondre aux attendus du travail, bien au-delà des consignes qui leur sont données.

(De gauche à droite) Noëmie Morvan, Marc-Éric Bobillier Chaumon et Corinne Gaudart

Pour comprendre les enjeux de la « transformation numérique » de cette administration publique, du point de vue de l’activité des agents en juridiction, il nous semble utile de revenir sur les étapes de l’histoire récente de l’informatisation du travail, chacune porteuse d’évolutions spécifiques. Chaque période témoigne d’une attention plus ou moins forte accordée aux utilisateurs, à leur métier, à leur activité de travail et les modalités de recueil de leurs « besoins » ont évolué. Les professionnels sont plus ou moins impliqués dans la conception informatique, et cela questionne les conditions mises en œuvre pour susciter leur participation effective, dans cette administration comme dans les autres.

Nous présenterons quatre moments qui semblent particulièrement marquants : le développement de l’informatique, les questions posées par la dématérialisation, la complexité du numérique et les nouveaux enjeux de la digitalisation. Nous chercherons à mettre en lumière certains enjeux de l’activité au cours de ces transformations successives. Cependant, en préambule, il nous parait fondamental de rappeler que derrière les différents termes utilisés, la réalité tangible reste l’informatique, technologie sous-jacente dont sont encore et toujours issus les outils matériels et logiciels utilisés pour travailler.

Plan

 À l’origine : l’informatisation des activités de travail.

 Quid de l’activité humaine dans la dématérialisation ?

 L’irruption du numérique et de sa complexité dans l’activité de travail

 La digitalisation : quelle mobilisation des utilisateurs ?

 De l’informatisation à la digitalisation : enjeux temporels de la participation.

Retrouvez l’intégralité de l’étude dans ce PDF.

Noëmie Morvan, Doctorante en psychologie du travail - Cnam/ Laboratoire CRTD Marc-Éric Bobillier Chaumon, Professeur Titulaire de Chaire en Psychologie du Travail - Cnam / Laboratoire CRTD et Corinne Gaudart, Directrice de recherche au CNRS et membre du Gis Creapt.

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).