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Les limites du droit au remboursement des victimes d’escroquerie bancaire. Par Yassin Jarmouni, Avocat.
Parution : lundi 10 février 2025
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En cas de paiement frauduleux autorisé par une banque, il existe un conflit entre le devoir de vigilance des établissements de crédit et l’obligation de diligence de leurs clients. Dans des nombreux cas, les banques ou "prestataires de services de paiement du payeur" pourront écarter leur responsabilité si le client est négligent et commet une faute, même lorsqu’ils sont victimes d’escroquerie.
La Cour de cassation rappelle dans deux arrêts de principe très récents rendus le 15 janvier 2025 (Cour de cassation Pourvoi n° 23-13.579 et Cour de cassation Pourvoi n° 23-15.437), que c’est le cas lorsque les clients fournissent à la banque un identifiant bancaire du bénéficiaire du paiement erroné.

Cadre légal.

La Directive sur les services de paiement (Directive (UE) 2015/2366) a consacré au niveau européen un droit de chargeback, aussi appelé rétrofacturation, qui permet aux clients d’obtenir un remboursement s’ils sont victimes d’escroquerie. Cependant, la transposition de cette directive dans le Code Monétaire et financier par une loi du 16 août 2022 a instauré un nouveau cadre légal en France, qui est plus favorable pour les prestataires de services de paiement (ci-après les banques) :

La communication d’un RIB [1] ou IBAN [2] erroné par le client est considéré une négligence grave.

Pour établir si le client a un droit au remboursement ou chargeback, il faut analyser chaque cas particulier et vérifier si la banque ne peut pas invoquer une négligence grave de son client pour échapper à cette obligation. Deux arrêts de principe rendus par la Cour de cassation récemment montrent que le niveau de diligence attendue des clients est élevé.

Dans les deux affaires, La Cour de cassation applique strictement l’article L133-21 et écarte complètement le devoir de vigilance de la banque de droit commun. Elle considère que le client ne peut plus s’excuser sur une faute de la banque à partir du moment où celui-ci fournit un mauvais IBAN du bénéficiaire du paiement.

Un régime de responsabilité plus défavorable pour les consommateurs.

Ces décisions rappellent la primauté de ce régime de responsabilité harmonisé au niveau européen par la Directive qui « ne saurait être concurrencé par un régime alternatif de responsabilité prévu dans le droit national reposant sur les mêmes faits » [5].

Il sera dorénavant plus compliqué pour les clients des établissements de crédit de faire valoir leur droit au remboursement lorsqu’ils sont victimes d’escroquerie.

Les banques demeureront responsables dans d’autres hypothèses, par exemple en cas d’erreur informatique non imputable au client ou de vol de carte bancaire mais ceux-ci sont tenus désormais à une obligation stricte de diligence. Pour les sociétés cela se traduit aussi par un niveau plus élevé de conformité aux normes de sécurité informatique.

Yassin Jarmouni Avocat au Barreau de Nîmes www.jarmouni-avocat.fr

[1Relevé d’Identité Bancaire.

[2International Bank Account Number/identifiant bancaire.

[3Article 1147 Code civil.

[4Article L133-16 du Code Monétaire et financier.

[5Jurisprudence de la CJUE : Beobank 16 mars 2023 (C-351/21) et CRCAM 2 septembre 2021 (C-337/20).

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