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Décision du Conseil constitutionnel du 24 janvier 2025 suite à une QPC : une avancée pour les droits fondamentaux des agents publics. Par Gildas Neger, Docteur en Droit.
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Parution : jeudi 27 février 2025
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Le litige ayant conduit à la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) n° 2024-1120, posée par M. Yenad M., portait sur l’application de l’article L124-20 du Code général de la fonction publique. Cet article, dans sa rédaction issue de l’ordonnance n° 2021-1574 du 24 novembre 2021, prévoyait une interdiction automatique de recrutement pendant trois ans pour un agent contractuel en cas de non-respect d’un avis rendu par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
M. Yenad M., agent contractuel concerné par cette disposition, s’est vu notifier une interdiction de recrutement suite à un avis d’incompatibilité ou de compatibilité avec réserves émis par la HATVP. Il a contesté cette sanction devant une juridiction administrative, arguant qu’elle portait atteinte à ses droits fondamentaux en raison de son caractère automatique et disproportionné. Il a notamment invoqué une violation des principes d’individualisation et de proportionnalité des peines garantis par l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Dans le cadre de ce litige, M. Yenad M., représenté par ses avocats, a soulevé une QPC devant le tribunal administratif compétent. Cette QPC a été transmise au Conseil d’État, qui, après examen, a jugé qu’elle remplissait les critères requis (sérieux, nouveauté et applicabilité au litige). Le Conseil d’État a donc renvoyé la question au Conseil constitutionnel le 25 octobre 2024.
Le cœur du litige résidait dans le fait que l’interdiction automatique prévue par l’article L124-20 ne permettait pas à l’administration d’évaluer les circonstances spécifiques à chaque cas ni d’adapter la sanction en conséquence. Cette rigidité a été perçue comme une atteinte excessive aux droits fondamentaux des agents publics concernés.
Cette situation a conduit le Conseil constitutionnel à déclarer ces dispositions contraires à la Constitution dans sa décision rendue le 24 janvier 2025.
Le Conseil constitutionnel a jugé que les dispositions contestées du code général de la fonction publique (article L124-20) étaient contraires à la Constitution pour les raisons suivantes :
Pour éviter des conséquences excessives, le Conseil a décidé :
La déclaration d’inconstitutionnalité s’applique aux affaires non définitivement jugées à la date de publication de la décision (24 janvier 2025). Elle garantit ainsi que les justiciables concernés bénéficieront immédiatement des effets de cette décision.
En conclusion, cette décision illustre le rôle fondamental du Conseil constitutionnel dans la protection des droits fondamentaux tout en prenant en compte les impératifs pratiques liés à l’application des lois. Elle marque également un rappel important au législateur sur la nécessité d’élaborer des dispositions respectueuses des principes constitutionnels.
Gildas Neger Docteur en Droit PublicL'auteur déclare ne pas avoir utilisé l'IA générative pour la rédaction de cet article.
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