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L’euro numérique et ses répercussions sur les opérations des entreprises en Europe. Par Inas Serhrouchni, Élève-Avocat.
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Parution : jeudi 20 mars 2025
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Alors que l’innovation numérique redéfinit le paysage financier mondial, l’euro numérique se présente comme un levier de transformation majeur pour la zone euro. Porté par la Banque Centrale Européenne (BCE), ce projet vise à créer une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) destinée à coexister avec les espèces et les dépôts bancaires. Conçu pour moderniser les infrastructures de paiement tout en renforçant la souveraineté monétaire européenne, l’euro numérique soulève toutefois des enjeux cruciaux en matière de droit des sociétés, de gouvernance d’entreprise et de conformité réglementaire.
L’article analyse sous l’angle du droit des affaires l’impact potentiel de l’euro numérique sur la gouvernance et les opérations des entreprises, en explorant les implications réglementaires et stratégiques de son adoption.
Au-delà de ses avantages en termes de rapidité et d’inclusion financière, l’introduction de l’euro numérique pourrait transformer les transactions d’entreprise, qu’il s’agisse d’augmentations de capital, de fusions-acquisitions ou de restructurations.
Toutefois, cette mutation pose des défis juridiques majeurs, notamment en matière de conformité aux réglementations européennes et de sécurité des transactions.
La BCE définit l’euro numérique comme une forme digitale de la monnaie centrale, offrant les mêmes garanties que les espèces (cours légal, accessibilité) tout en intégrant des fonctionnalités technologiques avancées telles que :
Contrairement aux crypto-actifs privés qui sont décentralisés, l’euro numérique reste contrôlé par la Banque centrale et relève d’un cadre règlementaire étroitement encadré par les institutions européennes, visant à préserver la souveraineté monétaire et à garantir l’interopérabilité des moyens de paiement dans l’ensemble de la zone euro.
L’euro numérique pourrait réduire considérablement les délais de paiement dans le cadre des opérations financières des entreprises.
Par exemple, dans le cadre d’une augmentation de capital, le transfert de fonds via un Portefeuille numérique, permettrait d’accélérer la libération des apports en numéraire, évitant les délais habituels des procédures bancaires puisque les fonds seraient disponibles instantanément.
De même, pour les opérations de fusions-acquisitions transfrontalières et de Cash pooling, les règlements sécurisés et immédiats contribuerait à améliorer la gestion de trésorerie et à optimiser la fluidité des transactions intra-groupes.
Toutefois, cette standardisation devra être cohérente avec les législations nationales sur les délais de paiement (Directive 2011/7/UE).
L’euro numérique ouvre la voie à l’utilisation de smart contracts pour automatiser certaines obligations contractuelles, ce qui présente des avantages non négligeables en termes de transparence et d’efficacité opérationnelle.
Exemple :
Lors d’une opération de réduction de capital, un smart contract pourrait être programmé pour déclencher automatiquement le remboursement des actionnaires dès que les conditions statutaires prédéfinies sont remplies.
L’intégration potentielle de smart contracts dans les flux de trésorerie des entreprises pourrait accélérer les transactions, mais aussi complexifier leur encadrement juridique :
Ces exemples illustrent concrètement comment l’automatisation peut simplifier certaines opérations, tout en mettant en exergue la nécessité d’un encadrement juridique adapté pour éviter tout litige.
L’euro numérique s’inscrit dans un environnement réglementaire évolutif, marqué par plusieurs instruments clés :
L’adoption de l’euro numérique implique plusieurs ajustements pratiques pour les entreprises :
Le Digital Operational Resilience Act (DORA), est un autre pilier du cadre réglementaire qui s’appliquera aux acteurs financiers.
DORA impose :
L’euro numérique constitue une avancée technologique majeure qui pourra transformer les opérations financières des entreprises européennes. Toutefois, sa mise en œuvre soulève des défis juridiques et stratégiques.
Pour les acteurs économiques, l’enjeu résidera dans leur capacité à intégrer ces innovations sans compromettre la conformité. Les entreprises qui sauront anticiper ces mutations en révisant leurs statuts, en renforçant leur gouvernance cyber et en collaborant avec des experts FinTech transformeront cette contrainte réglementaire en avantage concurrentiel. L’euro numérique n’est pas seulement un outil de paiement : c’est un catalyseur pour repenser la stratégie financière à l’ère digitale.
L'auteur déclare ne pas avoir utilisé l'IA générative pour la rédaction de cet article.
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