Village de la Justice www.village-justice.com

Qui est complice en droit pénal ? Par Avi Bitton et Lois Pamela Lesot, Avocats.
Parution : mardi 22 avril 2025
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/qui-est-complice-droit-penal,53141.html
Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

Qui est considéré comme complice selon le Code pénal ?
Quels sont les actes de complicité ?
Quelle est la sanction encourue par le complice ?

Par définition, le complice n’est pas celui qui commet l’infraction.

Pour autant, le Code pénal dispose que le complice sera puni des mêmes peines que celles encourues par l’auteur principal de l’infraction.

1. Quels sont les conditions de la complicité ?

Pour être reconnu comme complice en droit français, trois éléments sont nécessaires.

1.1. Un fait principal punissable.

Le fait principal punissable peut être un crime, un délit ou une contravention, la seule exception étant que la complicité par aide ou assistance ne peut se faire que pour un crime ou un délit.

L’infraction peut être consommée ou tentée. Elle peut être volontaire ou involontaire.

Par exemple :

Le fait doit être punissable, mais non nécessairement sanctionné. Il ne peut donc pas y avoir complicité quand :

En revanche, l’auteur principal n’a pas besoin d’avoir été réellement sanctionné.

1.2. L’acte matériel de complicité.

(1) La complicité par aide ou assistance.

Selon l’article 121-7, al.1 du Code pénal,

« est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation ».

Il faut alors un acte matériel ou moral, c’est-à-dire, en principe, un acte positif et non une simple abstention.

Par exemple, l’individu qui procure l’arme ayant servi au fait principal en sachant qu’elle allait y servir [3], ou le surveillant pénitentiaire qui avertit un détenu d’une fouille à venir afin qu’il puisse dissimuler des objets détenus illicitement [4], ou encore le maire qui fait pression sur un administré pour qu’il renonce à vendre un terrain à une personne de la communauté des gens du voyage peut être reconnu complice d’un délit de discrimination [5].

Au contraire :

Néanmoins, par exception, l’abstention peut constituer une aide ou une assistance si :
i) Cette omission constitue un encouragement, par exemple lorsque l’individu qui s’abstient possède une autorité morale sur le responsable, à condition que cet individu soit présent sur les lieux ;
ii) Cette omission est faite par une personne ayant un devoir juridique d’agir, notamment en raison de sa profession.

A titre d’exemple :

Il n’est pas nécessaire que l’aide ou l’assistance ait été indispensable. Il n’est pas non plus nécessaire que l’aide ou l’assistance ait été utile matériellement, il suffit que cette aide ou assistance ait conforté le responsable dans son choix d’action.

Enfin, l’aide ou l’assistance doit intervenir avant ou pendant l’infraction. Les actes postérieurs à l’infraction ne sont punissables que s’il y a eu un accord antérieur ou s’ils révèlent un acte antérieur constitutif de complicité.

A titre d’exemple, celui qui aide les auteurs d’un vol dans leur fuite peut être considéré comme leur complice si cette aide a été convenue par un accord antérieur au délit [11].

(2) La complicité par instigation (provocation ou fourniture d’instruction).

Selon l’article 121-7, al.2 du Code pénal,

« est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre ».

La provocation est le fait de peser sur la volonté de l’auteur de l’infraction au point de le déterminer à faire l’infraction : don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir.

La provocation doit être circonstanciée (avec des moyens, dits adminicules), déterminée, directe, personnelle, et en principe suivie du fait principal punissable.

Par exemple, se rend coupable de complicité par provocation celui qui promet un repas ou de l’argent à l’ouvrier d’une usine pour l’inciter à y mettre le feu [12].

En revanche, n’est pas complice par provocation le passager d’un véhicule ayant donné l’ordre au conducteur, qui n’était pas son subordonné, de prendre la fuite [13] : la provocation doit être accompagnée de circonstances qui la renforcent comme un don, une promesse, une menace, un abus d’autorité ou de pouvoir.

La fourniture d’instruction n’a pas besoin d’être circonstanciée, mais doit être suffisamment précise et doit être personnelle, même s’il est possible de passer par un tiers : c’est le fait de fournir des renseignements nécessaires à la réalisation de l’infraction.

3) L’élément intentionnel.

Concernant l’élément moral, la négligence ne suffit pas, il faut i) une connaissance de l’acte criminel projeté et ii) une conscience de s’assimiler à cet acte.

A titre d’exemple :

2. Quelles sont les sanctions de la complicité ?

Selon l’article 121-6 du Code pénal, le complice sera puni comme auteur. Il s’expose donc théoriquement aux mêmes peines.

Ainsi, le fait qu’une personne soit auteur principal ou complice d’une infraction n’a pas d’incidence sur les peines encourues.

Le complice est considéré comme un auteur, mais non comme l’auteur. Cela signifie que :

Enfin, le fait d’être complice d’une tentative de crime ou délit est punissable. En revanche, le fait de tenter d’être complice n’est pas sanctionnable.

Avi Bitton, Avocat au Barreau de Paris et Ancien Membre du Conseil de l’Ordre, et Lois Pamela Lesot, Avocate Site: [->https://www.avibitton.com]

[1Crim. 27 nov. 2018, n°17-82.773.

[2Crim 13 sept. 2016, n°15-85.046.

[3Crim. 17 mai 1962, n°94-44.861.

[4Crim. 5 juin 2019, n°18-80.783.

[5Crim. 28 nov. 2006.

[6Crim. 15 jan. 1948.

[7Crim. 21 oct. 1948.

[8Crim. 28 mai 1980.

[9Crim. 15 janvier 1979, Bull. crim. n°21 ; Crim. 25 févr. 2004, n°03-81.173.

[10Crim. 26 mars 1992.

[11Crim. 30 avril 1963, Bull. Crim n°157.

[12Crim. 24 juill. 1985.

[13Crim. 21 sept. 1994.

[14Bourges, 17 mai 1963 ; Nevers, 8 mai 1964.

[15Crim 10 nov. 2009, Bull. crim. 188.

L'auteur déclare ne pas avoir utilisé l'IA générative pour la rédaction de cet article.

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).