Village de la Justice www.village-justice.com

Tout savoir sur la prestation compensatoire. Par Clémence Bonnet, Avocat.
Parution : mercredi 23 avril 2025
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/tout-savoir-sur-prestation-compensatoire,53148.html
Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

La prestation compensatoire vise à compenser la différence de niveau de vie créée entre les époux dans le cadre d’un divorce.
Si vous êtes concerné par une procédure de divorce ou si vous envisagez d’en entamer une, il est primordial de comprendre ce dispositif qui peut avoir des conséquences financières importantes sur votre avenir.

1. Qu’est-ce que la prestation compensatoire ?

Définition juridique.

La prestation compensatoire est une somme d’argent versée par un époux à l’autre dans le cadre d’une procédure de divorce afin de compenser la disparité des niveaux de vie entre les époux.

Contrairement à une pension alimentaire, la prestation compensatoire n’est pas destinée à subvenir aux besoins quotidiens mais à rééquilibrer les situations économiques des ex-époux après le divorce. Elle est en principe forfaitaire et définitive.

Finalité et objectifs.

L’objectif principal de la prestation compensatoire est de corriger le déséquilibre économique créé par le divorce.
Elle vise notamment à compenser :

2. Qui peut bénéficier d’une prestation compensatoire ?

Conditions d’attribution

Pour pouvoir prétendre à une prestation compensatoire, plusieurs conditions doivent être réunies :

3. Une prestation compensatoire est-elle envisageable dans tous les types de divorce ?

Une prestation compensatoire peut être versée quelle que soit la procédure de divorce.

Spécificité du divorce amiable.

Depuis la loi du 18 novembre 2016, les époux peuvent divorcer sans l’intervention du juge.
Dans ce cadre, les époux négocient librement le montant et les modalités de la prestation compensatoire.

Spécificité du divorce pour faute.

Le juge peut refuser d’octroyer une prestation compensatoire si le divorce est prononcé aux torts exclusifs de celui qui demande la prestation compensatoire (mise en danger financière du ménage, abandon d’un époux malade, violences conjugales, etc).

4. Comment est calculée la prestation compensatoire ?

Critères d’évaluation.

Pour déterminer le montant de la prestation compensatoire, le juge prend notamment en compte :

Cette liste n’est pas exhaustive, et le juge peut considérer d’autres éléments pertinents pour évaluer la disparité créée par le divorce.

Méthodes de calcul.

Il n’existe pas de barème officiel ou de formule mathématique pour calculer précisément la prestation compensatoire [1].
Les juges procèdent à une appréciation au cas par cas.

Cependant, des méthodes de calcul indicatives se sont développées dans la pratique judiciaire. Elles prennent généralement en compte :

Ces méthodes ne sont qu’indicatives et n’engagent pas les juges.

5. Quelles sont les formes de paiement de la prestation compensatoire ?

Le principe : le versement en capital.

Le principe est que la prestation compensatoire prend la forme d’un capital versé en une seule fois. Ce capital peut être une somme d’argent ou l’attribution d’un bien (immobilier par exemple).

Le versement en capital présente l’avantage de régler définitivement les conséquences financières du divorce et d’éviter des relations financières prolongées entre les ex-époux.

Le juge peut autoriser un paiement échelonné sur une période maximale de 8 ans.

L’échelonnement permet d’alléger la charge immédiate tout en garantissant au créancier le versement de la prestation compensatoire à terme.

L’exception : la rente viagère.

À titre exceptionnel, lorsque l’âge ou l’état de santé de celui qui perçoit la prestation compensatoire le justifie, le juge peut fixer la prestation compensatoire sous forme de rente viagère. Cette rente peut être révisée, suspendue ou supprimée en cas de changement important dans les ressources ou les besoins des parties.

La rente viagère est indexée sur un indice clairement défini (généralement l’indice des prix à la consommation) pour maintenir son pouvoir d’achat.

6. Est-il possible de faire appel d’un jugement statuant sur la prestation compensatoire ?

Principes généraux.

Il est possible de faire appel de la décision statuant sur la prestation compensatoire.

L’appel doit être formé dans un délai d’un mois à compter de la notification du jugement. Il est obligatoire de faire appel à un avocat dans le cadre de cette procédure.

En principe, l’appel est suspensif, ce qui signifie que la prestation compensatoire n’a pas à être versée tant que la Cour d’appel n’a pas statué. Toutefois, le juge de première instance peut ordonner l’exécution provisoire de certaines mesures, notamment lorsqu’il existe un risque pour le bénéficiaire de la prestation compensatoire.

Conseils pratiques.

Si vous envisagez de faire appel d’une décision relative à la prestation compensatoire :

7. La prestation compensatoire peut-elle être révisée ?

En principe, la prestation compensatoire ne peut pas être révisée.
3 exceptions existent :

8. Les 5 chiffres clés sur la prestation compensatoire.

Source : Infostat Justice n° 144, septembre 2016, sur les décisions de justice rendues en 2013, dernière étude en date

9. Questions fréquentes sur la prestation compensatoire.

Peut-on renoncer à la prestation compensatoire ?

Oui, il est possible de renoncer à la prestation compensatoire. Cette renonciation doit être claire et non équivoque. Elle peut être inscrite dans la convention de divorce par consentement mutuel ou exprimée devant le juge dans le cadre d’un divorce contentieux.

Que se passe-t-il en cas de décès ?

En cas de décès du débiteur, le paiement de la prestation compensatoire est prélevé sur la succession, dans la limite de l’actif successoral. Les héritiers ne sont pas tenus personnellement au-delà de ce qu’ils reçoivent dans la succession.
Si la prestation était versée sous forme de rente, les héritiers peuvent demander sa conversion en capital.

Prestation compensatoire et pension alimentaire : quelle différence ?

La prestation compensatoire et la pension alimentaire sont deux mécanismes distincts :

Ces deux obligations peuvent coexister dans un même divorce.

Que faire en cas de non-paiement de la prestation compensatoire ?

Face à un défaut de paiement de la prestation compensatoire, le créancier dispose de plusieurs voies de recours :

- Recourir à un commissaire de justice (anciennement huissier de justice) : Le jugement de divorce ou la convention homologuée constitue un titre exécutoire. Un huissier peut donc être mandaté pour procéder au recouvrement forcé par différents moyens :

- Engager la responsabilité pénale du débiteur : le non-paiement d’une prestation compensatoire peut constituer le délit d’abandon de famille, puni de 2 ans d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.

Dans tous les cas, il est recommandé d’agir rapidement face à un impayé et de consulter un avocat pour déterminer la stratégie la plus adaptée à votre situation particulière.

Conclusion.

La prestation compensatoire est un mécanisme complexe, mais essentiel pour garantir l’équité financière entre les époux après un divorce. Son montant et ses modalités de versement doivent être adaptés à chaque situation particulière.

Clémence Bonnet, Avocat, Barreau de Paris Paloma Avocat https://www.paloma-avocat.com/

[1Vous avez la possibilité de simuler votre situation sur le simulateur du site paloma-avocat.com.

L'auteur déclare avoir en partie utilisé l'IA générative pour la rédaction de cet article (recherche d'idées, d'informations) mais avec relecture et validation finale humaine.

Cet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).