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Construire en toute légalité : quelle autorisation d’urbanisme pour quel projet de construction ? Par Antoine de Griève, Elève-Avocat.
Parution : mardi 10 juin 2025
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Vous avez un projet de construction en tête et vous ne savez pas comment procéder face à la complexité du droit ? Cet article vous aide à faire un point sur les différentes autorisations d’urbanisme en fonction de l’avancement, de l’envergure et de la complexité de votre projet.

Avant de commencer un projet de construction, il faut bien distinguer les différents domaines du droit applicables aux projets de construction :

Il s’agit ici d’aborder uniquement le droit de l’urbanisme : en effet toute autorisation d’urbanisme est délivrée sous réserve du droit des tiers, de telle sorte que votre projet peut toujours être remis en cause par des tiers sur le fondement de ces autres domaines du droit.

En tout état de cause, la délivrance d’une autorisation d’urbanisme est un préalable nécessaire à tout projet de construction puisque son absence est susceptible de poursuites administratives voire pénales (Articles L480-1 et suivants du Code de l’urbanisme).

I) Les certificats d’urbanisme pour sécuriser la faisabilité d’un projet.

Avant toute demande d’autorisation, le certificat d’urbanisme permet de vérifier les règles applicables au terrain et la faisabilité de votre projet.
Il ne s’agit donc pas d’une véritable autorisation mais plutôt d’une "pré-autorisation"

Note d’attention : un certificat d’urbanisme n’est pas une autorisation de construire. Il ne garantit pas l’acceptation future d’un permis, mais permet de connaître le cadre juridique applicable.

1.1 Le certificat d’information (CUa) pour connaître le potentiel d’un terrain.

Le certificat d’urbanisme d’information (Article L410-1 a) du Code de l’urbanisme) renseigne sur les règles d’urbanisme applicables (zonage, servitudes), les participations et les taxes à prévoir. Il ne constitue pas une autorisation.
La seule formalité est d’adresser à la mairie une demande de certificat à laquelle est jointe un plan de situation du terrain considéré (ensemble des parcelles) [1].
La mairie dispose d’un mois pour répondre à la demande [2].

Ainsi, si vous n’avez pas de projet de construction précis mais que vous souhaitez connaître les possibilités d’un terrain au regard des dispositions d’urbanisme, le certificat d’information est l’outil adapté.

1.2 Le certificat opérationnel (CUb) pour s’assurer de la faisabilité d’un projet.

Le certificat d’urbanisme opérationnel (Article L410-1 b) du Code de l’urbanisme) indique si un projet précis peut être réalisé.
Il est donc nécessaire de préciser dans la demande adressée à la mairie du terrain considéré [3] :

Le délai d’instruction est de 2 mois [4].
Il gèle les règles d’urbanisme pendant 18 mois [5], protégeant ainsi le projet de tout changement de ces règles.

Dès lors, si vous avez un projet de construction précis et que vous souhaitez savoir s’il est possible de le réaliser sur un terrain donné, le certificat pré-opérationnel est particulièrement indiqué pour sécuriser votre projet.

Exemple : vous envisagez un terrain en zone agricole - un CUa vous dira s’il est constructible, un CUb vous indiquera la faisabilité d’une maison de 120 m².

II) La déclaration préalable : pour les projets de petite envergure.

Autorisation concernant les petits projets, la déclaration préalable consiste comme son nom l’indique en une déclaration à l’administration d’un projet de construction de petite envergure.
De ce fait, en l’absence d’opposition de l’administration dans un délai d’un mois [6], le projet est ainsi autorisé de manière tacite.

La déclaration préalable concerne différents types de chantiers : les travaux sur constructions existantes, les constructions nouvelles mais également les constructions temporaires.

2.1 Les travaux ou changements de destination sur constructions existantes.

L’obligation de déclaration préalable concerne les travaux sur des constructions existantes (Article R421-17 du Code de l’urbanisme) :

2.2 Les constructions nouvelles.

La partie réglementaire du Code de l’urbanisme liste également les constructions nouvelles soumises à déclaration préalable (Articles R421-9 à R421-12 du Code de l’urbanisme) :

Il convient également de mentionner les clôtures, qui peuvent être soumises à une obligation de déclaration préalable si la commune ou l’établissement public de coopération intercommunale (communauté de communes, communauté d’agglomération…) compétent en matière d’urbanisme a décidé d’instaurer une telle obligation (Article R421-12 du Code de l’urbanisme).

2.3 Les constructions temporaires.

Le Code de l’urbanisme prévoit que sont dispensées de toute formalité les constructions temporaires implantées pour une durée n’excédant pas 3 mois (Article R421-5 du Code de l’urbanisme).
En outre, cette durée peut être portée à des durées plus longues dans des cas énumérés :

2.4 Le cas particulier des sites protégés au titre du patrimoine ou de l’environnement.

Enfin, le Code de l’urbanisme (Article R421-11 du Code de l’urbanisme) s’avère plus strict concernant les constructions projetées dans des sites protégés au titre du patrimoine ou de l’environnement, notamment :

Les clôtures sont également visées par cette obligation de déclaration préalable dans ces secteurs protégés (Article R421-12 du Code de l’urbanisme).

Ainsi, si votre projet consiste en une modification mineure d’une construction ou en la réalisation d’une construction limitée ou temporaire, la déclaration préalable sera l’autorisation adéquate.

III) Le permis de construire : l’autorisation de droit commun.

3.1 Autorisation par défaut.

Le Code de l’urbanisme définit le permis de construire comme l’autorisation d’urbanisme par défaut : toute construction, même ne comportant pas de fondations, doivent être précédées de la délivrance d’un permis de construire (Article L421-1 du Code de l’urbanisme).

En outre, même certains travaux sur constructions existantes à l’exception des travaux d’entretien ou de réparations ordinaires, nécessitent un permis de construire (Article R421-14 du Code de l’urbanisme) :

En ce qui concerne le contenu du dossier de demande de permis de construire, il est nécessaire de fournir (Article R431-7 du Code de l’urbanisme) :

Le délai d’instruction d’une demande de permis de construire est de 2 mois (Article R423-23 B)), ce délai pouvant être majoré d’un ou 2 mois en cas de classement ou de consultation nécessaire (Articles R423-24 à 423-33). En l’absence de réponse dans ce délai, il vous est possible de demander la production d’un certificat de permis tacite auprès de la mairie.

La durée de validité du permis de construire est de trois ans si les travaux ne sont pas entrepris (Article 424-17 du Code de l’urbanisme).

Un décret (Décret n°2025-461 du 26 mai 2025 prorogeant le délai de validité des autorisations d’urbanisme) récent a porté de manière exceptionnelle et automatique cette durée de validité à 5 ans pour les autorisations délivrées entre le 28 mai 2022 et le 28 mai 2024.

Il faut également évoquer le cas particulier des reconstructions à l’identique puisqu’elles peuvent être autorisées dans un délai de dix ans à partir de la destruction ou de la démolition, sauf dispositions contraires (Article L111-15 du Code de l’urbanisme).

3.2 Le permis modificatif.

Si vous envisagez d’apporter des modifications au projet initial autorisé par un permis de construire, il est toujours possible de demander un permis de construire modificatif.

Il faut ici souligner que le juge administratif admet des modifications de plus en plus grandes, tant que ces dernières ne portent pas « bouleversement » du projet initial (CAA Lyon, 18 avril 2023, n°21LY03879, Conseil d’Etat, 26 juillet 2022, n°437765).

En outre, si la régularité de votre projet est remise en cause sur des points précis devant le tribunal administratif, il est toujours possible de régulariser d’éventuels vices du permis délivré en régularisant votre projet au moyen d’un permis modificatif (Articles L600-5 et L600-5-1 du Code de l’urbanisme).

3.3 Le permis de démolir.

Le permis de démolir est également une autorisation d’urbanisme qui peut être exigée dans des situations distinctes :

Il sera dès lors nécessaire, si votre projet comprend la démolition d’une construction, de bien vérifier si le permis de démolir est exigé sur votre commune.

Pour ce faire, il est possible de consulter les délibérations de votre commune ou d’interroger directement cette dernière.

IV) Le permis d’aménager pour les projets relativement complexes.

Le permis d’aménager est requis, par exception au permis de construire (Article L421-2 du Code de l’urbanisme et (Article R421-19 du Code de l’urbanisme), pour :

Il faut souligner que si l’aménagement comprend des constructions ou des installations diverses [7], ou qu’il s’agit tout simplement d’un lotissement [8], le recours à un architecte est obligatoire.

Le délai d’instruction d’une demande de permis d’aménager est de 3 mois (Article R423-23 c)), ce délai pouvant être majoré d’un ou 2 mois en cas de classement ou de consultation nécessaire (Articles R423-24 à 423-33).
Comme pour le permis de construire, la durée de validité du permis d’aménager est de 3 ans si les travaux ne sont pas entrepris (Article R424-17 du Code de l’urbanisme).
Un décret (Décret n°2025-461 du 26 mai 2025 prorogeant le délai de validité des autorisations d’urbanisme) récent a porté de manière exceptionnelle et automatique cette durée de validité à 5 ans pour les autorisations délivrées entre le 28 mai 2022 et le 28 mai 2024.

Si votre projet consiste en des aménagements relativement complexes répondant aux critères posés par le Code de l’urbanisme, le permis d’aménager est donc l’autorisation d’urbanisme adéquate.

En résumé : quel que soit l’état d’avancement de votre projet, son envergure ou sa complexité, il y a nécessairement une autorisation d’urbanisme adaptée qui sera nécessaire pour prévenir tout risque de poursuites administratives ou pénales.

Vous trouverez l’ensemble des informations nécessaires dans le tableau récapitulatif ci-après :

Tableau récapitulatif
AutorisationQuand la demander ?Surface concernée / cas d’usagePièces principales à fournirDélai d’instructionDurée de validitéRéférences légales ou réglementaires
Certificat d’information (CUa) Pour connaître les règles d’urbanisme applicables à un terrain Aucun projet précis Plan de situation 1 mois - L410-1 a, R410-1, R410-9
Certificat opérationnel (CUb) Pour vérifier si un projet peut être réalisé sur un terrain donné Projet de construction précis Plan de situation, note descriptive, implantation approximative 2 mois Gèle les règles 18 mois L410-1 b, R410-1, L410-1-1
Déclaration préalable (DP) Pour les travaux de faible importance Nouvelles constructions de 5 à 20 m² (≤ 40 m² en PLU), modification de façade, clôture, piscine, etc. Formulaire Cerfa, plan de situation, plan de masse, photos, etc. 1 mois 3 ans + 2 prorogations d’1 an R421-9 à R421-12, R431-36, R424-21
Permis de construire (PC) Pour projets importants (>20 m² ou maison, changement de destination) >20 m² (ou >40 m² en PLU), maison individuelle, changement de destination avec travaux Formulaire Cerfa, plans (situation, masse, coupe, façades), notice, documents graphiques, photos 2 à 3 mois 3 ans + 2 prorogations d’1 an (5 ans exceptions) L421-1, R431-7 à R431-33, R423-23 b, R424-17, Décret n°2025‑461
Permis modificatif Pour modifier un projet déjà autorisé sans bouleversement Projet avec permis existant Formulaire, plans modifiés selon le cas Même que le PC Même validité que le permis initial R424-15
Permis de démolir Si le projet inclut une démolition en zone protégée Démolition totale ou partielle Formulaire, plans de démolition 2 mois (en général) 3 ans + 2 prorogations d’1 an R421-27, R421-286
Permis d’aménager Pour des projets complexes type lotissements, campings Lotissements, campings >20 places, sports, loisirs complexes Formulaire, plan de composition, justificatifs réglementaires, étude d’impact si besoin 3 mois (allongement possible) 3 ans + 2 prorogations d’1 an (5 ans exceptions) L421-2, R421-19, R423-23 c, R424-17, Décret n°2025‑461
Antoine de Griève, Elève-Avocat

[1Article R410-1 du Code de l’urbanisme.

[2Article R410-9 du Code de l’urbanisme.

[3Article R410-1 du Code de l’urbanisme.

[4Article R410-1 du Code de l’urbanisme.

[5Article L410-1-1.

[6Article R423-23 du Code de l’urbanisme.

[7Article L441-2 du Code de l’urbanisme.

[8Article L441-4 du Code de l’urbanisme.

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