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La Médiation : une alternative plus rapide et plus économe.
Parution : lundi 2 avril 2012
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La médiation, qu’est-ce que c’est ? Elle peut être définie comme un mode alternatif de règlement des différends où les parties tentent de trouver, par elles-mêmes, la solution à une situation conflictuelle et ce, encadré par un tiers, le médiateur. 
Cette technique offre de nouvelles possibilités pour les avocats et les justiciables.
Instaurée par la loi du 8 février 1995, la médiation peut être envisagée dans le cadre civil, commercial, social ou familial...

La loi reconnaît deux types de médiation : la médiation volontaire et la médiation judiciaire. Lorsque les parties ont eu recours à un médiateur professionnel, sans l’intervention d’un juge, on parle de médiation volontaire. Quand la médiation est ordonnée par un juge au cours d’une procédure, on parle de médiation judiciaire.

La médiation restaure une communication durable et de qualité entre les parties, car débarrassée de tous les malentendus à l’origine du conflit. La pratique montre que la médiation permet de régler un très grand nombre de conflits, qui s’avèrent in fine moins coûteux et moins longs que lors d’un procès. La médiation, une technique rapide, qui s’avère également efficace puisque 80 % des litiges traités aboutissent à un accord. Il est indéniable qu’en ces temps difficiles, elle présente une solution économique, une solution moins onéreuse en cette période de crise. Des faits qui doivent être pris en considération par les avocats.

Afin d’approfondir le sujet, nous sommes allés à la rencontre d’Hubert d’Alverny, (avocat associé au sein de la société d’avocats D’Alverny Demont & Associés ), qui nous en dit plus sur cette alternative juridique.

Que pensez-vous de la médiation ?

"Parmi les modes alternatifs de règlement des conflits mis à la disposition des praticiens du droit, la pratique de la médiation connaît un succès grandissant. Médiation conventionnelle, prévue dans un contrat ou convenue librement pour résoudre un différend, ou médiation judiciaire, ordonnée par un juge avec l’accord des parties, l’engagement du processus de médiation présente toujours un unique point commun : la volonté partagée par les parties de tenter de résoudre leur différend avec une aide extérieure impartiale.

L’issue du processus de médiation relève, elle, d’une alchimie impossible à modéliser tant les composants de la formule sont instables. Dans un environnement chimiquement pur, la qualité des médiateurs désignés ou choisis, la bonne volonté des avocats qui peuvent assister leurs clients et le libre engagement des parties dans ce processus devraient être des données tenues pour acquises. La réalité est autre puisque les méthodes de médiation reposent sur des mécaniques psychologiques, certes encadrées, mais souvent irrationnelles.

L’un des paramètres est celui du rôle de l’avocat qui assiste son client en médiation. Sans être une panacée, la médiation est présentée par ceux qui la proposent ou la pratiquent, notamment les centres de médiation, comme un processus permettant de gagner du temps dans la résolution d’un conflit.
"

En terme économique, que représente la médiation pour les cabinets d’avocats ?

"De manière naturelle, le praticien du droit qui est également chef d’entreprise peut légitimement s’inquiéter de l’influence néfaste d’un tel processus – s’il réussit – sur son chiffre d’affaires. La médiation vue comme un « cost killer » par les cabinets de conseil chargés de réduire les coûts, notamment judiciaires, est également perçue par les avocats comme une aventure incontrôlable (le talent de juriste ou d’orateur du conseil n’y est pas nécessairement mis en valeur) et peu rémunératrice. Cette perception, qui n’est pas forcément totalement erronée, invite cependant à plusieurs réflexions.

En premier lieu, la médiation n’est qu’un outil, parmi tous ceux qui peuvent être recommandés pour utilement conseiller une partie dans le cadre d’un différend. Cet outil doit être employé au bon moment, lorsqu’il est estimé que la maturité d’une opposition judiciaire peut laisser le pas à une voie alternative. Le temps judiciaire qui précède souvent le temps de la médiation devrait permettre à l’avocat chef d’entreprise de ne pas s’inquiéter d’une réussite trop rapide d’un processus de médiation. En ce sens, la médiation ne doit pas être reçue comme une menace économique.

En second lieu, l’ouverture d’un processus de médiation permet la recherche et la découverte en un temps condensé d’une solution, évitant l’ensemble des coûts relatifs à la durée des calendriers judiciaires. Ce temps judiciaire ainsi gagné peut être mis à profit pour exposer à un client les autres vertus d’un cabinet d’avocats, sachant se consacrer d’abord à la recherche des intérêts d’un client. De la même manière, la médiation et sa rapidité peuvent être perçues comme autant d’opportunités économiques.

Enfin, sans sombrer dans la vulgarité, il n’est pas interdit aux cabinets d’avocats de faire preuve d’imagination, dans le respect des règles de la profession, pour s’accorder avec leurs clients sur des structures de rémunération différentes de celles qui sont pratiquées dans le cadre d’un litige judiciaire. Là encore, la médiation peut être une source de revenus considérables.

Le rôle de l’avocat dans la réussite d’une médiation est essentiel. Les médiateurs le rappellent souvent. La médiation peut aussi réussir à l’avocat, dans le développement de ses opportunités économiques."

Mehdi Kasby, _ Rédaction Village de la justice