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Le « mur des cons » : le nouveau scandale politique !
Parution : mardi 30 avril 2013
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De nombreuses personnalités politiques et journalistiques ont été choquées, le 24 avril 2013, de découvrir, suite à la révélation de vidéos volées, qu’un « mur des cons » a été conçu, par le Syndicat de la magistrature « uniquement » à partir de photographies les représentant. Parmi les nombreux clichés, trônant « fièrement » sur l’immense tableau dans la salle principale du local syndical, figurent les portraits de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Nadine Morano, Jean Sarkozy mais aussi ceux de journalistes tels que David Pujadas, Etienne Mougeotte ou encore Eric Zemmour.

Ce trombinoscope géant n’a pas manqué de faire réagir les intéressés. L’ancien ministre de l’éducation nationale Luc Ferry affirme que ce panneau est un « scandale absolu ». Nadine Morano s’est exprimée sur le réseau social qu’elle affectionne tant en déclarant que le « mur des cons » ne représente rien d’autre que « le déshonneur et le vrai visage du Syndicat de la magistrature ».

Des plaintes ont été déposées par de nombreuses personnes apparaissant sur cet « édifice ». L’ancien député UMP, Etienne Blanc, a lancé une action pour diffamation auprès du doyen des juges d’instruction en demandant que soit saisi « tous les documents qui pourraient caractériser une hostilité à son égard ».
Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie-Officiers, et Robert Ménard ancien président de Reporters sans frontières, ont prévenu de leur intention de porter plainte pour « injures ».
Le Front National a également annoncé, le 26 avril 2013, avoir engagé une action pour « injure publique » à l’encontre du Syndicat de la magistrature pour l’apposition de la flamme, l’emblème du parti de Marine Le Pen, sur le « mur des cons ».

Il n’est toutefois pas dit que le juge répondra favorablement à leur demande dans la mesure où ce « mur » n’est pas public, critère essentiel pour caractériser une injure. La qualification d’injure non publique peut être retenue et est sanctionnée d’une contravention de 1ère classe de 38 euros. Cette qualification sera rendue possible si la durée de prescription (3 mois à partir de l’affichage) n’est pas écoulée.

Les tribunaux ne sont pas les seuls à avoir été sollicités suite à la découverte de cette « création » du Syndicat de la magistrature. Certains députés de l’UMP ont ainsi demandé à François Hollande et Christiane Taubira de quelle façon ils avaient l’intention de traiter cette nouvelle affaire.

La garde des Sceaux a répondu à l’Assemblée Nationale qu’il « est inadmissible que des personnes soient mises en cause individuellement » en précisant que les personnes désireuses de porter l’affaire devant les tribunaux ne subiraient aucune entrave. Exprimant sa « vive émotion » et sa « consternation », Christiane Taubira a tenu à préciser que « ces photos ne sauraient engager nullement la Chancellerie, s’agissant d’une organisation syndicale qui fait savoir très régulièrement son indépendance, ni même, la totalité des magistrats appartenant à cette organisation syndicale ».
Le lendemain de cette nouvelle polémique, la ministre de la Justice a ainsi annoncé avoir saisie le Conseil supérieur de la magistrature, l’instance de nomination et de sanction des magistrats, afin qu’il établisse s’il y a eu un manquement à la déontologie de la part du Syndicat de la magistrature suite à « cette pratique ».

Le Syndicat de la magistrature a rapidement répondu à l’annonce de cette saisie en se demandant à quelle pratique Christiane Taubira fait allusion. « Celle d’un journaliste qui filme en cachette l’intérieur d’un local syndical privé à l’insu de ses occupants ? ». Celle « d’un site en ligne, proche de la droite la plus dure, qui décide de diffuser ces images qu’il sait soustraites ? » s’interroge Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature, en faisant référence à l’Atlantico, le site qui a révélé l’affaire.

La CGT est venue apporter son soutien au Syndicat de la magistrature pour qui « l’action et la pensée syndicale ne peuvent être criminalisées en démocratie ». Il en est de même pour Jean-Luc Mélenchon, le coprésident du Parti de gauche qui a réagi à ce tollé politico-journalistique en rappelant qu’ « un local syndical, selon la convention internationale de travail, est un lieu privé et inviolable ».

Au contraire, le syndicat Magistrats Pour la Justice a très rapidement exprimé « sa consternation » face à une pratique qu’il qualifie « d’indigne du serment des magistrats ». Alexandra Onfray, présidente-fondatrice rappelle que le syndicat « défend la liberté de conviction des magistrats, leur droit de se syndiquer et d’exprimer leurs opinions dans le débat public sur tous les sujets qui intéressent la justice » mais que « ce droit n’est pas sans limite ».

Le 29 avril 2013, Clément Weill-Raynal, journaliste à France 3, a confirmé au Figaro les rumeurs qui lui attribuaient d’être l’auteur de la vidéo. Toutefois, il a précisé avoir « passé une copie du film à un magistrat » et ne « pas avoir envoyé le film à Atlantico ».

Réginald Le Plénier _ Rédaction du Village de la Justice
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