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Stages : le point sur les changements provoqués par la loi de 2014.
Parution : jeudi 17 juillet 2014
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La loi concernant l’encadrement des stages et l’amélioration du statut des stagiaires a été publiée au Journal Officiel du vendredi 11 juillet 2014. Le texte octroie de nouveaux droits pour les stagiaires. Ce texte, le cinquième sur le sujet en huit ans, reprend un engagement de François Hollande pendant sa campagne de 2012.
Voici un petit tour d’horizon de ces nouvelles mesures pour les futurs avocats et juristes.

Mise en place d’un quota du nombre de stagiaires.

Afin de lutter contre le recours abusif de stagiaires, la loi complété par le Décret n° 2015-1359 du 26 octobre 2015 [1] précise que le nombre de stagiaires dans l’organisme d’accueil sera limité :
- Pour les organismes d’accueil dont l’effectif est supérieur ou égal à vingt, le nombre de stagiaires correspond à 15 % de l’effectif arrondis à l’entier supérieur ;
- Pour les entreprises dont l’effectif est inférieur à 20, le nombre maximum de stagiaires est fixé à 3.
Ces nouvelles dispositions réglementaires, codifiées aux articles R. 124-10 à R. 124-13 du code de l’éducation [2], sont applicables aux conventions conclues après le 26 octobre 2015.

Toutefois, les élèves avocats ne sont pas concernés par le champ d’application de cette loi. En effet, la direction des Affaires publiques du Barreau de Paris a pu obtenir, de la part du gouvernement, la protection du statut des élèves-avocats car cette disposition de la loi remettait en cause leur formation.

Sur la durée des stages.

Avant la promulgation de la loi, le Code de l’éducation posait une limite de six mois avec quelques exceptions pour 2 cas précis :
-  interruption temporaire de la formation du stagiaire pour exercer une activité visant à acquérir des compétences en lien avec sa formation ;
-  dans le cadre d’un cursus pluriannuel de l’enseignement, les stages pouvaient excéder 6 mois.

La loi vise à encadrer davantage la durée maximale d’un stage effectué par un étudiant au sein d’une seule et même structure.
Un décret va venir lister les cas pouvant justifier la présence d’un stagiaire pendant plus de six mois. Il sera en vigueur jusqu’au 10 juillet 2016. Une fois cette date passée, il ne sera plus possible pour un étudiant de demeurer plus de six mois en stage dans la même entreprise.

Une hausse de la gratification

La précédente loi [3] avait rendu obligatoire la gratification des stagiaires pour un stage de plus de deux mois. Cette gratification était, au minimum, de 436,05 euros.

Cette réglementation a été modifiée en profondeur lors des débats parlementaires. La rémunération minimale due au stagiaire a été rehaussée à hauteur de 15% du plafond horaire de la sécurité sociale à compter du 1er septembre 2015. L’indemnisation est donc désormais de 523,26 euros et est due à partir du premier jour du premier mois de la période de stage. Elle est exonérée d’impôt sur le revenu.

Pour les étudiants effectuant des stages au sein d’un cabinet d’avocats, la gratification accordée reste celle qui a été fixée selon l’Accord Professionnel National relatif aux stagiaires des cabinets d’avocats du 19 janvier 2007.

Sur les avantages octroyés au stagiaire

La loi permet également au stagiaire de bénéficier des mêmes avantages que les salariés présents dans l’entreprise.
Par conséquent, le stagiaire :
-  a droit à des congés et autorisations d’absence (en cas de grossesse, de paternité ou d’adoption) ;
-  a accès au restaurant d’entreprise ou bénéficiera de titres-restaurants ;
-  a droit à la prise en charge des frais de transport par l’organisme d’accueil.

De plus, les règles concernant les durées maximales quotidienne et hebdomadaire de présence, la présence de nuit, le repos quotidien, hebdomadaire et les jours fériés sont identiques pour les salariés et les stagiaires.

Les sanctions en cas de manquement

Les inspecteurs du travail disposent de plus de souplesse dans le cas des stagiaires. En cas de manquement de l’organisme d’accueil, une amende de 2.000 euros par stagiaire concerné pourra être prononcée par l’autorité administrative. Une nouvelle entorse à la législation pourrait porter l’amende jusqu’à 4.000 euros.

Enfin, si le Conseil des prud’hommes se retrouve saisi d’une demande de requalification d’une convention de stage en contrat de travail, il devra statuer dans un délai d’un mois.

Rédaction du Village de la justice

[1Décret relatif à l’encadrement du recours aux stagiaires par les organismes d’accueil

[2Voir site Légifrance.

[3La loi n° 2011-893 du 28 juillet 2011 pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels.

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