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La transparence est aussi un argument de communication pour les cabinets d’avocats.
Parution : lundi 6 octobre 2014
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Depuis quelques temps déjà, il existe de la part des cabinets d’avocats une volonté d’être plus transparents vis-à-vis de leurs clients et plus généralement du public afin de rompre avec un certain a priori d’opacité liée à la profession.
La transparence dans un milieu professionnel n’est pas toujours simple à appréhender, la rédaction du Village de la justice se propose d’évoquer ici quelles formes elle peut prendre dans les cabinets d’avocats.

La notion de transparence est utilisée par les cabinets d’avocats comme un élément de communication afin de (re)gagner la confiance de leur client, d’attirer l’attention des clients potentiels, d’être plus proches d’eux.
Cette volonté de transparence répond aussi à une demande constante des particuliers et des entreprises qui souhaitent être impliqués dans l’évolution de leurs dossiers et mieux comprendre le fonctionnement du cabinet d’avocat. Elle va s’accentuer avec la libéralisation de la publicité dans la profession rendue possible par la réforme du 7 mars 2014 dernier.

La notion de transparence dans les cabinets d’avocats ne se limite pas aux questions de coûts, de fonctionnement, elle est aussi un principe de collaboration et de travail entre avocats et entre les avocats et leurs clients.

I. Plus de transparence dans l’organisation, le fonctionnement et les honoraires des cabinets d’avocat.

Cette transparence des cabinets d’avocats peut se traduire par l’ appartenance à un réseau « labellisant » et/ou par l’obtention d’une certification ISO . Les clients sont ainsi assurés de bénéficier d’une gestion et d’une facturation plus claire de leur dossier.

Par exemple :
- les cabinets d’avocats affiliés au réseau Gésica développent une charte sur la transparence des honoraires.
- les cabinets d’avocats membres d’Eurojuris France sont tenus de respecter entre autre les 4 engagements suivants :
-une présentation claire des honoraires ;
-une présentation des conditions d’exercice de la prestation ;
-une information et une prévisibilité des frais d’avocats ;
-une facturation détaillée et régulière.
- les cabinets ayant obtenu la certification de la norme ISO 9001:2008 qui établit les exigences relatives à un système de management de la qualité (ex : le cabinet d’avocats Bismuth et Associés), sont tenus de respecter certaines règles dont celle de la transparence des honoraires.
- l’Agence des Nouveaux Avocats (AGN) :

Une des agences AGN Avocats, la transparence revendiquée.

l’originalité d’AGN est de concevoir le cabinet d’avocat comme une boutique, une agence. Par souci de clarté, de transparence, les prix des premières consultations sont affichés sur les vitrines (75 Euros pour le particulier, 120 Euros pour les professionnels et 200 Euros pour les créateurs d’entreprise) ainsi que les logos précisant les spécialités proposées par l’agence.
Son objectif est de générer une relation de proximité entre le client et son avocat.

Cette transparence des honoraires et de la gestion des dossiers passe aussi par la mise en place d’interfaces d’échange entre le client et son avocat.

Par exemple :
- Le cabinet d’avocats Richer & Associés propose à ses clients des honoraires connus et définis au préalable. Les clients peuvent accéder à tout moment par internet à la facturation de leur dossier ainsi qu’à l’état d’avancement de leur dossier grâce à un code d’accès personnalisé.
- Le cabinet d’avocats Kalliope a crée une application internet (Orphée) de gestion de dossiers partagée avec les clients.
Cela va du partage de dossier au suivi de facturation avec le client en fonction de leurs souhaits et des contraintes de confidentialité.
Cette application permet au client de savoir qui s’occupe de son dossier (son avocat ou des consultants et non pas un prestataire) et de connaître les actions effectuées pour leur dossier.
Pour cette application innovante, le cabinet Kalliope était candidat au prix de l’innovation juridique.

II. La publication du rapport annuel d’activité source de transparence.

Depuis quelques années, il ressort que les cabinets d’avocats, et plus particulièrement ceux des avocats d’affaires, communiquent leur rapport d’activité à l’image des sociétés cotées.
Le rapport annuel d’activité est un outil de communication pour faire valoir ses compétences, sa réussite et son engagement. Cela représente une autre façon de partager avec les clients mais aussi une façon de s’ouvrir au regard du grand public.
Pour les cabinets d’avocats d’affaires, cette tendance s’explique par la volonté de se démarquer de leurs concurrents. Ils communiquent leur rapport d’activité, leur chiffre d’affaires dans un souci de transparence, comme « preuve de leur honnêteté ».

"La culture de profession libérale feutrée et opaque disparait au profit d’une mise en concurrence quasi systématique."

Comme le souligne M. Philippe Melot [1] : le marché des avocats d’affaires est « un marché très concurrentiel et atomisé (150 cabinets "significatifs à Paris), où les clients lancent de plus en plus d’appels d’offres et sélectionnent des "panels" ; la culture de profession libérale feutrée et opaque disparait au profit d’une mise en concurrence quasi systématique sur la base de critères objectifs ». Ces éléments objectifs se trouvent dans le rapport annuel d’activité, ils concernent, le chiffre d’affaire du cabinet, sa stratégie, ses performances sociétales, ses pôles d’activité, sa gouvernance, son back office, ses engagements citoyens ou éthiques.

Ces cabinets se comportent comme les grandes entreprises, mais ce qui est actuellement une simple volonté peut-elle se transformer en impératif ?
En raison de la forte concentration des cabinets d’avocats d’affaires sur Paris notamment, ces derniers n’auront-ils pas dans un avenir plus ou moins proche l’obligation de communiquer sur leur activité pour éliminer les éventuels soupçons de collusions entre cabinets ?
Ne devront-ils pas démontrer leur probité pour répondre aux appels d’offres faits dans leur domaine ?

Quelques exemples de cabinets communiquant leur rapport annuel d’activité :
- le cabinet d’avocats EY : annonce un chiffre d’affaire global de 28,7 milliards de dollars en 2015 (dont 855 Millions d’euros pour la France).
- le cabinet d’avocats Fidal annonce 346,1 millions d’Euros de chiffre d’affaires en 2015
- le cabinet d’avocats d’affaires Baker & McKenzie : annonce un chiffre d’affaires global de 2,62 milliards de dollars pour l’année fiscale 2016.
- le cabinet d’avocats De Gaulle Fleurance et associés annonce un chiffre d’affaires de 36,4 millions d’Euros en 2015.
- le cabinet d’avocats Gide présente un rapport d’activité sur ses actions pro bono et communique sur son rapport annuel d’activité (CA, fonctionnement, personnel...) lors d’une conférence de presse.
- le cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre.
- le cabinet UGGC Avocats annonce un chiffre d’affaires de 29.3 millions d’euros en 2015.

En conclusion, la transparence est un bon élément de communication à condition que :
- cela aboutisse à des solutions concrètes (comme l’application internet Orphée développée par le cabinet Kalliope),
- cela ne reste pas simplement un discours de façade,
- cela respecte la déontologie de la profession d’avocat.

A lire sur le même thème :
Le rapport annuel d’activité : une occasion de partager

Marie, Rédaction du Village de la justice.

[1Philippe Melot est consultant en management pour les professions juridiques, Legalteam Solutions.