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La procédure d’action de groupe. Par Juliette Clerbout, Avocat.
Parution : vendredi 9 janvier 2015
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L’action de groupe, en vigueur en France depuis le 1er octobre 2014, est la principale innovation de la loi Hamon de 2014.

Cette importante innovation juridique mérite qu’on s’intéresse à cette procédure.

Seules quinze associations sont autorisées à entamer des actions de groupe. Ces quinze associations sont les suivantes : UFC-Que choisir, CLCV, CNAFAL, CNAFC, CSF, Familles de France, Familles rurales, UNAF, Adeic, AFOC, Indecosa-CGT, ALLDC, CGL, CNL, Fnaut.

Aucun autre organisme ne peut, à l’heure actuelle, initier une action de groupe.
Ainsi un avocat, une association (autre que les quinze agréées) n’ont pas la possibilité d’initier et de coordonner une action de groupe.

Un consommateur, désirant être indemnisé de son préjudice par le biais de l’action de groupe, reste donc dépendant de l’éventuelle action d’une des quinze associations précédemment citées.

Une fois l’action engagée le juge devra trancher sur la question de la responsabilité du professionnel et de l’indemnisation des consommateurs.

Le juge devra déterminer quel est le groupe de consommateurs à indemniser. (Tous les clients du professionnel ne seront pas forcément indemnisés, ce qui est logique car tous n’ont pas forcément subis un préjudice.)
Il fixera également la somme que l’entreprise devra verser à chaque consommateur ou au minimum précisera tous les éléments permettant l’évaluation de cette somme.

Le juge est également tenu de préciser dans son jugement les mesures de publicité destinées aux consommateurs potentiellement concernés afin qu’ils se déclarent auprès de l’association pour être indemnisés. Les canaux d’information possibles sont fort variés (voie de presse, courriel, affichage…)

Les consommateurs disposent d’un délai fixé par le juge, entre 2 et 6 mois, pour se manifester. Là encore ce délai sera précisé dans le jugement.

L’association se charge ensuite d’obtenir l’indemnisation des consommateurs concernés.

La grande inconnue de l’action de groupe reste la pratique des magistrats. Selon la pratique judiciaire qui se mettra en place, l’action de groupe sera plus ou moins efficace.
Par exemple si le Juge limite grandement les canaux de diffusion de l’information aux consommateurs, il y a moins de chance que ces derniers réclament des dommages et intérêts. Le rôle du juge est également crucial en ce qu’il détermine le délai maximum pour que les consommateurs se signalent pour être indemnisés. Si le juge fixe un délai de deux mois le nombre de consommateurs qui se manifestera sera plus faible que si le délai fixé est de six mois.

Une autre inconnue est la pratique des associations. Il est à l’heure actuelle impossible de savoir si le nombre d’action de groupe initiée par les associations françaises sera important ou pas. (Pour l’instant l’association UFC QUE CHOISIR et la CLCV ont affirmé engager une action de groupe respectivement contre Foncia d’une part et la société AXA et l’association d’épargnants AGIPI d’autre part.)

Juliette Clerbout Avocat à Arques (62 510) http://julietteclerboutavocat.fr/
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