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"On n’est pas couché" : Mireille Mathieu fait condamner France TV en diffamation. Par Alexandre Blondieau, Avocat.
Parution : vendredi 27 février 2015
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Dans un jugement du 3 décembre 2014, Mireille Mathieu obtient la condamnation de France Télévisions pour diffamation publique : Laurent Ruquier et ses chroniqueurs ont abusé de la liberté d’expression.

Les fidèles de l’émission du samedi soir de France 2 : « On n’est pas couché », animée par Laurent Ruquier connaissent bien le « flop ten », classement des évènements honteux de la semaine écoulée ouvrant traditionnellement le programme.

A cette occasion, les personnalités politiques, artistiques, sportives ou autres sont égratignées par l’animateur. La chanteuse Mireille Mathieu en a fait les frais, un peu trop à son goût. Lors de trois émissions diffusée en 2012, la chanteuse a été répétitivement épinglée par l’animateur et sa bande en raison de son supposé soutien à Vladimir Poutine lors de son déplacement en Russie.

Fut diffusée sur le plateau, une interview tronquée de la chanteuse portant sur la question des « Pussy Riot », groupe de chanteuses russes condamnées lourdement pour avoir chanté une chanson « anti-Poutine » dans une église en Russie.

Mireille Mathieu indiquait notamment : « Une église, ce n’est pas un lieu pour manifester, on peut manifester autrement. Une église est un lieu de recueillement. C’est comme un sacrilège ».

Sur le ton de l’humour et de l’ironie, il était reproché à Mireille Mathieu son absence de solidarité envers les Pussy Riot, Plus sérieusement, le chroniqueur Aymeric Caron indiquait ne pas être surpris par le comportement de la chanteuse et confirmait à l’animateur que la chanteuse n’était plus populaire qu’en Russie.

Estimant que ces propos portaient atteinte à son honneur et à sa considération, la chanteuse a assigné France Télévision, ainsi que son directeur de publication Monsieur Rémy Pflimlin.

Dans son jugement du 3 décembre 2014, le Tribunal retient que les propos en cause : «  imputent à Mireille Mathieu un comportement moralement choquant et radicalement contraire aux valeurs démocratiques puisqu’il est question de la privation de liberté de jeunes femmes en dehors de toute procédure judiciaire régulière (…)  ».

Le Tribunal ne reconnaît pas le bénéfice de la bonne foi au directeur de la publication de France Télévisions, indiquant que :

« les propos diffamatoires ont été tenus avec la plus grande légèreté et une absence caractérisée de prudence dans l’expression, avec une évidente malveillance à l’encontre de Mireille Mathieu, dans le but de la discréditer aux yeux du public, et ce au mépris de la vérité et au moyen d’une dénaturation des faits divulgués qui ne saurait être légitimée par un droit à l’humour, humour dont les graves imputations formulées à l’encontre de la chanteuse à partir d’informations inexactes ou incomplètes sont, au demeurant dépourvues ».

France Télévisions est condamnée à verser 5 000 euros de dommages et intérêts à Mireille Mathieu pour le préjudice moral subi mais lui refuse la reconnaissance d’un préjudice professionnel, faute de démonstration probante.

Alexandre BLONDIEAU Avocat à la Cour www.blondieau-avocats.com
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