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Cette génération ayant validé un Master II en Droit, mise sur la touche du marché de l’emploi...
Parution : vendredi 29 janvier 2016
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Voici une tribune de Vanessa Desterbecq, Consultante du cabinet de recrutement TeamRH, sur une problématique très actuelle...

En tant que professionnels du recrutement, nous faisons aujourd’hui le (triste) constat qu’une grande partie des jeunes diplômés d’un Master II en Droit ne trouvent pas de poste à l’issue de leur formation universitaire.
A croire que le marché de l’emploi ne veut pas d’eux … Pourtant ils existent, et ils sont nombreux !

A l’issue de son Master II en Droit International, Eric cherche un poste de juriste. L’idéal pour lui est de pouvoir rejoindre une structure internationale qui va lui permettre de mettre en pratique ses acquis théoriques.
En pratique, Eric va devoir surmonter de nombreux obstacles avant d’être embauché en CDI à un poste de juriste qui lui plaît vraiment.

I. « Pas assez/ trop qualifié »

Certes, Eric aura pu bénéficier d’une convention de stage de plusieurs mois dans le cadre de sa formation universitaire. Ce stage lui aura permis d’appréhender l’aspect pratique de son futur métier de juriste. Néanmoins, ce stage n’est pas reconnu par les recruteurs comme une « véritable » expérience pouvant être valorisée ; sans doute à cause des tâches couramment confiées au stagiaire qui sont trop éloignées du poste auquel il prétend.
Eric se voit alors refoulé, systématiquement, avant même tout entretien, parce qu’il n’est pas assez qualifié : « nous recherchons un juriste avec au moins 5 ans d’expérience ». Il faut bien commencer quelque part, me direz-vous !

Mais par où commencer si le stage n’est pas valorisé ?

La solution du poste un peu moins qualifié
La solution de prétendre à un poste qui requiert moins de qualifications n’est pas la bonne.
Je m’explique : postuler à un emploi d’assistant juridique alors qu’Eric est titulaire d’un Master II revient à aller acheter sa baguette de pain chez le boucher !
Que les choses soient dites, un assistant juridique n’évolue pas sur un poste de juriste parce qu’un juriste n’a potentiellement pas de connaissances/ compétences en matière de secrétariat. Et la réciproque est vraie pour l’assistant juridique qui n’a pas suivi la même formation que le juriste.
Un bon assistant juridique va savoir assister son supérieur hiérarchique dans le traitement de ses tâches administratives au quotidien. Il va développer la capacité à savoir anticiper ses besoins et à le décharger au maximum, pour que ce dernier se concentre sur l’aspect juridique des dossiers traités.
Or, l’aspect juridique évoqué est l’essence même du travail du juriste…

La solution de laisser faire un cabinet de recrutement...
La recherche de poste d’Eric étant restée infructueuse, il va se tourner vers un cabinet de recrutement, pensant que nous allons pouvoir lui trouver LE super poste auquel il rêve.
Pour autant, cette solution ne s’avère pas toujours judicieuse.
Les cabinets de recrutement ne peuvent pas faire de « miracle » avec une candidature. Le rôle du professionnel est de présenter un CV de la manière la plus complète et la plus authentique possible à son client.
Le consultant va pouvoir mettre en avant vos qualités et votre personnalité, il va pouvoir apporter des recommandations complémentaires, et enfin il va pouvoir donner son avis.
Si certains cabinets cherchent un vivier de candidats « potentiellement plaçables », les plus honnêtes vous diront que les entreprises/ cabinets ne font que rarement appel à nos services pour leurs recherches de profil junior. En effet, une simple annonce mise en ligne leur apporte suffisamment de candidatures pour qu’ils puissent trouver leur bonheur seuls.

La solution de baisser ses prétentions salariales pour être plus « attractif ».
Pensez-vous réellement qu’une entreprise va miser sur vous, vous embaucher, et vous former, parce que vos prétentions salariales sont moins importantes que celles de la personne qui a postulé avant vous ?
Je n’en suis pas convaincue du tout ! Le recruteur va privilégier un bon feeling plutôt qu’une rémunération moindre. Donc, rester soi-même est une meilleure stratégie que de baisser sa rémunération ; dans la limite du raisonnable bien entendu.

II. Moralité ?

Le premier conseil que je peux vous donner est de bien choisir votre voie. Certes, le choix de carrière se fait tôt ; mais il n’est jamais immuable. Il est possible de revoir son orientation à l’issue du Master I, voire de compléter sa formation à l’issue d’un Master II. Je pense aux concours, aux formations à distance, à l’alternance, etc… Vous avez envie de devenir avocat ? Ne laisser pas tomber le CRFPA, même après un premier échec. La persévérance est le meilleur des atouts pour tout « jeune actif » !

Les écoles spécialisées sont également de très bons tremplins pour l’avenir. Elles vous permettent de vous orienter dans un domaine qui vous intéresse, de rencontrer des professionnels en la matière, et d’accéder à des entreprises grâce à leurs partenariats.
Votre réseau, que vous aurez pu développer au fil de vos stages et rencontres professionnelles, doit être exploité au maximum. Ces contacts seront de bons conseils pour vos recherches. Et ils pourront vous faire rencontrer « les bonnes personnes ».
Enfin, pensez à l’expérience à l’étranger qui, en plus de contribuer à l’amélioration des acquis linguistiques, va vous permettre de vous découvrir sur le plan personnel.

En écrivant cet article, mon but est de vous donner quelques pistes de réflexion ; mais il en existe bien d’autres. Certains d’entre vous partageront mon point de vue ; d’autres pas. Quoi qu’il en soit, si cet article vous a permis de penser à vous, j’en suis satisfaite !

Rédaction du village
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