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L’enfer du juriste débutant...
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Parution : mardi 23 février 2016
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Voilà un sujet qui frappe quantité de juristes mais qui semble presque tabou aujourd’hui dans le monde juridique, celui de l’enfer du juriste débutant.
En effet, de nos jours, l’étudiant en droit n’est presque jamais prévenu qu’en dehors de la réussite d’un concours de fin d’études (CRFPA, magistrature, concours administratif...), son chemin vers un premier emploi sera presque aussi simple que celui d’Orphée pour retrouver son Eurydice.
Il s’agit en effet, d’un parcours semé d’embûches durant lequel seuls les plus chanceux ou les plus persévérants pourront espérer toucher le précieux sésame : un travail de juriste.
1ère embûche : Le juriste débutant n’est pas un juriste junior !
90% des offres d’emplois proposées aux jeunes juristes sont destinées aux juristes dits "juniors" ; or, ne vous y trompez surtout pas, juriste junior et juriste débutant ne sont absolument pas synonymes. Le juriste junior doit posséder entre 1 et 3 ans d’expérience dans une fonction similaire à l’offre d’emploi. Quid de vos stages ? Là encore, les désillusions s’enchaînent, vos stages, en dehors d’une longue durée (comptez environ 6 mois) ne sont que très peu/ou pas pris en considération par les entreprises. Or, tout étudiant sait qu’il est très difficile de faire un stage sur une période aussi étendue tout en faisant des études.
2ème embûche : le réseau
La 1ère difficulté et la 2nde diffculté vont presque de paire. En effet, il est légitime de se demander comment il est possible de passer du statut de juriste débutant à celui de juriste junior, si presque aucun poste de juriste débutant n’est proposé sur le marché de l’emploi ? La réponse est : le réseau. Là encore l’écart se creuse entre le juriste qui a la chance d’avoir de la famille ou des amis biens placés dans le monde juridique et celui qui n’en a pas. Il faut être conscient, que bon nombre de postes de juristes débutants sont proposés directement par le biais de connaissances et ne figurent ainsi jamais sur le marché de l’emploi.
3ème embûche : Le choix de son Master 2
Aujourd’hui peu de domaines dans le droit sont véritablement porteurs en terme d’emploi pour des juristes. Il vaut mieux donc prioriser le droit social, le droit des affaires, le droit bancaire, voire le droit de la propriété intellectuelle. Mais là encore, ne croyez pas votre directeur de Master sur parole, celui-ci étant souvent prompt à vous faire croire que son Master est le meilleur et qu’il vous conduira à un travail garanti. En dehors de certains Masters biens spécifiques (DJCE, LLM...), un Master 2 de droit des affaires par exemple ne vous garantira absolument pas un poste de juriste d’affaires, même si la faculté dans laquelle vous l’avez obtenu est réputée.
4ème embûche : La concurrence
Il faut vous y préparer, la concurrence est rude, très rude. Avoir un Master 1 ou un Master 2 de droit vous aura coûté au moins 5 ans d’études, mais à la sortie, vous serez loin d’être seul. Les offres d’emplois pour les juristes font partie de celles qui reçoivent le plus de réponses. A partir de là, il est important d’être conscient que son CV sera comparé à au moins des dizaines d’autres CV. Autant de concurrents parmi lesquels, là encore, l’expérience prime. Ce sont ces candidats expérimentés qui vous feront de l’ombre, ceux-ci étant plus rentables car plus rapidement opérationnels.
A cela s’ajoute le fait que de plus en plus d’entreprises et cabinets préfèrent recruter des titulaires du CAPA en tant que juristes à la place des "simples" juristes.
5ème embûche : la mobilité
Je le répète, si l’offre pour juriste junior existe réellement, celle pour juriste débutant est presque inexistante. Il est donc fortement déconseillé de faire la fine bouche et il est indispensable de ratisser le plus large possible ! Il ne faut donc pas hésiter à être mobile, même si, malheureusement, les villes donnant le plus leur chance aux débutants sont celles qui ont le moins de candidats, donc pas forcément celles qui vous faisaient rêver.
6ème embûche : Accepter de revoir ses exigences
Le juriste débutant devra presque systématiquement être capable de revoir ses exigences à la baisse. Tout d’abord, il ne devra pas rechigner à travailler dans un domaine qui n’est pas du tout sa spécialité initiale. Ensuite, les entreprises sont conscientes de la concurrence et n’hésiteront pas à essayer de recruter en cherchant à obtenir un juriste pour un salaire minimum.
7ème embûche : le manque de préparation à la réalité de l’emploi
Cet article a pour principal objectif de tirer la sonnette d’alarme. Désormais, un bon bac+5 en droit accompagné de stages d’été en cabinet n’est pas véritablement suffisant. Beaucoup de diplomés Bac+4 ou +5 finissent par faire du secrétariat juridique, qui ne nécessite pourtant qu’un Bac+2. J’apporte d’ailleurs une critique au monde universitaire, qui a énormément de mal à préparer ses futurs étudiants à cette réalité. D’un point de vu comparatif, au sein des bonnes écoles de commerce, il est fait en sorte que les étudiants soient professonnellement opérationnels dès la fin de leurs études. A l’inverse, en droit, même au sein des Master dits "professionnels", le théorique a tendance à toujours primer sur la pratique. Ainsi, beaucoup d’étudiants s’aperçoivent, en finissant leurs études, qu’ils ont seulement acquis le raisonnement juridique. En revanche, tous les actes relevant de la pratique leur sont totalement étrangers.
Si ce constat est une réalité, je ne cherche pas à désespérer tous les jeunes juristes à la recherche d’un poste. La tâche est ardue mais pas impossible.
De plus, pour les étudiants qui liraient cet article, je ne peux m’empêcher d’attirer leur attention car des solutions existent. Ainsi, bien que ce genre de Master ne soit que très rarement proposé, un Master en alternance est, à titre d’exemple, un excellent moyen de se professionnaliser tout en continuant ses études. Egalement, il est essentiel de ne pas négliger les langues étrangères, plus particulièrement l’anglais (attention : un véritable anglais opérationnel et juridique). Enfin, n’hésitez pas à consulter, dès maintenant, les offres présentes sur internet afin de vous faire une idée des branches du droit qui recrutent le plus...
Alexandre Cassagne, Juriste [->juriste.cassagne@gmail.com]Bravo pour votre honnêteté et la lucidité avec laquelle vous réalisez un constat malheureusement passé sous silence par bon nombre d’universités. Il est un fait que les écoles de commerce préparent mieux leurs élèves à la réalité de leur futur professionnel. Le Droit c’est aussi du business ! Nos jeunes juristes doivent aussi être des entrepreneurs.
Ma fille vient de signer un contrat cdd de 5 mois comme juriste , si vous saviez comme elle était heureuse quand l’avocat lui avait proposé ce contrat , mais si vous saviez la déception , elle a été complètement désabusée quand il lui a dit salaire brut 1600 euros !!
MERCI pour cet article qui lève la lumière sur toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les juristes récemment diplômés. Loin de vouloir blâmer quiconque sur cette réalité déplaisante, il est primordial que les jeunes juristes apprennent à se vendre, à parler d’eux pour espérer trouver cet emploi si cher. Et cela, personne ne vous l’apprend, vous en êtes conscients que lorsque les recherches s’avèrent infructueuses. En effet, nous sommes des produits, au même titre que les étudiants d’écoles de commerce, sur le marché du travail. Pour espérer être choisi, il faut se préparer à être "le mouton à cinq pattes" des recruteurs. Votre réseau, créez-le à chaque occasion, à commencer par vos collègues de promo, le boulanger du quartier...Et surtout se dire, que nous n’auront, ni ne feront ce que nous aimons à la sortie de notre Master, donc soyez ouverts d’esprit. N’étant pas les seuls à avoir ce sésame (droit des affaires, social, privé général etc), faîtes-tout pour vous différencier. Misez sur les langues en apprentissage personnel à défaut de ne pouvoir faire un LLM. Par ailleurs, très peu de Masters juridiques français proposent une alternance pour l’instant et c’est dommage. En attendant, multipliez les stages dans des domaines porteurs, passez des concours, formez-vous au quotidien et ne restez pas isolés (Apec, association...), ça aide énormément ! Le diplôme en droit ne fait plus tout, nous sommes en 2016 :)
C’est tellement vrai qu’on est ravi d’apprendre qu’on n’est pas le/la seul(e) à avoir ce genre de problèmes !! Master 2 en PI, LLM, stages... Et on finit non juriste parce qu’on est le seul à faire du droit dans sa famille, et que ses amis aussi sont les seuls à faire du droit dans leur famille. Pas de réseau.
J’ajouterais que la crise ne facilite pas les choses, puisque les entreprises hésitent à embaucher. Personnellement, je pourrais trouver très facilement des stages. Sauf qu’un stage, ce n’est pas un emploi - et comme dit dans l’article, les recruteurs ne le considèrent pas comme équivalent...!!
Mieux vaut en rire et en faire des caricatures.
Très vrai, personnellement j’ai fini par abandonner et repartir pour un mastère spécialisé en école de commerce pour en finir avec les galères du droit -malgré un DJCE et un LLM....- au bout de 18 mois de stage. J’avais d’ailleurs écrit un article sur le sujet, pour les âmes en peine qui se reconnaîtront http://www.huffingtonpost.fr/marie-f/temoignage-jeune-diplome-chomage_b_8120838.html
Je viens de lire ton article que je trouve absolument super meme si il decrit une realite morose. As tu trouve un emploi depuis ?
Hello Sarah,
Non pas de job depuis, je me suis réorientée en marketing digital, je fais un stage en attendant de commencer mon mastère spécialisé en septembre pour 6 mois... au moins c’est un domaine qui embauche et où j’aurai des possibilités d’expatriation. Le marché m’a trop dégoûtée du droit pour continuer dans cette voie :-/
Comme je te comprends c absolument triste cette situation et inadmissible
On reproche de ne pas avoir de LLM ou capa et une fois que t as tout ça tu manque d expérience. Perso c’est ce que j expliquais plus bas il m’a fallu m expatrier et galerer 18 mois avant de trouver de boulot
J’espère que tu seras plus chanceuse dans ta nouvelle voie et que les perspectives d embauche fleuriront
Tu as eu plus de courage que moi Sarah :) ! J’espère aussi que ces efforts seront payants cette fois-ci, bonne chance à toi également.
Enfin ,
Un article clair, court, synthétique et ô combien REALISTE de la situation actuelle du marché du travail.
A Nooch : tu le fais où ton mastère spécialisé : je voulais reprendre une formation mais un an me semblait trop long. 6 mois me semble correct, surtout que peut être, plus tard tu pourra combiner le marketing digital avec le droit ( qui sait ?
En savoir plus sur http://www.village-justice.com/articles/enfer-juriste-debutant,21533.html#ZilylAIvJ8EDi2dX.99
J’ai fait mon mastère spécialisé à l’ESCP Kathy, j’ai terminé en mars dernier et je fais mon stage de fin d’études en tant que chef de projet digital, en espérant que ça débouche sur un emploi... le droit ne me manque pas du tout !
cool, on croise les doigts pour toi. De toute façon tout ce qui touche au digital est à la mode donc ... en principe tu devrais trouver.
En tous cas merci pour ton témoignage car après 5 ans de droit, je voulais reprendre un truc mais pas pour un an...
Bonsoir à tous,
J’avais lu avec intérêt l’article sur le Huff, et je me retrouve aujourd’hui dans l’exacte situation décrite dans l’article. Je partage donc tout ce qui est écrit dans ce nouvel article.
Je suis diplômé d’un Master 2 en Droit des affaires, un autre plus spécialisé en droit de l’énergie, de La Sorbonne, et pourtant, l’accès au marché de l’emploi m’est aujourd’hui fermé.
Bien qu’ayant entretenu un "réseau" au cours de ma scolarité, il s’avère qu’aujourd’hui, aucune entreprise ne souhaite me recruter, si ce n’est pour me proposer des stages.
Cabinets de recrutement ; réponses à offres d’emploi ; forums ; malgré tous mes efforts, la situation est difficile pour les jeunes Diplômés.
J’envisage aujourd’hui sérieusement de me retourner vers les concours de la fonction publique, bien que cela ne soit pas mon choix premier.
En vous souhaitant bon courage à tous.
Jérémy D.
Bonjour a tous,
Je valide pleinement cet article pour avoir vecu exactement la meme chose. Depuis le Bac, j’ai toujours privilegie des formations proposant des stages afin de me professionaliser le plus rapidement possible. Je suis passee par un DUT Carrieres juridiques, puis un IUP afin d effectuer des stages chaque annee et le M2 de droit des affaires en alternance. Au total, j avais cumule plus de deux ans d experience durant mon parcours. Septembre 2014, retour au chomage, je ne trouvais pas de boulot car soi-disant je ne disposais pas de reelles experiences, l’alternance n’est pas de l’experience en tant que telle, idem pour les stages. Bref que de fausses excuses car sincerement, etre juriste d’entreprise ce n’est tout de meme pas sorcier quand tu as des templates de contrats pour tout et n’importe quoi. Les recruteurs me disaient que de toute facon, le contentieux (mot poli pour designer charge de recouvrement) offrait plus d opportunites (comment peut-on parler d’opportunites a 1500 euros brut mensuel ? Really ?) et que je ferai mieux de me reorienter vers cette voie, a defaut de finir au chomage et que mon CV perde en valeur (je tiens a preciser que j etais au chomage depuis seulement 4 mois a l epoque). Excedee je decide de partir au Royaume-Uni ou j’occupais un petit boulot alimentaire en restauration rapide histoire de developper l anglais (apres un master 2 oui l ego en prend un coup). En parallele, je continuais a postuler a des stages en France (pas aux postes non - ne revons pas en 3D non plus). Juillet 2015, je parviens a trouver un stage en droit international pendant 6 mois. Je recommence les candidatures en octobre novembre pour du boulot, de maniere deliberee je ne met pas mon statut de stagiaire sur mon CV afin d’attirer les recruteurs. Je recois des appels, des entretiens, l’espoir renait mais alors, des que je devoile mon statut de stagiaire, les portes se ferment aussi vite que le comportement du recruteur (j’en suis maintenant a 2 ans et demi d’experience avec ce stage).
Je decide de repartir au Royaume Uni, en esperant cette fois etre plus chanceuse. Resultat : 4 entretiens en 2 semaines et desormais j’occupe un poste de juriste, a la hauteur de mes competences et remunerateur.
Conclusion, il m’aura fallu 18 mois de galere pour m’en sortir mais impossible n’est rien. N’ecoutez pas les defaitistes et certains recruteurs pour qui vous ne representez qu’une opportunite de placement, des lors ils vous mettront ou bon leur semble pour leur comm.
Et oui dans les facs de droit on a ouvert les vannes, multiplié les masters 2, laissé le niveau des étudiants chuter et abandonné toute forme de sélection, il y a trop de diplômés en droit sur le marché du travail par rapport à la demande des entreprises, c’est la loi de l’offre et de la demande, les diplômés en droit ont moins de valeur (même les plus méritants c’est ce qui est triste), les entreprises en profitent pour prendre stagiaires sur stagiaires et sous payer les juristes (débutants ou non d’ailleurs). Il n’y a pas 36 solutions : changer d’orientation, être correctement pistonné ou faire confiance au coup de bol (puisque même l’excellence d’un cursus n’est plus une garantie). Malheureusement à ce jeux là ce sont rarement les meilleurs éléments qui gagnent...
En complément de cet article qui met l’accent sur une certaine réalité vécue par les jeunes juristes, nous vous proposons la lecture des articles suivants :
Recrutement : juriste junior vs juriste sénior
L’alternance en droit, une opportunité d’insertion professionnelle
Etudiants en Droit, le difficile choix du Master...
Cette génération ayant validé un Master II en Droit, mise sur la touche...
Rédaction du Village.
Excellent article d’Alexandre Cassagne, tout est dit sur l’enfer des jeunes juristes…
En tant que recruteurs pour des cabinets d’avocats et des directions juridiques et fiscales, nous recevons énormément de candidatures spontanées via notre espace candidats (http://www.sourcink.com/emploi-droit-fiscalite-rh) et il n’y a pas photo : les juristes débutants (et également juniors) sont les plus nombreux dans notre système…
Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de leur proposer des opportunités, car nos clients ne prennent jamais le parti (le risque ?) d’embaucher un débutant. Il nous est même plusieurs fois arrivé de recevoir des appels ou des mails de jeunes juristes nous demandant des conseils, savoir s’ils devaient passer le CAPA, refaire un LLM ou un 3e Master 2 (!!) pour espérer enfin décrocher le St Graal !
Les « chanceux » sont embauchés après leur stage final de M2 ou par cooptation, pour ceux-ci : accrochez-vous à votre poste au moins 1 an (2, c’est mieux !) avant d’entrer en recherche d’une nouvelle opportunité.
Pour les autres, première étape : suivre les conseils de l’article de M. Cassagne auxquels j’ajouterais : soyez ultra-connecté ! De plus en plus de personnes recrutent avec un simple post sur Linkedin ! Et enfin, comme le dit M. Cassagne, la formation en droit est très théorique et n’offre que très peu d’opportunités de s’exercer sur des cas opérationnels, alors des stages – même facultatifs et non rémunérés – peuvent vous offrir un vrai plus sur votre CV !
Justine Cordey – Dirigeant associée (en charge de la relation candidats, communication & marque employeur) de Sourcink, l’agence de sourcing spécialisée en recrutement juridique, fiscal & RH.
L’enfer du juriste débutant : le titre résume à lui seul la situation du candidat récemment diplômé.
Alors qu’un collaborateur junior libéral aura pour la plupart des offres en cabinet d’avocats relativement facilement, le juriste aura plus de difficulté à trouver un premier emploi.
Que se soit en entreprise ou en cabinet, la crise est passée par là.
C’est là où peut se positionner le cabinet de recrutement. D’abord dans le conseil auprès du candidat et l’orientation vers un marché plus demandeur.
Le cabinet pourra plus facilement mettre en avant une candidature junior vers lequel le recruteur ne serait pas tourné directement.
La motivation du candidat sera ensuite déterminante lors de l’entretien.
Christine Messier, conseil en recrutement juridique.
Je suis diplômée depuis bientôt 2 ans. Je suis prête à partir vivre n’importe où en France. Je me suis concentrée sur la recherche de CDD pour pouvoir multiplier les expériences. J’accepte également de travailler dans un domaine qui est différent de mon master 2 donc différent du droit bancaire. Je me débrouille plutôt bien en anglais et l’espagnol ne me fait pas peur. Je crois faire preuve de souplesse et d’adaptabilité mais ce n’est visiblement pas suffisant.
Je n’ai toujours pas décroché mon premier emploi. Toutes les offres auxquelles j’ai pu postulée on refusé ma candidature. Les entretiens que j’ai pu passer n’ont pas étés concluants.
Je me suis remise en cause en essayant des approches différentes du marché de l’emploi mais rien n’y fait. C’est assez frustrant d’être diplômée à un certain niveau et de voir que les portes se ferment. Je ne demande juste à avoir ma chance, à essayer.
Je me reconnait que trop bien dans cet article. Je suis prête a apprendre il faut juste qu’une entreprise accepte de nous laisser une chance à nous juristes débutants !
Désolée de vous le signaler mais cela pourrait vous aider : attention à l’orthographe. Si vous faites autant de fautes dans vos candidatures, cela pourrait être un début d’explication à vos difficultés.
... j’apporterai juste quelques conseils supplémentaires à tous nos juristes débutant français "normaux" (ie sans réseau particulier, sans fortune personnelle etc.) :
1/ Scotchez cet article sur les murs de votre fac, faites le suivre à vos profs, il est d’utilité publique. La fac est trop souvent déconnectée du monde de l’entreprise. Faites venir des juristes d’entreprise dans vos Master 2, on vous racontera la vraie vie.
2/plus sérieusement, la maîtrise de l’anglais est primordiale. Les plus chanceux feront une année dans un lycée américain puis en école de commerce type EM avec échanges internationaux, mais... Les autres ? Et bien pensez Erasmus, pensez VIE, stage dans un cabinet anglo-saxon (ça c’est top !) etc. Et passez votre TOEIC !!
3/ce qu’un grand groupe veut voir ce n’est pas tant un jeune brillant sûr-diplômé (un peu quand même parfois, mais pas forcement...), mais surtout quelqu’un d’ancré dans la réalité, qui connait déjà un peu le monde des entreprises, qui a bougé à l’étranger, qui a fait des stages (pas des stages de 3 mois, des vrais stages en grand groupe, genre 9-12 mois). Parce que oui, c’est ça la réalité, ce n’est pas un CDI/CDD qu’il faut chercher en sortant de la fac : c’est un stage rémunéré qui va vous apprendre le boulot de juriste. Vous partez en APPRENTISSAGE pendant 2 ans... C’est là que vous allez tout apprendre : la vie de l’entreprise, les contrats en anglais, le réseau ; bref vous faire votre carte de visite. Et ce n’est qu’APRES que vous pourrez postuler vers un poste de junior. On ne vous le dit pas en fac, mais il faut se préparer à ces 2 ans d’apprentissage !
4/ Pour finir sur la mobilité, un petit témoignage : il y a 10 ans de cela, fraîchement sortie de la fac, j’ai tout laché (un CDI pas intéressant et sous payé que je venais de décrocher, les copains etc.) et j’ai fait 1000 bornes avec ma vieille voiture pour un stage de juriste en usine, en province, sur le terrain. J’y ai tout appris. Tout. 9 mois plus tard, mon nouveau carnet d’adresses en poche, j’ai mis 1 mois pour trouver un CDD de junior. Qui s’est ensuite transformé en CDI.
Alors certains me diront "oui mais ça Mamie c’était y’a 10 ans !". Certes. Sauf qu’aujourd’hui je suis de l’autre côté de la barrière et je les vois les "jeunes" arriver ; et on les repère tout de suite, ceux qui en veulent vraiment, qu’on sait qu’ils vont se faire une place dans le monde de l’entreprises et les autres.
Alors... posez-vous les bonnes questions et soyez acteur de vos vies, pas spectateur !
CHEER UP !
Du meme avis !!!!!
cet article reflète bien l’esprit de mon blog
http://juriste-debutant-accepte.blogvie.com/
c’est tellement vrai malheureusement ! On ne le dira jamais assez : les facs de droit ne prépare pas assez l’étudiant à la réalité du marché. En tout les cas c’est très parlant pour ceux, comme moi, de la génération avant la réforme LMD, du temps où il n’y avait pas le boum LinkedIn et la révolution numérique. Aujourd’hui avec la circulation de l’information et des articles comme celui là, j’ose espérer que les étudiants sortants seront avertis. Bonne chance à vous :-)
Tristement vrai.
Beaucoup finissent chez Pôle emploi, en intérim ou partent à l’étranger.
Et que dire si un juriste souhaite faire évoluer son parcours sur un autre domaine juridique : là aussi c’est un casse-tête.
cher Monsieur
bravo pour votre analyse pertinente et en phase avec la réalité. Mais il faut garder espoir la génération du baby boom va partir à la retraite, les besoins dans une société de plus en plus régulée sont croissants et les jeunes motivés saurant se faire une place
Bravo monsieur, pour votre regard perspicace sur cette situation malheureuse. Je regrette de n’avoir pu trouver qu’un seul article de vous car vous écrivez bien et avec des mots justes. Je vous encourage vivement à poursuivre vos articles si vous en avez le temps, surtout s’ils sont tous aussi réussis que celui-ci.
Merci je vais me suicider je reviens !
Enfin ,
Un article clair, court, synthétique et ô combien REALISTE de la situation actuelle du marché du travail.
A Nooch : tu le fais où ton mastère spécialisé : je voulais reprendre une formation mais un an me semblait trop long. 6 mois me semble correct, surtout que peut être, plus tard tu pourra combiner le marketing digital avec le droit ( qui sait ?)
Merci pour cette analyse tout à fait juste de la situation. Je trouve que bien trop peu nombreux sont les articles qui dénoncent la réalité de la situation du juriste qui sort de l’université. Le mot est bien trouvé "enfer". La recherche est ardue, la concurrence est très rude. Et la pérennité de l’emploi ne peut s’obtenir que par la réussite à un concours, ou comme vous l’avez bien dit au CRFPA ou à la magistrature. Même les postes de juristes juniors sont très rares. Les employeurs recherchent des personnes qui ont 5 ans d’expérience au même poste et il n’existent aucune offre d’emploi qui permet à une personne d’obtenir 5 ans d’expérience en une seule fois. Même pour de très courtes expériences, il faut un réseau.
Merci pour cet article éclatant de vérité. Pour ma part j’ai eu une maitrise en droit des affaires puis j’ai voulu faire mon m2 droit des affaires/fiscalité en alternance avec une école de commerce mais j’ai du me désister du fait que je nai pas trouver de patron. Je me retrouve donc à postuler en recouvrement mais du côté amiable puisque les sociétés de recouvrement jugent que je n’ai pas d’expérience/connaissance du recouvrement judiciaire....les boules, dommage j’adore le droit pourtant
Je viens de prendre connaissance de votre article.
Nous sommes en 2020 mais vos propos sont toujours d’actualité.
Une actualité qui fait mal : il est toujours difficile de démarrer sa carrière dans le droit même après un parcours universitaire brillant.
Pour ma part, je ne suis plus débutant, ni junior. Je travaille en qualité de juriste depuis plus de 10 ans. Néanmoins, j’ai pu "tester" les différents points abordés dans votre article au cours de ma vie professionnelle. Je confirme et je signe : tout est vrai !
Bon courage à tous les débutants, juniors, et aux autres également (ils en ont sans doute besoin) !
Bonjour, tour à fait d’accord sur ce raisonnement.
Bonjour,
Septembre 2022 et je vous lis. Je peux vous assurer que chacun de vos propos restent d’actualité ! Me concernant je suis une jeune diplômée en droit des affaires. Je dispose d’un an d’expérience acquise lors de stages respectivement de 7 et 6 mois dans des établissements l’un leader dans le crédit et l’autre dans l’assurance avec des missions très riches les unes les autres. Oh combien que je peine à trouver un premier emploi surtout dans le domaine de la banque pour lequel j’ai développé un grand intérêt lors de mon dernier stage. De ce fait, je n’hésite pas à étendre ma recherche. Tout en rappelant que les offres destinées à des profils avec 1 an d’expérience (stages inclus) sont quasi inexistantes sur le marché de l’emploi. Courage à tous ceux qui vivent cette situation ! Je nous souhaite de trouver cet premier emploi.
Je vous écris en 2023. Je constate par vos mots que ce n’est pas moi le problème non plus... Idem, juriste d’affaires amoureux du monde de la distribution, avec un parcours universitaires brillant -mentions en licence et master- et deux ans d’asso en clinique juridique. Après un an de recherche (!) toujours rien. C’est désespérant, au point d’envisager de monter mon propre cabinet pour bien démontrer que je l’ai, cette fameuse expérience dont tout le monde parle mais que personne n’a trouvé. Je vais blasphémer et que l’on vienne me contredire si l’on veut mais quand je lis des dossier montés par des avocats "qualifiés" par 30 ans d’expérience, bourrés de fautes et avec des calculs erronés sur les heures supplémentaires en Droit du travail, j’en conclus que l’expérience ne fait de toute façon pas tout ! Sans l’ombre d’un doute, je fais mieux et je n’en suis pas expert ! Idem quand je lis des accords de confidentialité imprécis et inadaptés aux réalités de l’entreprise. Idem quand on me montre du L******, comprendra qui pourra.
J’ai une analyse à destination des employeurs, l’université ne nous a pas formé à exercer directement. Du moins c’est ce qui se dit en entreprise (Attention blasphème : je comprends les cabinets dans le calcul), et donc on n’y veut pas de nous. A l’origine ou en conséquence de ça, les entrepreneurs ou praticiens et les universitaires se vouent une haine viscérale. Et quand on part avec cet a priori, on part avec le calcul qui va avec : Combien de temps à payer ce jeune inutile et prétentieux avant qu’il soit compétent ? Réponse, il est déjà compétent, mais en Droit. Ce n’est pas vous qui avez passé ses examens avec 10% de réussite mais lui. Et il a les dernières infos lui. Donnez lui la chance de traduire sa compétence et il vous le rendra au pire à moyen terme, au mieux immédiatement s’il comprend bien votre entreprise ! Mais c’est vrai, vous avez toujours la possibilité d’en prendre un qui a de l’expérience. Ok. Mais sera-t-il fidèle ? Non. Il est là pour l’expérience, vous pour l’argent. Une fois qu’il a l’expérience, il peut prétendre à plus et donc s’en va, et vous devez un former un autre.
Que tous ceux qui vivent la même chose sans oser s’exprimer s’en trouvent rassurés ! Je trouverai, et vous aussi ! C’est simplement une question de calcul financier et d’à-prioris. Trouvez un moyen de l’écarter de la question.
Très amicalement, une sincère salutation à toute personne parvenue au bout de ce coup de gueule.
Bonjour, malheureusement vous avez totalement raison il s’agit de la triste vérité. Je recherche un cdi depuis 4 mois déjà et j’ai peine à décrocher un entretien d’embauche. Je ne perds pas espoir mais si ça dure je n’aurai d’autre choix que me diriger vers l’alternance