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Le divorce amiable sans juge entrera en vigueur le 1er janvier 2017. Par Yves Tolédano, Avocat.
Parution : jeudi 10 novembre 2016
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Divorcer en moins d’un mois et sans passer devant le juge deviendra réalité dès le 1er Janvier 2017, pour tous les conjoints désireux de divorcer à l’amiable, après s’être entendus sur le principe du divorce et ses conséquences.

C’est la principale réforme menée dans le cadre du projet de loi "Justice du XXIème siècle" porté par le Garde des Sceaux.

Nous y sommes enfin : le divorce par consentement mutuel vient de connaître sans doute sa plus grande réforme, adoptée en lecture définitive à l’Assemblée Nationale le 12 octobre 2016.

Et c’est un changement de taille auquel il va falloir s’habituer : les conjoints d’accord pour divorcer à l’amiable, ne vont plus passer devant le juge aux affaires familiales.

Exit le JAF, exit l’audience de divorce.

Divorcer devient simple comme bonjour, si tant est que les 2 époux s’entendent sur le principe du divorce et ses conséquences.

Cette loi (modifiant l’article 229 du Code Civil) entrera en vigueur dès le 1er janvier 2017.

A partir de maintenant, les conjoints souhaitant divorcer à l’amiable devront chacun avoir leur avocat. Le même avocat commun, comme cela était possible jusqu’ici, c’est fini.

L’avocat reste donc obligatoire et c’est lui qui va conseiller son client au mieux de ses intérêts et établir la convention de divorce qui constituera le jugement de divorce.

Mode d’emploi :

Concrètement, l’avocat qui rédige la convention de divorce l’adresse en RAR au conjoint. Après un délai obligatoire de rétractation de 15 jours, la convention peut être signée.

Elle est ensuite déposée au rang des minutes d’un notaire qui lui donnera force exécutoire. Et…. c’est tout !

En à peine plus de 15 jours, si les conjoints sont tout de suite d’accord sur toutes les conséquences de leur séparation, il sera donc désormais possible de divorcer.

Cette forme expresse de divorce ne sera pas possible dans les cas où un mineur demandera au juge à être entendu, et pour les époux faisant l’objet d’une mesure de protection.

Des voix se sont élevées contre cette simplification à l’extrême du divorce.

Notamment, la commission des lois du Sénat avait par exemple proposé que la procédure sans juge soit exclue en présence d’enfants mineurs et reste par ailleurs optionnelle, chaque conjoint pouvant exiger le retour à la procédure judiciaire de droit commun.

Un contrôle de la convention par le JAF mais sans audience, ou le maintien de la possibilité de conserver un avocat commun, sont encore des nuances qui avaient été évoquées mais finalement, c’est le texte initial adopté par l’Assemblée Nationale qui a été retenu.

Ce nouveau divorce ne sera appliqué que pour les conventions réalisées après le 1er janvier 2017.

Pour les conventions déposées au greffe avant 2017, la procédure ancienne continue.

Il ne reste plus qu’a espérer que cette simplification du divorce par consentement mutuel n’ouvrira pas la porte à des abus, pressions et autres chantages du conjoint fort sur le conjoint le plus faible, et que le désengorgement des tribunaux, que cette réforme devrait mécaniquement entraîner, ne se fera pas au prix d’injustices.

Plus que jamais, la place de l’avocat s’en trouve renforcée car en l’absence du JAF, il devient le seul garant de l’équilibre des accords qui lui seront présentés par les époux.

Maître Yves Tolédano, Avocat au Barreau de Paris. Docteur en Droit. Fondateur de Radio Divorce
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