Village de la Justice www.village-justice.com

Rupture conventionnelle : les pièges à éviter pour l’employeur. Par Fanny Metra-Faucon, Avocat.
Parution : lundi 21 novembre 2016
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/Rupture-conventionnelle-les-pieges-eviter-pour-employeur,23567.html
Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

Les parties au contrat de travail peuvent décider de rompre conventionnellement le contrat qui les lie. À la différence du licenciement, point besoin de motifs donc.
La Cour de cassation comme le Conseil d’état valident les ruptures conclues avec un salarié en arrêt maladie ou congé maternité (sauf fraude ou pressions, naturellement).
(Article actualisé par l’auteur en septembre 2018)

1) La convocation.

Les règles sont beaucoup plus souples que pour le licenciement :
– il n’existe aucun formalisme pour la convocation. Pour des questions de preuve, il est cependant préférable d’adresser un courrier recommandé, ou remis en main propre contre décharge.
– il n’existe aucun délai légal ou réglementaire entre la convocation et la tenue de l’entretien préalable. Il est cependant préférable de respecter un délai raisonnable, permettant au salarié de se faire assister s’il le souhaite (idéalement, 5 jours ouvrables, comme pour le licenciement).
un seul entretien peut être prévu.

2) L’entretien.

– Attention à la façon dont les imprimés Cerfa sont rédigés : l’employeur ne peut pas être assisté si le salarié ne l’est pas lui-même. Le salarié est cependant tenu de prévenir son employeur qu’il va se faire assister.
– Le formulaire de rupture (en double exemplaire) peut être signé dès le premier (voire unique) entretien, puisque la loi n’impose aucun délai de réflexion.
– La convention de rupture doit définir les conditions de cessation du contrat et notamment le montant de l’indemnité de rupture (au moins égale à l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement) et la date de la rupture prévue, qui ne peut intervenir avant le lendemain du jour de l’homologation par l’administration.

3) Le délai de rétractation.

A compter de la date de signature du formulaire, chaque partie peut se rétracter dans un délai de 15 jours calendaires (chaque jour compte), par lettre attestant de sa date de réception par l’autre partie.

Attention : si le délai expire un samedi, un dimanche, ou un jour férié, il est reporté au jour ouvrable suivant.

4) L’homologation.

Le lendemain de la fin du délai de rétractation, la partie la plus diligente adresse le formulaire à la DIRRECTE de son département (en LRAR : il s’agit du seul moyen de connaître avec certitude la date de réception et donc la date de rupture du contrat car la DIRECCTE n’accuse pas réception des demandes).

L’administration dispose d’un délai de 15 jours ouvrables (dimanches et jours fériés exclus du décompte) pour homologuer ou non la convention. Son silence vaut acceptation (il est particulièrement fréquent que l’homologation soit tacite).

Le contrat peut être rompu dès le lendemain de la fin du délai. Les bulletins de salaire et documents de rupture peuvent être remis ou adressés dès la rupture.

5) Et après ?

La rupture conventionnelle n’empêche pas le salarié de saisir le Conseil de prud’hommes pour toute demande relative tant à l’exécution qu’à la rupture de son contrat de travail. Il faut en effet distinguer rupture conventionnelle et transaction. Si l’employeur veut se protéger, il a donc intérêt à faire signer une transaction à son salarié, une fois le contrat rompu (après la décision d’homologation) – et non avant : à défaut la transaction est nulle.

Fanny Metra-Faucon Avocat en Droit du Travail à Bordeaux
Comentaires: