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Les travaux d’accessibilité en copropriété. Par Alexandre Guillois, Avocat.
Parution : lundi 6 mars 2017
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Tous les bâtiments d’habitation collectifs dont la demande de permis de construire a été déposée postérieurement au 1er janvier 2007 doivent respecter les normes de construction concernant l’accessibilité des personnes handicapées telles qu’elles étaient édictées initialement par l’arrêté du 1er août 2006 ou telles qu’elles sont en vigueur depuis dans l’arrêté du 24 décembre 2015.

Pour tous les bâtiments dont l’initiative de construction est antérieure à cette date, aucune règle normative concernant l’accessibilité ne s’impose d’elle-même sans l’aval de l’Assemblée générale des copropriétaires.

Les travaux d’accessibilité de l’immeuble aux personnes handicapées sont donc résolus aux bonnes volontés des copropriétaires sensibilisés.

Aujourd’hui, en la matière, les décisions sont prises à la majorité simplifiée (majorité des voix exprimées des copropriétaires présents ou représentés) conformément aux dispositions de l’article 24 de la loi du 10 juillet 1965.

Cela, même lorsque certains copropriétaires se proposent de réaliser à leurs frais ces travaux d’accessibilité.

Dans cette dernière hypothèse, on pourrait voir dans le refus majoritaire opposé par l’Assemblée générale des copropriétaires contre une telle initiative un abus de majorité dans la mesure où le refus ne peut pas se justifier par un intérêt économique.

A fortiori, le pouvoir de substitution du juge pour autoriser les travaux supportés seulement par certains copropriétaires prévu par les dispositions de l’article 30 de la loi du 10 juillet 1965 apparaît ici tout à fait opportun.

Il est également à noter que même dans l’hypothèse où des professions libérales sont installées dans l’immeuble, le refus opposé à la réalisation des travaux de mise en accessibilité du bâtiment par l’Assemblée générale des copropriétaires constitue une dérogation de plein droit à la mise en accessibilité de ces établissements recevant du public (Arrêté interministériel du 8 décembre 2014) conformément aux dispositions des articles L.111-7-3 et R.111-19-10 du CCH (voir en ce sens une réponse ministérielle publiée au JO le 19 mai 2016 (n°17967))

C’est dans ce contexte législatif et réglementaire peu propice à la mise en accessibilité des immeubles anciens qu’une proposition de loi est actuellement étudiée devant l’Assemblée Nationale visant à faciliter l’obtention de l’autorisation requise pour les travaux d’accessibilité des personnes handicapées devant l’Assemblée générale des copropriétaires. L’autorisation serait de droit et ne pourrait être refusée qu’à la majorité des membres du syndicat représentant au moins les deux tiers des voix.

Alexandre Guillois
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