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JuriService : un parcours utilisateur simplifié pour une Justice « à portée de clic ».
Parution : mardi 7 mars 2017
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« Rapprocher les justiciables de leur Justice » : telle est l’ambition de l’association JuriService. Pour ce faire, ses bénévoles (développeurs, designers, graphistes, juristes, demandeurs d’emplois, attachée de presse et relations publiques, …) ont adopté la même démarche que les legal start-up, en mettant les besoins des justiciables au cœur de leur projet. Ainsi est né Juriservice.net, qui simplifie l’accès aux informations essentielles aux internautes, souvent effrayés par une procédure judiciaire.
Cécile Pogam, bénévole de l’association, a répondu aux questions du Village de la Justice pour présenter plus en détails leur projet.

Clarisse Andry : Comment est née l’idée de votre site JuriService.net ?

Cécile Pogam : Deux idées principales ont participé à la naissance de JuriService. D’abord, celle que la justice a toujours été critiquée. Comme le souligne Benoît Garnot dans son histoire de la Justice, « selon les époques et les affaires, selon le sort dévolu dans chacune aux parties concernées, on lui reproche d’être trop lente ou trop rapide, d’être trop laxiste ou trop sévère, d’être au service de l’Etat et de l’ordre établi, par conséquent des classes dominantes (une « justice de classe », dit-on), ou de favoriser le crime et la subversion par son laxisme, de ne pas appliquer des lois ou de les appliquer avec trop de rigueur, de couter trop cher … la liste n’est pas close ».
Ensuite, en constatant une accessibilité différenciée à la justice selon que l’on ait, ou non, des personnes initiées autour de soi. Nous avons tous, à un moment donné, entendu quelqu’un nous dire « j’aimerais bien faire quelque chose contre ce qui m’arrive mais comment faire ? Combien cela va me coûter ? Qui contacter pour avoir des informations utiles ? ».

Ainsi à une situation perçue comme injuste s’ajoute la perspective d’une procédure longue et complexe.

Les textes qui encadrent notre vie juridique (bloc de constitutionnalité, codes de procédure, etc.) prévoient pourtant, dans la plupart des cas, la gratuité afin de pouvoir ester librement en Justice. Cette égalité parfaite, dans le cadre de l’exercice d’une liberté fondamentale, donne corps à la Fraternité. C’est ce qui caractérise notre République.
C’est pour permettre, à notre façon, l’exercice concret de ce droit fondamental que nous avons créé l’Association « JuriService » et donné naissance à Juriservice.net.

A quels besoins souhaitez-vous répondre ? Et quelles sont les différences entre l’outil que vous proposez et les sites officiels comme service-public.fr ?

« JuriService répond concrètement au besoin de rapprocher les justiciables de leur justice. »


JuriService répond concrètement au besoin, identifié à la suite de nombreuses consultations, de rapprocher les justiciables de leur justice. Il est le fruit d’un travail dans lequel l’utilisateur a toujours guidé nos choix.
Mais au lieu de fournir les informations détaillées comme peuvent le faire les outils complémentaires que sont service-public.fr ou encore justice.fr, notre approche méthodologique a été différente. Il s’agissait d’abord d’identifier, dans une dimension pratique, les principaux freins à l’accès à la justice et d’y répondre point par point.
Sont alors apparues dans le cadre de nos enquêtes, au-delà de l’interrogation juridique à résoudre, des problématique finalement très subjectives : une représentation souvent fantasmée de la Justice nourrie d’une forte tension émotionnelle.

Tout le design du site ainsi que son ergonomie ont été pensés à travers ce prisme : apporter des informations claires et utiles à un internaute justiciable devant faire face à une situation stressante. Il s’agissait pour nous de partir de problématiques concrètes, proposer un parcours très court (2 clics maximum) pour obtenir une page de résultats qui regroupe uniquement des informations utiles dans le but d’apaiser au maximum les tensions.

L’objectif ambitieux fixé est de pouvoir couvrir l’ensemble des problématiques qu’un justiciable seul peut rencontrer.

Quels coûts engendrent la création et l’alimentation d’un tel site ? Votre outil étant entièrement gratuit, comment assurez-vous ces dépenses ?

Nous sommes actuellement une équipe de bénévoles animée par la conviction profonde d’une possible simplification de la résolution amiable des conflits ou, le cas échéant, de l’accès à tous aux salles d’audiences des Palais de Justice lorsque les textes le permettent.

Nous n’avons pas de « business model », car nous privilégions la gratuité (au même titre que Wikipédia ou le site du service-public). La gratuité et l’anonymat pour les justiciables sont donc essentiels à nos yeux. Ce service ne peut également, selon nous, pas rentrer dans l’univers marchand car il concerne des situations parfois très graves, toujours importantes et jamais réellement quantifiables économiquement.

Concernant les coûts d’hébergement du service, ils sont actuellement négligeables, du fait notamment de choix technologiques peu gourmands en termes de ressources, pour une performance maximale.

Il est également possible de « contribuer » à votre site : tout le monde peut donc participer à sa construction ? Comment sont vérifiées les informations présentes sur le site ?

« Tout le monde peut participer à la construction du site. »


Plusieurs d’entre nous contribuent depuis longtemps et régulièrement au développement du logiciel libre et de l’open-source : c’est une pratique qui est devenue totalement naturelle dans les milieux IT et du web.
En ce sens, tout le monde peut participer à la construction du site (développement, design, etc.)

Chacun est alors en mesure de proposer (via Framagit) des corrections, des améliorations ou de nouvelles fonctionnalités ; chaque proposition est discutée, testée, éventuellement retouchée avant d’être publiée par un de nos administrateurs du dépôt du code.

Concernant les données à caractère juridique, elles sont vérifiées par une équipe de juristes (théoriciens et professionnels du droit) avant leur mise en ligne.

Propos recueillis par Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice
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