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Prix de l’innovation des avocats : "Se rendre accessible à tout prix" !
Parution : lundi 10 avril 2017
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Quatre mois après le début de la 4ème édition, le Prix 2017 de l’innovation des avocats en relation-clients organisé par le Village de la justice s’est achevé le 23 mars par une soirée dédiée à l’innovation de la profession. Avant la remise des Prix aux deux lauréats, les six finalistes se sont réunis lors d’une table ronde afin de revenir sur leurs projets, leurs motivations, leurs attentes… mais aussi les suites de leurs aventures ! Car ce concours n’est, pour chacun, qu’un début...

« Faire le plus beau cabinet du monde, c’est-à-dire celui dont rêvent nos clients et nos collaborateurs. »

Jean-Marie Valentin

Cette phrase de Jean-Marie Valentin, représentant du cabinet Sekri Valentin Zerrouk résume parfaitement la principale inspiration de tous les finalistes au Prix de l’innovation. Pourtant, les 6 projets sont d’une grande diversité : chacun dans leur domaine, ils ont créé un projet qui porte leur vision de ce que doit être le métier d’avocat, et illustrent ainsi la multiplicité des raisons qui peuvent pousser un avocat à se lancer dans la grande aventure de l’innovation.

Pour la gagnante du prix du Jury, Valéry Lontchi, du cabinet Legalix, l’enjeu est avant tout la problématique de l’accès à l’avocat, dont elle s’est emparée après avoir reçu « un spam venant d’une plateforme qui me demandait de m’inscrire pour répondre aux besoins juridiques de clients ». En étudiant plateformes et forums, elle s’est alors rendue compte des très nombreuses questions juridiques posées chaque mois par les internautes, et « qu’1,3% des réponses sont apportées par des avocats ». Être plus accessible permet donc de capter cette clientèle. Un moyen de renforcer la proximité avocat/client, et de proposer un meilleur accompagnement au cours de procédures parfois lourdes, souligne Karine De Luca : « Nous avons écouté les clients et nous nous sommes rendus compte qu’ils n’étaient pas satisfaits de l’accompagnement durant les procédures judiciaires. Nous nous sommes donc demandées comment les accompagner au mieux, pendant les moments importants. »

Raphaël Cottin et Valéry Lontchi

Cette facilité d’accès était également l’objectif du cabinet Albers&Albert, grâce à son application mobile : « Il fallait que les clients aient l’information à portée de main » confirme Suzanne Decobecq. Toutes les innovations présentées reposent d’ailleurs sur les outils technologiques, preuve qu’elles permettent aujourd’hui de proposer des solutions adaptées aux nouveaux besoins des clients. « Nous avons été interpellés par tout ce qui se passe au niveau technologique, aux Etats-Unis et au Canada, et qui commençait à arriver cher nous, explique Katia Bekas Ponet de Cassius Avocat. Nous nous sommes donc demandés ce que nous pouvions faire en tant qu’avocat. » « Pour donner du sens à notre entreprise, à notre métier, à la relation-client, il faut s’appuyer aujourd’hui sur les outils digitaux » renchérit Jean-Marie Valentin.

Pour Pomelaw, lauréat du prix du Public, le but de sa plateforme est de « fluidifier la relation-client. Il fallait proposer une solution directe, et quel meilleur outil que le web ? » souligne Raphaël Cottin.

Innover oui, mais comment ?

Karine De Luca

« Cette innovation a demandé de la réflexion, mais surtout de la créativité, affirme Karine De Luca. C’est ce qui est bien avec notre profession, et nous avons parfois oublié d’être créatif. » Bien sûr, l’innovation repose avant tout sur l’avocat. Mais même plein de bonne volonté, toute la difficulté est de réussir à mener un projet qui nécessite des compétences et un savoir-faire nouveaux. Lors de son élaboration, deux sources d’inspiration sont à prendre en compte : d’abord, le client (encore lui !). « Nous avons étudié les forums pour répondre de façon la plus efficace possible aux demandes des clients » raconte Valéry Lontchi. Ensuite des professionnels, afin d’aider l’avocat à adapter sa stratégie. Car le principal objectif est que l’innovation touche le client visé. Dans cet objectif, « nous avons choisi d’être accompagnés par des professionnels de la relation-client, et nous avons découvert que c’était un véritable métier, souligne Jean-Marie Valentin. Nous souhaitions parler le même langage que nos clients et être convertis par les conseils de nos propres clients. »

Suzanne Decobecq

Face à la complexité des technologies utilisées, il est également indispensable d’avoir des prestataires compétents et de confiance, pour créer les supports imaginés. « Nous avons beaucoup réfléchi en amont, notamment pour les questions de responsabilité et de confidentialité, explique Suzanne Decobecq. Puis nous avons trouvé un partenaire avec qui nous avions envie de travailler, un tel projet prend du temps. »
Et il faut réussir à faire comprendre ce que l’on souhaite, adapter le juridique au technique. « Nous avons été aidés par deux informaticiens pour créer un langage informatique permettant de transposer ce que nous avions imaginé, et obtenir les documents juridiques que nous voulions » souligne Katia Bekas Ponet. Une difficulté qu’a également rencontré Pomelaw : « L’objectif était simple : simplifier la charge administrative. Mais le plus difficile a été d’élaborer le cahier des charges, car il faut rentrer dans le détail. »

Des innovations qui ne s’arrêtent jamais ?

Quand on commence, on ne s’arrête plus ! C’est en tout cas ce que l’on constate avec les finalistes du Prix. S’il est d’abord important de « consolider ce qui a été mis en place » comme le souligne Karine De Luca, ils ont aussi de nombreuses idées pour faire évoluer leurs projets. Ajouts de nouvelles fonctionnalités à l’application pour Albers&Albert, création de packs et développement d’un nouveau domaine juridique pour Cassius Avocats, développement d’outils d’accompagnement et d’événements à destination des avocats pour Granvelle…

Katia Bekas Ponet

Se lancer dans une innovation pousse nécessairement à voir plus loin et à toujours chercher à améliorer son dispositif pour mieux répondre aux clients. «  C’est un vrai travail et une vraie innovation conceptuelle que de créer et d’assurer l’exécution parfaite de ce nouvel environnement, affirme Jean-Marie Valentin. Pour se faire, il faut donc créer de nouveaux métiers, au sein du cabinet. Nous devons changer de façon de travailler afin de répondre à la promesse que nous faisons à nos clients. »

Une innovation peut également se poursuivre en y associant d’autres confrères. C’est en tout cas un élément commun aux deux gagnants. Legalix souhaite ainsi, en plus d’une dématérialisation complète des dossiers traités, lancer un déploiement territorial de leur solution « via des partenariats avec des confères, afin de fournir les mêmes services en ligne et en cabinet, avec les mêmes exigences ». Les fondateurs de Pomelaw, quant à eux, souhaitent « permettre à la profession de prendre le virage du numérique » en leur proposant d’adopter le même modèle que leur cabinet en ligne. « Nous pensons que l’avenir de la profession est de se mettre au niveau des clients, en prise direct, avec les outils et les modes de fonctionnement d’aujourd’hui. »

Une démarche dans la droite ligne du Prix de l’innovation, qui non seulement met en lumière les avocats qui osent le pari de l’innovation, mais qui permet également de créer une synergie entre les participants et tous ceux qui s’intéressent à cette évolution de la profession.

Encore félicitations à tous les finalistes, et rendez-vous en 2018, pour la 5ème édition !

Vous pouvez (re)découvrir les innovations des candidats en vidéos sur le site du Prix.

Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice