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Le rôle des Avocats dans le défi numérique.
Parution : jeudi 20 avril 2017
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Qu’il passionne ou qu’il divise, le numérique est incontestablement un outil de mutation de notre société. Il est indispensable de prendre en compte ce virage numérique qui s’impose à nous : être acteur de la transformation digitale et ne pas la subir.

Dans le cadre du mouvement #PacteNumérique, initié par The Digital New Deal Foundation dont Olivier Sichel en est le Président et dont j’ai la chance de faire partie, le numérique est envisagé comme une force de transformation de notre monde. Ce mouvement a pour ambition de sensibiliser nos candidats à la présidentielle 2017 aux défis de demain dans notre nouveau monde digital sur la base des valeurs suivantes : Liberté, Prospérité, Equité. Le numérique imprègne tous les secteurs, tous les territoires, toutes les classes socioéconomiques.

Nous, Avocats, avons incontestablement notre rôle à jouer dans le défi numérique car nous devons garantir l’accès au droit et en être les ambassadeurs. « Ainsi devenus pauvres sans avoir rien perdu, simplement parce que tout changeait autour d’eux et qu’eux n’avaient point changé ». Voilà comment Jean Jacques Rousseau dans le « Discours sur les inégalités » résumait déjà les conséquences de l’inertie face au changement.

La profession d’avocat ne doit pas changer au risque de se vider de sa substance car la déontologie est une force. Elle doit cependant incontestablement s’adapter au nouveau monde numérique, sans jamais perdre de vue la nécessite d’un meilleur accès au droit.

S’adapter au nouveau monde numérique mais comment ?

Les avocats doivent innover dans leur cabinet.
Ces innovations ne nécessitent pas forcément des outils technologiques très poussés et il ne s’agit pas de remplacer l’avocat par un robot. La relation humaine client avocat doit rester la priorité pour les cabinets. L’avocat doit réinventer sa manière d’aborder le client en se saisissant des outils digitaux que la transformation numérique lui permet d’acquérir. Internet, les réseaux sociaux et la visibilité que cela permet d’acquérir sont déjà les premiers outils simples pour apprendre à « donner » du droit et faire valoir sa valeur ajoutée. En effet, l’avocat doit apprendre à divulguer de l’information gratuite pour renouer le lien avec le public. Plus on donne du droit, plus on crée le besoin de droit, plus on consomme du droit.

Les avocats doivent aussi investir les LegalTech que ce soit pour collaborer avec celles-ci ou pour s’y associer. Ces startups du droit aujourd’hui opèrent sur un marché que les avocats n’avaient de toute manière jamais investi et dans lequel il y avait un vide de droit, malgré un besoin évident des justiciables, mal compris et anticipé par les avocats. Ces acteurs ne sont donc pas des ennemis, bien au contraire, et sont aujourd’hui pour les professionnels du droit un levier et un moyen d’acquérir de nouvelles clientèles en soif de droit. Avocats et LegalTech peuvent et doivent être complémentaires. Par ailleurs, si l’avocat veut reprendre sa place sur le marché du droit, il est impératif que celui-ci reprenne le contrôle du marché. Or, pour reprendre la main, il faut justement collaborer avec ces startups du droit en imposant nos règles déontologiques. Enfin, il est permis à l’avocat de s’associer à des projets de LegalTech pour faire ensemble le droit de demain.

Les avocats doivent aussi se fédérer afin de réfléchir ensemble à de nouvelles opportunités pour notre profession. C’est déjà le cas, tant au sein des incubateurs des barreaux de Paris, Marseille et Lyon, qu’au niveau du Conseil National des Barreaux avec la Commission Prospective. Les instances ordinales doivent encore plus encourager ces énergies positives et ces initiatives. Elles doivent aussi mener une réflexion nationale pour que notre profession puisse s’adapter plus vite aux changements que le numérique nous impose. Il faut éviter que les professionnels du droit s’enferment dans un monde qui les couperait de l’innovation juridique, au risque de s’exclure finalement du marché du droit.

Le numérique est une opportunité pour faire évoluer notre société et nous devons trouver un équilibre. L’avocat de demain ne sera pas un avocat « on line », un objet ou un robot connecté, mais bien un avocat humain tourné vers les nouveaux besoins du client, que sont rapidité et simplicité, grâce au numérique. Le numérique est une force de transformation du droit pour un meilleur accès au droit, alors soyons acteurs de l’avenir de notre profession !

Rédaction du village