Village de la Justice www.village-justice.com

Une journée avec… Geneviève Maillet, première femme bâtonnière du barreau de Marseille.
Parution : jeudi 22 juin 2017
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/Une-journee-avec-Genevieve-Maillet-batonniere-barreau-Marseille,25304.html
Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

Le Journal du Village de la Justice reprend sa chronique consacrée au quotidien des professionnels du droit, avec Geneviève Maillet, première batônnière du barreau marseillais. Elle a accepté de nous parler de ses habitudes, dans ses journées rythmées.

Clarisse Andry : Comment commencez-vous votre journée ?

Geneviève Maillet : Il n’y a pas de journée classique, la suivante ne ressemble jamais à la précédente. Mon astuce est donc d’arriver avant que la journée ne commence. Les audiences débutent à 8h30, et l’activité ordinale à 9 heures : l’idéal est donc d’arriver au cabinet à 7h45, afin d’avoir le temps de visualiser les audiences et les urgences de la matinée, et de vérifier que l’organisation que j’ai mise en place la semaine d’avant est toujours d’actualité. Ma matinée est ensuite rythmée par les audiences et les rendez-vous significatifs, concernant notamment la déontologie, puis par des conférences-débats. Vient ensuite un déjeuner professionnel ou ordinal, et l’après-midi de nouveau les audiences et l’ordre. Puis le soir, je me rends à des événements auxquels j’ai été invitée. On dirait que c’est organisé, mais rien n’est systématique.

Avez-vous un projet qui vous tient particulièrement à cœur en ce moment ?

Le projet qui me tient particulièrement à cœur en ce moment, c’est 2018, car nous célébrerons les 100 ans de l’Armistice. Tout le monde veut oublier la guerre de 14-18 parce que cela a été un charnier européen épouvantable, mais l’Armistice reste le symbole de la paix.
Je me souviens d’une citation de Jean Cocteau qui dit « ce que l’on te reproche, cultive-le, c’est toi ». Ce que l’on reproche aux avocats, aux femmes, aux méditerranéens, ou encore à ceux qui font du commerce et de l’échange, c’est de trop parler. Pourtant, sans ces personnes qui parlent, sans échange, il y a conflit, s’il y a conflit, il y a guerre, et s’il y a guerre il n’y a pas de paix. Je pense donc que lancer une conférence sur le thème des paroles de paix en Méditerranée en 2018, pour les 100 ans de l’Armistice, aurait du sens.

Quel est votre endroit préféré pour déjeuner ?

J’aime beaucoup aller dans une librairie qui s’appelle les Arcenaulx, qui est au cœur de l’arsenal des galériens, qui construisaient des navires destinés à partir loin, alors qu’eux restaient enchainés. C’est un restaurant qui vous sert des nourritures terrestres dans le décor d’une ancienne librairie et de l’ancienne maison d’édition Laffitte, tenu par deux sœurs, et c’est un endroit où j’aime bien me retrouver.

Quelle est l’activité quotidienne dont vous ne pouvez pas vous passer ?

Je crois que l’on peut malheureusement se passer de tout. En revanche il y a des choses plus essentielles que d’autres, et il est vrai que je suis très attachée à la musique. C’est un langage universel, et je crois qu’il serait difficile de s’en passer. La voix humaine est aussi une très belle chose, et quand on parle de « ténor du barreau », on pense aussi à l’émotion que la voix peut transmettre. Je crois que la musique est tellement essentielle que la barbarie veut l’étouffer autant que d’autres valeurs culturelles. Dans la musique, il y a l’harmonie, et finalement, si j’ai choisi d’être avocat, de défendre les justiciables, de leur présenter leurs droits, d’écouter leur souffrance, c’est bien pour retrouver une certaine harmonie. Je crois que la musique a cette perfection.

Si vous n’aviez pas été avocat, quel métier auriez-vous exercé ?

Je pense que j’aurais été professeur de gymnastique. Ou j’aurais aimé aussi apprendre à lire. Je trouve qu’apprendre à lire, ou même recevoir un enseignement, c’est s’ouvrir à la liberté. Que ce soit le corps ou l’esprit, que ce soit apprendre à lire ou à développer ses capacités physiques, ce n’est jamais que l’apprentissage de la liberté.

Propos recueillis par Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice