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Management juridique : le besoin d’innover des directions juridiques.
Parution : vendredi 21 juillet 2017
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Innover au sein d’une direction juridique et d’une entreprise n’est pas simple : mobiliser les équipes, convaincre les instances dirigeantes, mettre au point un outil si nécessaire, convertir tous les destinataires… Les six finalistes du Prix de l’innovation 2017 ont rapporté leur expérience durant la dernière table ronde de la Journée du management juridique. Projet, obstacles, retours…
Leurs témoignages font finalement ressortir que l’innovation n’est pas un luxe : elle est indispensable.

« Le risque, c’est de ne pas risquer l’innovation. » La phrase de Patrick Remot, directeur juridique et compliance de Clear Channel France, résume parfaitement tout l’enjeu que représente aujourd’hui la question de l’innovation pour les directions juridiques. L’expérience de chacun démontre que les motivations à une telle entreprise sont multiples, mais que la démarche est incontournable.

Innover, pour s’adapter

Patrick Remot

Il peut s’agir de défendre la place de la direction juridique au sein de l’entreprise, comme c’était le cas pour le département de Patrick Remot : «  La direction juridique était devenue inaudible, il a donc fallu la réinventer. Nous avons alors décidé de casser les codes. » Le département peut aussi devoir suivre la stratégie de l’entreprise. Soit parce que cela fait partie de son ADN, comme le décrit Philippe Clerc, sous-directeur affaires juridiques du CNES : « Le CNES a le défi de proposer les nouveaux outils pour les explorations de demain, nous voulions donc participer au mouvement d’innovation de l’entreprise ». Soit pour s’adapter au virage pris par l’entreprise : « En plus de nous adapter aux besoins de nos clients internes, Club Med est rentré dans une phase d’accélération d’innovation digitale, explique Emmanuelle Vaudoyer, directrice juridique et secrétaire générale du Club Med, ce qui nous a amené à réfléchir sur un projet que nous pourrions proposer. » Même constat pour Faina Galai, responsable juridique groupe de Innothera : « Il nous fallait être réactifs et trouver des solutions innovantes, afin de répondre au défi de business mondial mené par l’entreprise ».

Philippe Clerc

Enfin, la volonté d’innover peut répondre à un besoin précis de management, qu’il soit interne au service juridique, ou lié aux relations avec les autres départements. « La demande de rapidité et de réactivité exigée aujourd’hui des juristes a imposé que l’on s’adapte » confirme Véronique Delvigne, responsable du département public Environnement Immobilier chez Total Marketing Service. Pour Alexandra Vogelin-Dehat, responsable des projets juridiques et knowledge manager de Société Générale, « la motivation était multiple : apporter plus de prestations de service à nos clients internes, créer une cohésion au sein de la direction juridique, et centraliser les informations afin d’éviter une déperdition de connaissances. »

Mener un projet malgré les obstacles…

Emmanuelle Vaudoyer

Mener un projet qui transforme l’organisation de son département, les méthodes de travail ou encore les rapports au sein de l’entreprise crée nécessairement des obstacles … De courte durée. Le premier obstacle à craindre est évidemment les juristes eux-mêmes. Gagner l’adhésion de son équipe est indispensable pour que l’innovation soit un succès : ils sont en effet les premiers concernés, et ceux qui utiliseront les outils éventuellement mis en place. « Le gros challenge a été de trouver un outil qui génère le consensus entre tous les juristes, pour qu’ils y contribuent naturellement, sans avoir l’impression de perdre leur savoir, confirme Alexandra Vogelin-Dehay. Je suis contente de dire que les juristes s’y mettent et n’ont plus peur ! Le deuxième effort a ensuite été de conduire le changement auprès des opérationnels. »

Faina Galai

Convertir les clients internes a également été la difficulté de Faina Gaia : « Il a fallu être pédagogue. On est au 21ème siècle, nous devions innover et trouver cette solution digitale pour travailler. L’autre obstacle était de dégager beaucoup de temps pour mettre en place ce projet. Pour le développement informatique, plusieurs membres de la direction juridique et les ingénieurs informatiques ont travaillé sur le projet. Il s’agissait ensuite de former une cinquantaine de personnes. »
Mais contre toute attente, un obstacle peut aussi s’avérer être une force dans la construction d’un tel projet, explique Philippe Clerc : « Notre obstacle, mais aussi notre motivation a été la contrainte de moyens. Le premier volet de notre innovation a donc été de rationnaliser notre mode de fonctionnement, et prolonger notre action en utilisant l’expertise déjà existante et gratuite, à savoir les universités. Elles ont une réflexion en amont, sont motivées à réfléchir sur les problèmes juridiques que peuvent générer les nouvelles formes d’exploration de l’espace. C’est finalement la contrainte qui a déterminé la méthodologie de notre innovation. »

… pour des bénéfices indéniables

Véronique Delvigne

Chacun des finalistes, malgré les difficultés, ont déjà constaté les retombées positives de leur démarche. « Les retours sont très élogieux, et les opérationnels sont contents de notre travail, explique Patrick Remot. L’entreprise maintenant nous soutient beaucoup. » Innover permet en effet de changer la perception, voire le positionnement de la direction juridique, comme le précise Emmanuelle Vaudoyer : « Le juriste est vu comme quelqu’un d’innovant, et l’équipe perçue comme étant au cœur de la transformation de l’entreprise. »

Alexandra Vogelin-Dehay

La direction juridique peut alors devenir une inspiration pour les autres départements de sont entreprise. « Nous mettons notre innovation en avant au sein de l’entreprise, y compris pour les clients et les opérationnels qui ne font pas de transaction immobilière, confirme Véronique Delvigne. Ils aimeraient pouvoir utiliser le même type d’outils. Il ne faut pas avoir peur de changer ses méthodes de travail si cela signifie s’adapter aux techniques de l’entreprise. »

« Oser », « avoir de l’audace », « évoluer », doivent finalement être les maîtres mots des directions juridiques d’aujourd’hui, si elles veulent pouvoir relever les multiples défis qui se présentent.


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Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice
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