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La profession d’avocat évolue, les associations d’avocats aussi.
Parution : jeudi 14 septembre 2017
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Ces dernières années, la pratique du métier d’avocat a fortement changé que ce soit du fait des nouvelles règles qui lui sont applicables, des besoins des clients qui évoluent ou encore du fait que les clients perçoivent de plus en plus le métier de conseils et de défense de l’avocat comme un produit de consommation parmi les autres.
Est-ce pour faire face à ces évolutions, est-ce pour contrer un manque de clairvoyance des institutions, ou est-ce pour des raisons plus intrinsèques à la profession que de nouveaux types d’associations d’avocats voient le jour ?

Au travers d’une interview de Romain Omer et David-Olivier Guillain, fondateurs de l’Association des avocats numériques et d’une présentation de l’association Les avocats entreprennent, le Village de la Justice commence à répondre à ces questions.

Aux côtés des associations plus anciennes et aux yeux de certains plus classiques, deux nouvelles associations, initiées pas des avocats, ont vu le jour en juillet 2016 et en juin 2017 : l’Association des avocats numériques [1] et l’Association Les Avocats entreprennent [2].

Pourquoi nous y intéresser ? Plusieurs suggestions pour éveiller votre intérêt.
Tout d’abord elles ne sont pas dédiées à un domaine particulier du Droit, mais à des thématiques spécifiques : les avocats et le numérique pour l’une, le côté entrepreneurial du métier d’avocat pour l’autre.
D’autre part, ces deux associations créées par des avocats pour des avocats, ont le souci d’agir, de faire évoluer leur profession le plus vite et le mieux possible. En regroupant des avocats autour de problématiques qui ont une influence directe sur l’exercice de leur profession, elles leur donnent la possibilité de se prendre en main sans attendre.

Le leitmotiv de ce nouveau type d’associations pourrait-être : « Entreprendre, plutôt que subir ! »

L’Association des Avocats Numériques :

L’Association des Avocats Numériques a été créée en juillet 2016 par Romain Omer et David-Olivier Guillain dans le but de prendre en compte le numérique et d’en déterminer les modalités d’usage dans la profession d’avocat.
Elle a pour vocation d’enrichir la réflexion mais aussi d’apporter des éléments d’information concrets sur les solutions possibles, de présenter les bonnes pratiques et les différents usages dans les cabinets d’avocats auprès des institutions.
L’association s’adresse à tous les avocats concernés par la place du numérique dans leurs activités et organisera une réunion en septembre-octobre afin de présenter ses grands chantiers, et viendra même à la rencontre de "son public" au prochain Village de la Legaltech, 2e Edition.

Interview avec Romain Omer et David-Olivier Guillain, avocats et fondateurs de l’Association des avocats numériques...

Romain Omer et David-Olivier Guillain.

Marie Depay : Pour défendre votre vision de l’avocat numérique, pourquoi créer une association et non pas un lobby, un syndicat ou un réseau d’avocats ?

"Une Association car nous faisons interagir diverses parties prenantes dans la réflexion..."

Romain Omer et David-Olivier Guillain : Notre approche ne consiste pas à opposer les avocats utilisant les nouvelles technologies au reste de la profession : il s’agit plutôt de créer une réflexion et un débat avec les professionnels du droit et des experts du numérique sur la place et le périmètre des nouvelles technologies dans l’exercice du droit. Ces échanges permettent de réfléchir aux évolutions de l’activité, de nourrir le débat, de partager les bonnes pratiques et de proposer des solutions concrètes.

Dans cette logique de partage et d’échange, il nous semblait plus pertinent de nous orienter vers une association plutôt qu’un lobby, syndicat ou réseau d’avocat car nous faisons interagir diverses parties prenantes dans la réflexion et nous encourageons les professionnels du secteur à s’adapter aux usages du numérique dans leur profession.

En créant cette association, est-ce une façon pour vous de dire à vos institutions qu’elles ne vous comprennent pas ?

"Les institutions peuvent être un facilitateur dans la transition numérique de la profession d’avocats."

En créant cette association nous partons du constat que la profession est en évolution, ce qui impose tant de prendre en compte les changements de la société que les évolutions technologiques. Avec l’arrivée des nouveaux acteurs tels que les legal-tech proposant des offres de services juridiques en lignes à moindre coût, les cabinets d’avocats doivent ainsi s’adapter à cette nouvelle forme de concurrence et utiliser les leviers des nouvelles technologies à leur avantage.

Notre association a pour vocation d’enrichir la réflexion mais aussi d’apporter des éléments d’information concrets sur les solutions possibles, de présenter les bonnes pratiques et les différents usages dans les cabinets d’avocats auprès des institutions. Il est important que les propositions découlent de la profession en amont puis qu’elles soient discutées dans un second temps auprès des institutions. Les institutions peuvent être un facilitateur dans la transition numérique de la profession d’avocats.

Pourriez-vous nous expliquer votre "vision nouvelle" du métier d’avocat ?

"L’avocat va développer ses propres outils numériques adaptés à son expertise..."

L’avocat de demain est un avocat entrepreneur, innovant tout en étant développeur à la fois. Le métier a évolué et les nouvelles technologies sont fondamentales au développement de sa fonction. L’avocat va développer ses propres outils numériques adaptés à son expertise et à la demande de ses clients. L’outil numérique permet à l’avocat de diversifier son offre, de trouver des nouveaux clients et de faciliter sa relation avec ces derniers et ainsi d’être plus transparent dans son accompagnement.
Il optimise sa prestation grâce aux nouvelles technologies en proposant par exemple un tableau de bord de suivi des procédures, l’automatisation de certaines tâches, une simplification des procédures qui lui permet de libérer du temps pour sa réelle plus-value : le conseil.

L’Association Les avocats entreprennent.

Les avocats entreprennent est cette association créée en juin 2017, qui s’est faite connaître en diffusant une vidéo mettant en scène les difficultés rencontrées par un avocat pour créer son cabinet en opposition aux installations sur le marché du Droit, plus simples, d’un expert-comptable ou d’une legaltech :

https://youtu.be/28daUYFNSaM

L’association est partie du constat suivant : le cabinet d’avocat est certes une entreprise, mais une entreprise bridée dans sa création et son développement.
Philippe Charles, Président de l’association estime que « sur le marché du Droit il est plus simple d’entreprendre quand on n’est pas avocat que lorsqu’on en est un ».
C’est pour lutter contre ces contraintes, qu’elle juge anti-concurrentielles que l’association développe le concept suivant : « Libérer, transformer et accompagner l’entreprise d’avocats. »

L’association propose à ses adhérents d’agir :
- sur les structures en favorisant la pleine application de la loi dite Macron,
- sur le financement en ouvrant les capitaux à la famille, aux amis, aux investisseurs...
- d’agir sur le numérique en permettant aux avocats de se développer sur le Net sans intermédiaire,
- sur la formation des futurs et nouveaux avocats et de leur enseigner l’économie et la gestion d’une entreprise,
- sur le statut de l’avocat en entreprise en facilitant la mobilité des avocats entre la profession et l’entreprise.

L’association a pour priorité de se tourner vers des interlocuteurs qui ont une vision économique du marché du Droit.

Ces associations d’avocats d’un type nouveau prennent à bras le corps des problématiques qui ont une incidence directe sur leur profession. Mais sauront-elles toucher l’ensemble des avocats ? Auront-elles une force et une action suffisantes pour leur faire prendre conscience qu’ils doivent être acteurs et non pas simples spectateurs face aux évolutions de leur profession ? ...D’agir pour ne pas subir.

Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.
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