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« Le Brio » : une rencontre choc autour de l’éloquence.
Parution : mardi 7 novembre 2017
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Celui qui possède l’art de maîtriser la parole détient un pouvoir certain : c’est tout l’objet du film Le Brio du réalisateur Yvan Attal, interprété par Daniel Auteuil et Camélia Jordana.

(Ce film est sorti en salle en 2017...mais vous aurez peut-être la chance de le voir ou le revoir au hasard des programmations des plateformes de streaming ou à la télévision...)

L’art oratoire et les concours d’éloquence sont depuis toujours à l’honneur dans les facultés de droit, les écoles du barreau ou les Instituts d’études politiques, permettant aux étudiants d’aiguiser leur sens critique et de s’ouvrir aux autres.

Dans son film Le Brio, Yvan Attal met en scène la vie de Neïla Salah (Camélia Jordana), jeune femme brillante, ayant grandi à Créteil et qui rêve de devenir avocate.
Inscrite à l’Université d’Assas dans les beaux quartiers parisiens, elle suit les cours de Pierre Mazard (Daniel Auteuil), professeur reconnu mais provocateur.
Pour se racheter une conduite et éviter la sanction, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. Portée par ce mentor à la fois tyrannique et bienveillant, Neïla plonge dans l’univers des joutes verbales, de la rhétorique et de l’excellence...

On parle d’art oratoire car il faut pour l’orateur maîtriser l’ethos, ou l’image que l’orateur construit de lui-même par son discours ; le pathos, ou la capacité à soulever les émotions de son auditoire et enfin le logos qui correspond à la persuasion par le raisonnement et l’argumentation.

Le film met effectivement à l’honneur l’art de savoir construire un discours, d’accrocher un public, de le captiver, de le séduire, pour le convaincre. « Avoir raison, la vérité on s’en fout » martèle ainsi le professeur Mazard.

Mais Le Brio décrit surtout un processus d’adaptation. Les personnages sont certes un peu caricaturaux : une jeune femme de banlieue qui débarque dans une faculté de droit élitiste, et qui se confronte dès ses cinq premières minutes d’étudiante à un professeur réac’ et raciste. Mais ils font cependant ressortir une grande vérité : celle des codes... Les codes du droit, pas ceux qui contiennent les lois et la jurisprudence, mais ceux qui permettent d’intégrer le monde du droit lorsqu’on y a jamais été familiarisé auparavant.

En apprenant l’art ancestral de l’éloquence, Neïla intègre peu à peu ces codes sociaux pour se fondre dans ce nouvel univers, se faire mieux voir par les autres. Il faut s’adapter, pour s’en sortir. L’éloquence est alors l’art de se faire remarquer et d’interpeler, en adoptant les mêmes codes que les autres, mais en mieux.

La rencontre crée évidemment des étincelles et facilite les répliques parfois un peu bateau. Mais elle reste malgré tout attendrissante, et l’on se laisse entraîner dans le parcours de cette jeune femme déterminée.

Rédaction du Village de la Justice.
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