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Traumatisme cranien : le handicap invisible. Par Michel Benezra, Avocat.
Parution : vendredi 20 avril 2018
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A la suite d’un accident de la route (60% des cas), la victime d’un traumatisme crânien va avoir des séquelles physiques et des séquelles fonctionnelles plus ou moins graves dont certaines sont dites invisibles : c’est le handicap invisible du traumatisé crânien.

Pour mémoire, le degré d’atteinte de la conscience, est évalué grâce à l’Echelle de Glasgow (de 3 à 15) qui fixe le degré de gravité du traumatisme crânien :
- traumatisme crânien grave : Glasgow égal ou inférieur à 8,
- traumatisme crânien modéré : Glasgow compris entre 9 et 12,
- traumatisme crânien léger : Glasgow compris entre 13 et 15.

Le traumatisé crânien aura d’importants troubles cognitifs et des troubles comportementaux qui vont l’empêcher de continuer à vivre normalement.
Ces troubles cognitifs et autres sont de véritables handicaps professionnels, handicaps sociaux et handicaps personnels car les fonctions supérieures sont atteintes.
Pourtant, ces troubles ne sont pas visibles… ils sont invisibles et l’on parle alors du handicap invisible du traumatisé crânien.
Invisible ? tout simplement parce que les lésions fonctionnelles visibles sont minimes (atteintes motrices, du langage, de l’ouïe, de la vision) alors que sur le plan neurologique, et comportemental, les séquelles invisibles peuvent être extrêmement graves (séquelles cognitives, neuropsychologiques, psychiatriques, comportementales, et psycho affectives).

C’est ici, la particularité des dommages corporels du traumatisé crânien.

L’environnement social (famille, amis,…) du traumatisé crânien est largement perturbé à cause des séquelles du traumatisme crânien telles que l’irritation excessive et imprévisible, les difficultés pour s’exprimer et autres symptômes.

Trois types de séquelles pour le traumatisé crânien :
- Séquelles Neurologiques :

Troubles de la mémoire, troubles comportementaux, troubles de l’attention, troubles de l’exécution, troubles de la communication

- Séquelles Somatiques :

Fatigue, céphalées, sensations vertigineuses, intolérance au bruit, troubles du sommeil

- Séquelles Psychiatriques :

Syndrome de stress post-traumatique, troubles dépressifs, troubles sexuels

Comment alors diagnostiquer en expertise ces souffrances, ces préjudices car c’est tout le problème du handicap invisible car pour certains, tout ce qui n’est pas visible n’est pas indemnisable.

L’expertise judiciaire ou amiable est succincte et le traumatisé crânien aura toutes les difficultés à exprimer ses douleurs, ses difficultés et ses cauchemars face à un expert souvent pressant.

Aussi, nous conseillons régulièrement nos clients, victime d’un traumatisme crânien (surtout à son entourage, la victime étant incapable de réaliser une telle tâche à la suite d’un traumatisme crânien) de tenir un journal de bord en répertoriant toutes les séquelles et difficultés afin de retranscrire correctement au médecin expert, le handicap invisible.

En tout état de cause, un expert neurologue devra assister le traumatisé crânien car s’il est aisé de constater un déficit fonctionnel, la chose est rendue plus compliquée lorsqu’il s’agit de déterminer les souffrances invisibles.
Néanmoins, le neurologue, expert en traumatismes crâniens saura appréhender au mieux ces préjudices invisibles grâce à son expérience d’autres traumatismes crâniens plus ou moins graves.
Il pourra par exemple, ou sur proposition de votre avocat dommage corporel, proposer un « Bilan » d’un ergothérapeute afin d’évaluer les besoins en aide humaine en mettant le traumatisé crânien en situation dans son cadre de vie afin d’analyser ses difficultés.

« Comment évaluer le syndrome dysexécutif ?
Un syndrome dysexécutif (l’activité de planification, de supervision et de gestion de la pensée et des conduites) doit être recherché par le médecin expert lors de l’évaluation du dommage d’un traumatisé crânien. Le syndrome dysexécutif caractérise un mauvais fonctionnement de ce système. Par conséquent, les traumatisés crâniens peuvent présenter un excès (manque d’initiative) ou un défaut d’inhibition (persévération et impulsivité), des troubles de la stratégie et des problèmes de mémoire de travail. »

Lorsqu’ il s’agit de les expertiser, il est essentiel de faire valoir l’ensemble des préjudices pour être indemnisé correctement.

Quelques définitions en dommage corporel ?

Amnésie rétrograde
L’amnésie de la mémoire à long terme, appelée amnésie rétrograde, se manifeste lorsque l’hippocampe est endommagé. Appelée aussi corne d’Ammon, l’hippocampe est situé à la base du cerveau dans la zone du lobe temporal. L’altération de cette partie du cerveau déclenche une détérioration partielle ou totale des mémoires sémantique et épisodique (la mémoire dite déclarative).
La mémoire sémantique est celle qui permet à un sujet de se remémorer le prénom de sa grand-mère décédée dix ans plus tôt, ou le sens d’un mot savant appris sur les bancs du lycée.
La mémoire épisodique est celle qui rend possible le souvenir d’une date de mariage ou des événements associés à un déménagement.

Amnésie antérograde
L’amnésie de la mémoire courte, appelée amnésie antérograde, apparaît lorsque certaines zones du cortex préfrontal, mais aussi occipital et pariétal, altèrent le fonctionnement normal de réseaux neuronaux impliqués dans l’apprentissage et la mémoire de travail.
Cette forme d’amnésie interdit la mémorisation d’un nom, d’un chiffre, d’une procédure qui vient à peine d’être lu, vu ou entendu par le patient ; cette amnésie freine, voire interdit, toute capacité d’apprentissage et d’appropriation de nouveaux savoirs.

Anosognosie
L’anosognosie est un symptôme lié à un trouble neurologique : la personne qui en souffre n’a pas conscience de la perte de ses facultés liée à une maladie ou un handicap. Contrairement au déni, qui est d’ordre psychologique, l’anosognosie est d’ordre pathologique même si elle reste un mystère pour la science.

Fonctions cognitives
Les fonctions cognitives peuvent être définies comme des opérations mentales permettant de percevoir, connaître et comprendre le mode extérieur, d’en formuler des représentations (...)

Michel Benezra BENEZRA AVOCATS Droit Pénal Routier & infractions routières Droit des victimes de la route & réparation des préjudices corporels Droit des Assurances de véhicules & litiges liés à l'indemnisation https://www.benezra.fr