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Fonction support : être responsable informatique dans un cabinet d’avocats.
Parution : mardi 5 février 2019
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Répondant à son esprit de Communauté, le Village de la Justice aime mettre régulièrement les fonctions support des cabinets d’avocat à l’honneur. En voici une peu commune : celle de responsable informatique.
Christophe Grélard, qui occupe ce poste depuis plus de 20 ans, nous en confie sa vision.

Le Village de la Justice : Plantons le décor, pouvez-vous nous décrire le cabinet dans lequel vous travaillez ?

Christophe Grélard : "Le cabinet Adamas est un cabinet d’avocats indépendant créé il y a tout juste 50 ans cette année. C’est une équipe d’environ 110 personnes, dont 60 avocats spécialisés en droit public et en droit économique et international.

Nous sommes installés en France (à Paris, Lyon et Bordeaux), en Chine (à Pékin et Shanghai) ainsi qu’en Inde (à New Delhi).

Au service informatique, nous sommes deux personnes, assistées par des fournisseurs de matériels et de prestations avec qui nous avons forgé des liens de confiance depuis des années.

Le service informatique est historiquement rattaché au secrétariat général du cabinet."

V.J : En quoi consiste votre travail, et quelle formation avez-vous suivie ?

C.G : "Mon poste de responsable informatique couvre des domaines extrêmement variés, tels que :
- la traduction des orientations stratégiques du Conseil de Direction en grandes orientations techniques et digitales ;
- l’assistance à l’expression des besoins des utilisateurs ;
- le choix et la mise en œuvre de solutions techniques ;
- le suivi budgétaire des chantiers et des équipements ;
- l’exploitation de l’infrastructure informatique ;
- l’assistance et la formation des utilisateurs.

Concrètement, mon poste a une forte composante opérationnelle, c’est une volonté de ma part d’être techniquement extrêmement impliqué dans les solutions déployées et dans leur mise en œuvre auprès des utilisateurs finaux.

Christophe Grélard

Je suis autodidacte, né professionnellement au début des années 80 en même temps que l’avènement en entreprise de l’ordinateur individuel puis des réseaux locaux quelques années plus tard puis ensuite d’Internet, et désormais de la virtualisation des outils et des services.

J’ai aujourd’hui presque 40 années d’expérience, dont plus de 25 passées quasi spécifiquement à assister des cabinets d’avocats dans le développement de leurs outils de production, mais aussi d’aide à la décision."

V.J : On entend de plus en plus parler dans les cabinets d’avocats de la fonction de "Chief Digital Officer" : quelle est la différence avec votre propre fonction ?

C.G : "De manière très concise, je pense que mon métier consiste à estimer s’il vaut mieux « faire en informatique » ou « apprendre à l’utilisateur à faire » ; il s’agit d’estimer constamment dans le cadre de la stratégie du cabinet s’il serait plus judicieux de concevoir un outil technologique pour réaliser une tâche et de lui apprendre à s’en servir ou bien d’enseigner à une personne du métier la brique informatique qui lui fait défaut pour qu’il puisse réaliser ou programmer cette tâche.

« J’essaie de faire en sorte que le lien entre les avocats et leurs équipes support, essentiellement les assistantes, soit pour moi un exercice quotidien. »

Comme indiqué, la forte composante opérationnelle de mon métier passe par les réussites successives de petits projets qui mis bout à bout génèrent la réussite des grands, sous l’impulsion stratégique de la direction... soit quasiment le contraire du Chief Digital Officier, non ?"

V.J : Comment se fait le lien avec les avocats ? Concrètement, comment travaillez-vous ?

C.G : "J’essaie de faire en sorte que le lien entre les avocats et leurs équipes support, essentiellement les assistantes, soit pour moi un exercice quotidien. C’est ainsi qu’on peut imaginer les besoins et sonder les attentes, les manques et les pistes d’améliorations ; ceci se traduit par l’animation de groupe d’utilisateurs pilotes sur des sujets précis, par de la réponse à la hotline très souvent source d’inspiration, par la présentation auprès de la Direction de nouvelles technologies potentiellement porteuses de business ou sources de productivité de leurs équipes et par la formation continue. D’ailleurs le temps me manque pour l’assurer au niveau où je le souhaiterais !"

V.J : Quel a été l’impact du RGPD dans l’exercice de votre fonction ? Des nouveaux postes ont-ils été créés ?

C.G : "Dans notre cabinet, nous avons mené en interne le projet RGPD, sans création de poste, sous la forme, je dirais, du : « tous impliqués, tous responsables dans nos activités ». Nous avons cependant été aidés et continuerons à l’être sur tous les aspects techniques et organisationnels que nécessitent le sujet, je pense naturellement à la sécurité du SI [1] en tant que responsable informatique, mais chaque entité s’implique de la même manière dans le cadre de ses fonctions."

« L’automatisation de tâches permet aux équipes de pouvoir faire mieux et plus avec des contraintes économiques maîtrisées. »

VJ : Pour finir, un peu de prospective : quelles sont les évolutions, d’après vous, que les fonctions supports vont ou sont en train de subir ? Les avocats craignent l’automatisation de certaines de leurs tâches, et donc une perte d’activité : et de votre côté ?

"Durant toute mon activité professionnelle au côté des avocats, l’automatisation de tâches n’a jamais été source de perte d’activité ; bien au contraire, elle a toujours permis aux équipes, avocats ou à leurs fonctions supports, de pouvoir faire mieux et plus avec des contraintes économiques maîtrisées, toujours dans l’intérêt de leurs clients.
Mais peut-être ai-je toujours eu la chance de côtoyer de grands professionnels qui avaient et ont de leur métier une vision d’artisan et même d’artisan d’art sachant entraîner leurs équipes dans cette dynamique, avec désormais toute la puissance technologique actuelle et à venir."

Propos recueillis par Nathalie Hantz Rédaction du Village de la Justice

[1Système Informatique.