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« Numetik Avocats : un cabinet 2.0 dédié aux entreprises d’aujourd’hui et de demain ».
Parution : mardi 26 février 2019
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C’est le cinquième et dernier finaliste 2019 de la 6ème édition du Prix de l’innovation des avocats en relation-clients que nous vous présentons cette semaine. Le cabinet Numetik Avocats, représenté par Elise Guilhaudis, a ainsi mis en place un ensemble d’innovations, allant de services juridiques en ligne à des outils mis à disposition de ses clients, en passant pour l’adoption de nouvelles méthodes de travail, dans le but de proposer une offre de « cabinet 2.0 ».

Nous avons pu revenir, au cours d’un entretien, sur les différentes étapes de son innovation et des principes qu’elle souhaite défendre grâce à elle.

Comment vous êtes-vous préparée pour lancer cette innovation ?

Après avoir été avocate collaboratrice au sein du cabinet Simon Associés à Paris, j’ai passé 10 ans dans différentes entreprises en tant que juriste et responsable juridique salariée. Lorsque je suis rentrée à Grenoble, ma région natale, le cabinet m’a proposé d’ouvrir un bureau secondaire sur place. J’ai accepté le challenge et me suis donc intéressée aux activités des entreprises grenobloises ainsi qu’aux domaines de compétence des confrères en local, pour pouvoir construire une offre de services juridiques cohérente.

J’ai alors fait le constat suivant : les attentes des entreprises dans le domaine juridique ont évolué. Celles-ci attendent des solutions plus rapides et moins chères pour répondre à leurs besoins juridiques courants, tout ayant de nouveaux besoins dans certains domaines, notamment en droit du numérique. Le bassin grenoblois est l’un des plus innovants, mais toutes les entreprises se transforment numériquement et sont confrontées à des questionnements sur la sécurité de leurs données, sur le développement du logiciel, sur la vente en ligne, … Beaucoup d’entre elles ont donc besoin de conseils juridiques adaptés, et d’un avocat présent localement pour les accompagner. Pourtant, peu d’entre eux ont pris le tournant du numérique et sont capables d’y répondre.

« J’ai décidé de créer ma propre structure avec un objectif clair : rapprocher l’avocat des entreprises grâce à l’innovation. »


J’ai donc décidé de créer ma propre structure, Numetik Avocats, avec un objectif clair : rapprocher l’avocat des entreprises grâce à l’innovation. Tout en suivant une spécialisation en droit du numérique, j’ai repensé en profondeur mes offres de services juridiques et mes méthodes de travail. J’ai également conçu une plateforme de services en ligne dédiée aux entreprises, pour permettre d’assurer la qualité des actes et conseils juridiques donnés.

Votre innovation comporte effectivement un volet lié aux compétences : quelle place doit avoir la formation dans une démarche d’innovation en relation-clients ?

A mon sens, c’est incontournable. D’abord, pour être en capacité de répondre aux nouveaux besoins des clients. Et ensuite, pour permettre aux avocats de rester compétitif et gagner en efficacité dans leur pratique professionnelle. Des solutions nouvelles apparaissent et il me semble que les avocats devraient s’y intéresser davantage, comme par exemple l’automatisation de certaines tâches, ou encore l’intelligence artificielle. Les avocats devraient aussi être mieux sensibilisés aux dangers du numérique.

Le métier d’avocat est en phase d’être profondément transformé, c’est ma conviction. La formation au numérique, et ce, dès l’université ainsi qu’à l’école d’avocat, me semble indispensable pour permettre aux avocats de réussir cette transition importante.

Pour ma part, j’ai fait le choix, il y a 2 ans, de compléter mon cursus en droit des affaires par un Master 2 en droit du numérique que j’ai suivi en formation continue. Cela n’a pas été simple à gérer mais je ne le regrette pas du tout. Les fruits récoltés sont à la hauteur de l’investissement fourni.
J’ai également choisi de m’intéresser de près à une nouvelle technologie qui pose d’importantes questions juridiques : la blockchain. J’ai notamment mené l’étude « Comprendre la blockchain à travers l’étude d’un cas pratique : le covoiturage - Projet Blockcar » [1], et je fais partie du projet de recherche international sur les « Smart Contracts » organisé par le Centre de recherche juridique de l’Université de Grenoble-Alpes [2].

« Ce que j’ai souhaité mettre en place est avant tout une autre manière de voir le droit. »


Ce que j’ai souhaité mettre en place est avant tout une autre manière de voir le droit. N’importe quel avocat pourrait le faire, mais cela suppose une remise en question, et demande des compétences.

Vous avez également voulu renforcer le socle éthique : pourquoi et à destination de qui ? Quoi ajouter à la déontologie de l’avocat ?

Numetik Avocats s’est effectivement construit sur trois ADN forts : le droit, le numérique, et l’éthique. En tant qu’avocate, je suis tenue au respect d’une déontologie, c’est-à-dire des règles de fonctionnement imposées par le législateur et le Conseil National des Barreaux.
La notion d’éthique est différente en ce sens qu’elle part d’une démarche volontaire et qu’elle tend à réfléchir à des valeurs et principes en vue du bien-agir, du juste et de l’accomplissement humain. Et j’ai souhaité la mettre au cœur du fonctionnement quotidien de Numetik Avocats.

Ma pratique du droit des affaires ainsi que celle du numérique m’ont en effet conduit à réfléchir ces dernières années à la notion d’éthique. Plus exactement aux valeurs qui étaient importantes pour moi, tant à titre personnel que professionnel, ainsi qu’au sens de mes actions. J’utilise le numérique, et j’envisage d’utiliser l’intelligence artificielle, pour mieux servir mon client. Mais je ne les utilise pas n’importe comment : il faut que ce soit l’avocat qui maitrise, et non l’algorithme.

J’ai donc rédigé une charte éthique, pour exposer les valeurs qui m’étaient chères et les engagements que j’entendais prendre au quotidien dans ma pratique professionnelle. Ces engagements sont pris à l’égard de mes clients, mais aussi et plus largement à l’égard de toutes les personnes avec lesquelles je suis amenée à collaborer.

Je crois que l’avocat a un rôle essentiel à jouer dans la société civile d’aujourd’hui et de demain. Dans le contexte de mondialisation et de transformation numérique, l’avocat doit à mon sens (re)devenir un véritable tiers de confiance.

3 mots-clés pour définir la relation client/avocat ?

Compétence, confiance et éthique me semblent essentielles dans la relation avocat/client.

Le Pitch filmé lors de la Finale du 21 mars 2019 :


Le point de vue de la Rédaction :

La problématique : Les entreprises clientes des avocats disent souvent ressentir une certaine distance entre leurs besoins et le service proposé, que ce soit en termes de délai, de coût, de proximité ou de spécialisation dans de nouveaux domaines du droit suite à leurs explorations de marchés. Comment resserrer le lien et recréer de la proximité - donc de la confiance ?

La solution choisie : Le cabinet a ici choisi d’innover en repensant toute son offre, à la manière de ses propres clients, les entreprises, qui sont moteurs au quotidien pour faire évoluer leurs pratiques. Au programme : mode de facturation (donc le business modèle), spécialisation (adaptation à un nouveau marché) et services en ligne (dématérialisation). Autant de sujets que partagent entreprises et avocats ; ils pourront donc s’y retrouver et mieux se comprendre, restaurant ainsi la relation-client...

La proposition de valeur : Les entreprises retrouvent ici un mode de relation qu’elles connaissent et apprécient, proche de la relation client-fournisseur... mais avec une nuance de taille : l’avocat n’est pas une entreprise tout à fait comme les autres mais apporte une déontologie, une éthique, qui prend de plus en plus de valeur dans notre monde de plus en plus orienté "Compliance".


Propos recueillis par Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice

[1Publiée dans la revue Lamy Droit de l’Immatériel de décembre 2017

[2Ce projet vise à concevoir et à déposer sur une plateforme en accès ouvert une liste de clauses contractuelles pouvant être traduite dans un programme informatique : « un smart contract » pour s’exécuter automatiquement.