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[Parution] La Loi sur le divan.
Parution : samedi 6 avril 2019
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Et si l’on faisait une psychanalyse de la Loi ? C’est ce que nous propose Vincent Aubelle dans son ouvrage "La Loi sur le divan" aux éditions Berger Levrault.
Ce dernier fait le constat, et il n’est pas le seul, que désormais la création des lois a de plus en plus souvent pour objet de répondre à un problème donné, de codifier une situation particulière. Or tel n’est pas l’usage qui doit être fait de la Loi.
Cet ouvrage est donc l’occasion de comprendre et de connaître les causes et les incidences de cette production législative excessive, afin d’y mettre fin et de redonner du sens et de l’efficacité à la Loi.

Dans cet ouvrage très bien documenté (même si parfois, par le vocabulaire choisi, il peut être difficile d’accès), il est fait une lecture croisée du droit et de la psychanalyse.

Vincent Aubelle, Professeur associé à l’Université de Marne-la-Vallée (Département génie urbain) et psychanalyste, analyse la "boulimie législative" dont est actuellement victime la France.
A l’aide d’exemples concrets, il explique les raisons de cette affluence dans la création de la Loi et nous expose des solutions pour que cette dernière redevienne rare et que de nouveau elle n’intervienne que lorsqu’elle est nécessaire. Et ainsi revenir à une "pratique législative apaisée".

Finalement, est-ce véritablement la Loi qu’il faut allonger sur le divan ou bien ceux qui l’invoquent et ceux qui la créent ?

Le Village de la Justice s’est entretenu avec l’auteur pour qu’il nous apporte son sentiment sur cette situation et son ouvrage.

Village de la Justice : Comment vous est venue l’idée de faire la psychanalyse de la Loi ? Quelles sont les raisons qui vous ont incité à écrire cet ouvrage ?

Vincent Aubelle : "Au-delà de mon parcours, tisser les fils de la psychanalyse et de la loi est d’abord une affaire de mots, ceux communs aux deux disciplines. Ainsi de la quérulence, la jouissance, la parole ou bien encore de la loi.

Par ailleurs, n’oublions pas qu’en 2004 le législateur a tenté d’encadrer la psychanalyse. Cette tentative n’est pas sans rappeler le texte de Sigmund Freud paru en 1925 "La question de l’analyse profane" dans lequel il prit la défense du docteur Reik lorsqu’il fut accusé par les autorités autrichiennes d’exercer illégalement la médecine, en confondant cette discipline avec la psychanalyse.

Puis, n’oublions pas que Sigmund Freud s’est enrichi dans l’élaboration de sa deuxième topique de la conférence donnée par Hans Kelsen au sein de la société de psychanalyse de Vienne en pour élaborer le surmoi.

Au-delà de ces considérations, les névroses et paranoïas dont la loi est aujourd’hui l’expression n’est que la conséquence de nos peurs et notre absence de confiance."

Selon vous s’il ne fallait en retenir qu’un, quel est le point fort de votre ouvrage ?

"La difficulté inhérente à un tel exercice tient à la nécessité de veiller à une rigueur scientifique irréprochable tout en rendant accessible les concepts mobilisés. C’est ce qui explique que les sources utilisées aient été élargies à la littérature ou bien encore au cinéma.
Par ailleurs, dépasser les champs disciplinaires – en l’espèce le droit et la psychanalyse – est un pari : celui de fonder un dialogue qui doit permettre, en reprenant l’expression à laquelle eut recours le psychanalyste Sándor Ferenczi en 1927 que l’analyse ne soit pas un procès sans fin : il faut savoir liquider ses maux.
C’est ce qui explique que la dernière partie du livre vise à dégager les contours de ce que pourrait recouvrir une production législative apaisée."

A qui adressez-vous ce livre ?

"Notre boulimie législative nous conduit aujourd’hui à disposer de plus de 100.000 lois. L’exercice se révèle impossible alors même que suivant la formule consacrée nul n’est censé ignorer la loi.
Cet essai s’adresse donc à chacun d’entre nous ! Avec deux objectifs principaux : le premier, alors même que nous cessons de brocarder l’excès de loi, cet essai permet de mettre en évidence que la loi ne peut embrasser et répondre à toutes les situations issues de la réalité. Le second, qui en est une conséquence, consiste à expliquer la nécessité de sortir du droit gazeux et déclaratif dans lesquels la loi s’est trop souvent fourvoyée. La majesté de la loi tient aussi aux sanctions qui s’y rattachent."

Informations techniques :
Titre : La Loi sur le divan de Vincent Aubelle ;
Broché : 224 pages ;
Editeur : Berger Levrault (31 janvier 2019) ;
Collection : Au fil du débat ;
ISBN-10 : 2701319994 ;
ISBN-13 : 978-2701319995 ;
Prix : 19 euros.

Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.