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L’intelligence artificielle au service de la relation avocat-client. Par Nicolas Bustamante.
Parution : jeudi 2 mai 2019
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L’enjeu principal de l’avocat hier, aujourd’hui comme demain est de défendre et de conseiller au mieux ses clients. Dans un contexte d’inflation législative, où le volume d’information juridique et le besoin en conseil des justiciables explosent, cet enjeu peut devenir problématique.
Avec la facilité d’accès à l’information en ligne, les internautes sont habitués à se renseigner en amont de tout engagement dans une relation commerciale. La relation avec leur avocat ne fait pas exception et il est indispensable pour l’avocat de gagner en visibilité externe pour accroître sa crédibilité et son nombre de clients. L’avocat doit également souvent jongler entre plusieurs fonctions au sein de son cabinet et la relation avec son client peut souffrir de cette difficile gestion du temps.
L’intelligence artificielle est non seulement là pour aider l’avocat à accroître sa visibilité mais aussi pour lui faire gagner du temps sur les tâches chronophages et répétitives afin de se concentrer sur sa véritable plus-value : le conseil au client.

Associer le besoin de visibilité de l’avocat à la transparence demandée par le justiciable pour gagner en visibilité

Les avocats ont compris qu’il est indispensable de prendre le virage de la communication et du marketing. Un cabinet visible est un cabinet qui se fait connaître, qui accroît sa réputation sur le marché et qui en devient automatiquement plus crédible aux yeux du justiciable. L’avocat qui s’insère dans cette nouvelle mouvance gagne en force de conviction et en nombre de clients.

Le client, de son côté, exige de plus en plus de transparence de la part de son avocat à la fois sur ses prestations et sur ses prix. Il peut être compliqué pour le client d’appréhender ce que fait son avocat au quotidien. La justification du prix des prestations de ce dernier n’en est que plus difficile.

Selon une enquête de la plateforme Jurifiable, seuls 23% des justiciables ayant utilisé ces services sont satisfaits de la relation avec leur avocat. Restaurer la confiance entre l’avocat et son client est donc un enjeu de taille.
Satisfaire l’exigence de transparence du client ne répond pas seulement au besoin de restaurer l’image de la profession, c’est aussi sauvegarder l’économie des 36% d’avocats français installés en individuel qui peinent à trouver de nouveaux clients.
Il est ainsi devenu essentiel pour eux de médiatiser leur activité par le biais des réseaux sociaux, de conférences, de rédaction et de partage d’articles. Mais si cette nouvelle visibilité peut aider à rendre le cabinet plus moderne et crédible aux yeux du client, elle n’est parfois pas suffisante pour se démarquer dans un marché toujours plus compétitif.
C’est là que l’intelligence artificielle intervient.

Celle-ci repose sur du code informatique et apporte toute sa valeur en transformant un problème en une opportunité sans précédent. En traitant d’importants volumes de données bien plus rapidement que ne le peut le cerveau humain, elle facilite le quotidien de l’avocat en agrégeant les données le concernant.

Les algorithmes, dont la technologie peut désormais centraliser et organiser l’information juridique, rendent ainsi possible l’accès aux données publiques concernant l’avocat [1]. Son client peut ainsi les consulter afin de s’assurer que celui-ci est bien compétent dans la matière sur laquelle il commercialise des prestations.
De son côté, l’avocat a désormais un référencement web efficace et une visibilité accrue de son activité, de son expérience et de son expertise. La fonction commerciale qu’il exerce au sein de son cabinet s’en trouve renforcée.

Faire gagner du temps à l’avocat sur sa recherche juridique pour se recentrer sur la relation avec son client

Selon une étude faite en 2017 sur la profession d’Avocat par le Conseil National des Barreaux, 93% des avocats considèrent que les cabinets d’avocats fonctionnent de plus en plus comme des entreprises pour accroître leur rentabilité.

Une très grande majorité des avocats sont déjà des chefs d’entreprises et multiplient les rôles au sein de leur structure. Ils doivent à la fois faire du recrutement, du marketing, de la communication, de la comptabilité tout en assurant une veille juridique. Cette dernière, de plus en plus compliquée pour l’avocat à cause de la multiplication des sources et du volume d’information à traiter, prend un temps considérable à l’avocat qui n’a accès que difficilement à une information souvent peu pertinente pour ses dossiers. Le droit évolue si vite qu’il est obligé de disposer d’un outil de confiance qui lui permette d’évoluer à la même vitesse.

L’efficacité de l’avocat est pourtant de plus en plus remise en question et de plus en plus exigée par les clients. Selon une étude menée en 2017 par le cabinet Acritas, la critique la plus souvent adressée aux cabinets d’avocats est leur faible valeur ajoutée. 44 % des clients interrogés considèrent par ailleurs que les cabinets d’avocats doivent être plus transparents et plus efficaces.

Si l’avocat veut se recentrer sur sa relation client, il doit d’abord gagner du temps sur sa recherche juridique, souvent chronophage et difficile à justifier au client. L’intelligence artificielle rend cela possible.

Grâce à elle, l’information juridique est désormais rapidement accessible et pertinente et l’avocat accède directement à la motivation des juges et peut très vite apprécier l’apport jurisprudentiel d’une décision. C’est essentiel lorsque l’on doit lire et analyser plus d’une trentaine de décisions par jours.
Les algorithmes reconstruisent l’écosystème d’une décision de justice ou d’un texte de loi et les rendent immédiatement disponibles. Ce faisant, en utilisant un moteur de recherche alimenté par l’intelligence artificielle, l’avocat peut trouver l’information clé, à chaque fois et en un minimum de temps.

Si la veille juridique est le coeur du métier de l’avocat, elle est peu efficace sans outils innovants. En étant jamais complètement sûr d’avoir la jurisprudence la plus récente, l’avocat avance souvent à tâtons dans ses recherches. C’est d’autant plus vrai sur des cas très spécifiques où la loi est inexistante.
Les algorithmes apportent une solution à ce problème en lui permettant par exemple de trouver un attendu qui soutient son argumentaire et d’en faire découler de nombreuses décisions reprenant les mêmes motifs.

Ils vont même plus loin. Si l’avocat redoute un revirement de jurisprudence qui n’irait pas dans son sens sur un dossier, il peut se créer des alertes. Ces dernières lui permettent de recevoir une notification à chaque fois qu’une nouvelle décision publiée correspond aux mots clés, à la juridiction ou à l’entreprise qui l’intéressent dans son dossier. L’avocat pourra ainsi prévenir son client le cas échéant.
Il peut alors le faire participer à la construction de son dossier. Avec l’intelligence artificielle, l’avocat est plus réactif et pertinent. Il a accès à des décisions dont les faits se rapprochent des besoins de son client et son argumentaire est plus adapté au contexte spécifique de sa situation juridique.

Avec ce soutien technologique de taille, l’avocat peut dès lors se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée et renforcer les liens avec ses clients. De plus, en améliorant l’accès à l’information juridique, l’intelligence artificielle permet à des dizaines de millions d’individus et de petites entreprises d’avoir accès au droit. Dans ce contexte, le métier d’avocat sera de plus en plus au centre d’une demande de droit en croissance et bénéficiera d’une notoriété et d’une influence grandissante.
L’intelligence artificielle lui permettra de répondre à cette demande grandissante avec sérénité.

Nicolas Bustamante, Président & co-Fondateur Doctrine

[1Article 3, Loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle.

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