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La formation à l’art de bien parler, par Jean-Marc Cheze, Juriste
Parution : mardi 8 janvier 2008
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Un sujet qui s’inspire en tout ou partie de Jean Bonclère et de son savoir encyclopédique....

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Il écrivit beaucoup chez Larousse et pour les dictionnaires plus savants de la collection. (http://www.priceminister.com/offer/...

Cette notion de mémento a sans doute influencé en droit Francis Lefebvre, le mémento étant un ouvrage très complet plus qu’un aide mémoire.(Conception opposée à celle de Dalloz).

Je me sers là d’un ouvrage ayant appartenu à un juge qui demeurait à Montbrison (Loire )sur le Boulevard .( 1936).

Ce magistrat appliqua sans doute à la lettre ces principes car il fût par la suite Conseiller à la Cour de Cassation.

M.Bonclère s’inspira de V.Leclerc : Rhétorique Française de 1822. Le P.Mestre : Préceptes de rhétorique 1822, de Mario Roustang "La lettre et "La lettre et le Discours .

Un auteur bien enseigné au Lycée Louis le Grand et Henri 4 et dans les meilleures propédeutiques.

C’est un peu l’art de bien parler de la rue d’Ulm .

Un auteur qui connait l’importance du bien parler et des arts libéraux .

Il s’agit d’une vielle distinction que nous rappelle christian Godin Maître de conférence à l’université de Clermont Ferrand dans son dictionnaire de philosophie (Fayard 2004) distinction médiévale .

"Un haut magistrat du nom de Varron avait dressé la liste des disciplines non techniques, intellectuelles, qui constituent l’encyclopédie du savoir : la grammaire , la dialectique , la rhétorique , la géométrie , l’aritmétique , l’astrologie , la musique , la médecine , l’architecture.

Par opposition aux arte mécaniques (les métiers) exigeant un travail manuel , donc contraint , sinon servile, ces disciplines , sont appelées arts libéraux .ils sont divisés en deux groupes , le trivium (trois voies ) et le quadrivium (quatre voies ).

Le trivium comprend :La grammaire (art d’exprimer).

La rhétorique (art de dire) ;

La dialectique (art de penser).

Le quadrivium englobe :

lL’arithmétique ;

la géométrie ;

l’astronomie ;

la musique ;

La philosophie est conçue tantôt comme seule dialectique tantôt comme ce qui permet de penser les arts libéraux dans leur unité.Pierre Boutang préfère la notion de métaphysique .Voir toutefois la remise en cause de cette théorie des arts libéraux http://fr_33.vjf.cnrs.fr/spip.php?article35

Nous traiterons donc de l’élocution selon Jean Bonclère et en respectant la musique verbale de l’auteur.

Le style :

L’élocution , qui est la dernière , mais non la moins importante des parties à la rhétorique , consiste dans la la manière dont on exprime les idées qu’on a trouvées et ordonnées dans son esprit .

Elle diffère un peu du style , car le style est la manière propre , particulière , dont chacun exprime sa pensée par l’écriture et la parole.

Rien de plus personnel que le style : il dépend non seulement du sujet que l’on traite et des circonstances dans lesquelles on parle, non seulement de la langue qu’on emploie et du degré de perfectionnement où elle est parvenue , mais encore du tempérament propre de celui qui parle ou qui écrit.

Le style est en partie un don naturel , en partie le résultat d’une longue préparation général et d’un travail constant.

Les anciennes rhétoriques distinguaient , suivant les degrés d’élévation du style :

1°) le style simple , qui se recommande par la clarté et la précision plus que par les ornements ;

2°) le style tempéré , qui comporte en outre une certaine élégance et une richesse moyenne ;

3°) le style sublime , où l’on fait appel à toutes les ressources de la véhémence , aux richesses des figures.

Parmi les qualités les plus générales et les plus essentielles que l’on réclame du bon style , se place dans la clarté , la propriété , la précision , la correction , la pureté , le naturel ,etc.

Ce sont des qualités que tout esprit net , méthodique , appliqué et doué de goût , peut acquérir.

d’autres qualités : le pittoresque , la richesse concrète ou abstraite , platique ou musicale , l’harmonie , en un mot le mérite artistique relèvent un peu de travail , mais surtout du talent naturel et du génie.

L’harmonie du style résulte du choix et de la combinaison des mots formant une suite de sons agréables à l’oreille .

Elle est produite soit par l’emploi de mots mélodieux en eux mêmes , soit par le balancement agréable des divers membres de phrase.

Le nombre ou rythmes oratoire est constitué par le retour à intervalles égaux d’un son plus fortement accentué : il résulte du rapport des divers membres de phrase entre eux , au point de vue du nombre et des syllabes.

La période , qui est un ensemble de propositions enchaînées de manière à constituer une unité à la fois grammaticale et logique , n’acquiert de beauté littéraire que s’il s’y ajoute par surcroît une unité et une harmonie rythmiques.

l’harmonie initiative consiste à choisir et à unir des mots tels que les sons résultant de leur prononciation imitent quelque chose de l’objet que ces mots représentent.

Ex : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?

C’est un artifice de style d’un emploi délicat et tout à fait exceptionnel.

La prose Française : notre littérature offre des modèles de toutes sortes de style.Rabelais se plaît à faire défiler sur un rythme vigoureux les vocables colorés et sonores.

Le style de Montaigne est souple et ondoyant et continuellement métaphorique .Pascal possède une sobriété et un ordre admirables.La période de Bossuet est une construction savamment équilibrée , riche d’images magnifiques.

En revanche , La Bruyère peintre pittoresque , coupe sa phrase avec une liberté imprévue.

Au 18 ème prédomine un style vif et sec , clair et logique , moins abstrait toutefois qu’on ne dit.

La phrase de Voltaire a un rytme sautillant et une musique propre, difficilement analysables.Puis Rousseau revient à une phrase plus majestueuse et plus cadencée .

Bernardin de Saint Pierre enrichit de couleurs exotiques l’art de la description .Ces deux écrivains couvrent la voie à Chateaubriand , qui arrive à faire dire aux mots tout ce qui peut enchanter les sens dans l’ordre de la vue et de l’ouïe .

De lui date cette préoccupation de la prose d’art qui domine tout le 19 ème.

Chez ses successeurs , le style tend à devenir une succession d’images ou de sons ; dans ce domaine des tours de force ont été accomplis .

Mais ce n’est pas sans danger.l’écriture artiste a fait de grands ravages sans que toujours la pensée en profitât .

La technique du style , l’étude des moyens matériels , du rythme , des images , des métaphores, est fort importante ; mais elle ne doit jamais faire négliger le fond , la logique , la psychologie , l’idée , le mouvement de la pensée.

La virtuosité ne doit jamais passer avant la vérité humaine et morale.

A force de charmer les sens , on finirait par ne plus du tout parler à l’esprit. Seuls Proust , et Céline dans les auteurs français ont eu du style pour beaucoup dans les auteurs récents.

Figure :

On appelle figure une forme de langage , un tour particulier que l’on donne à sa pensée pour la rendre plus frappante et plus belle.

La figure n’est pas un procédé exceptionnellent employé par l’écrivain ou l’Avocat.

C’est une opération naturelle chez tout être qui exprime ce qu’il pense , qu’il soit cultivé ou non : " " Il se fait plus de figures , dit le grammarien Dumarsais , dans un jour de marché , à la halle, qu’il ne s’en fait en plusieurs jours d’assemblées académiques."

La figure est même un instrument nécessaire de l’enrichissement des langues : c’est par des emplois figurés que se créent les nouveaux sens des mots.

On distingue les figures des mots , qui sont inséparables de l’emploi de tel ou tel mot, et les figures de pensée , qui sont indépendantes des termes par lesquels on les exprime.

Cette division , consacrée par l’usage , n’est pas absolument fondée en raison, et , en fait , certaines figures sont placées dans les figures des mots , par les autres dans les figures de pensée .

1) figure des mots : Les figures des mots se divisent elles mêmes en 1° figures de construction ou de grammaire ; 2°) tropes.

1°) FIGURES DES MOTS :Les figures A) Figures de construction e construction ou de grammaire portent la construction grammaticale ; les principales sont :

- L’ellipse , suppression d’un ou de plusieurs mots qui ne sont pas indispensables à l’intelligence de la phrase , bien qu’ils soient ordinairement exprimés.

Ex : le vers de Racine (Andromaque ) : Je t’aimais inconstant .Qu’aurais je fait fidèle ?

- L’anacoluthe , changement de tournure brusque et inattendu de la phrase.Ex : le vers de la Fontaine (le Vieillard et les trois jeunes hommes ) :

Et , pleurés du vieillard , il grava sur leurs marbres...

- L’adjonction ou Zeugma , figure surtout employée en latin qui consiste à rattacher grammaticalement deux ou plusieurs substantifs à un adjectif ou à un verbe qui , logiquement , ne se rapporte qu’à l’un des substantifs .Ex : Horace (odes ) dit " Pallas prépare son casque , son égide , son char , et sa rage."

- Le syllepse , dans laquelle l’accord (en genre et en nombre ) se fait non pas selon la grammaire,mais d’après l’idée présente à l’esprit de l’écrivain .Ex le vers de Racine (Athalie ) :

Entre le pauvre et vous , vous prendrez Dieu pour juge.

Vous souvenant mon fils , que ,caché sous ce lin ,

Comme eux vous fûtes pauvres , et comme eux orphelin.

- L’inversion  : , action d’intervertir l’ordre des termes d’une proposition ou les membres d’une phrase contrairement à l’usage habituel : Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne ...

(bossuet : Oraison funèbre du prince de Condé.)

- L’hyperbate , sorte d’invention plus hardie , plus opposée à l’usage habituel .Ex le vers de Voltaire (Tancrède) :

A tous les coeurs bien nés que la patrie est chère !

- La conjonction ou polysyndéton, répétition de particules conjonctives destinées à lier les membre de la phrase.Ex les vers de Racine (Esther) :

On égorge à la fois les enfants ,les vieillards

Et la soeur et le frère

Et la fille et la mère.

- La disjonction ou asyndéton , suppression des particules conjonctives de manière à donner plus de rapidité à la phrase .

Ex le vers de la Fontaine (le coche et le mouche) :

femmes ,moine , vieillards , tout était descendu.

- Le pléonasme , emploi simultané de plusieurs mots ayant le même sens : je l’ai vu de mes yeux.

- La répétition , figure qui consiste à répéter deux ou plusieurs fois les mêmes mots ou les mêmes tours.Ex : le vers de Racine (Athalie ) :

Rompez , rompez tout pacte avec l’impiété .

- L’anaphore , espèce de répétition qui consiste à recommencer par le même mot divers membres d’une phrase.Ex ; dans les imprécations de Camille (Corneille : Horace) :

Rome unique objet de mon ressentiment,

Rome , à qui vient ton bras d’immoler mon amant,

Rome , qui t’a vu naître et que ton coeur adore,

Rome, enfin , que je hais, parce qu’elle t’honore.

- L’anadiplose , répétition , répétition du mot final d’une phrase ou d’un vers au commencement de la phrase ou du vers suivants :

Et les princes et les peuples gémissaient en vain : En vain , en vain, Monsieur , En vain le roi lui même tenait Madame serrés par de si étroits embrassements (Bossuet : Oraison funèbre de la Duchesse d’Orléans).

- L’anastrophe , sorte d’inversion qui consiste à renverser l’ordre naturel des mots corrélatifs : me voici ; sa vie durant.

- Lénalage , emploi d’un temps , d’un mode , d’un nombre , d’un genre pour un autre.Ex le vers de la Fontaine (les Animaux malades de la peste) :

Ainsi dit le renard , et flatteurs d’applaudir .

- La complexion ou symploque , sorte de répétition dans laquelle les membres de la période commencent par les mêmes termes et se terminent ainsi par les mêmes termes.

Ex : la passage de Cicéron ( Sur la loi agraire ) : Qui est l’auteur de cette loi ? Rullus . Qui a privé du suffrage la plus grande partie du peuple romain ? Rullus . Qui a présidé les comices ? Rullus .

- L’antanaclase , répétition du même mot pris dans des sens différents : "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas." (Pascal : Pensées.)

- La paronomase , emploi , à côté de l’un de l’autre , de mots dont le son est à peu près semblables , mais dont le sens est différent : Qui se ressemble , s’assemble.

- la réversion ou régression , figure qui consiste à faire revenir sur eux -mêmes , avec un sens différent et souvent contraire , certains mots d’une même proposition .Ex : La phrase de Molière (L’Avare ) : Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger.

- La conversion , sorte de répétition qui consiste à terminer de la même manière plusieurs membres consécutifs du discours .

Ex de cette phrase de Massillon (Sermon pour la pentecôte) : " La marque la plus sûre .... qu’on est encore au Monde , c’est lorsqu’on le craint plus que la vérité , qu’on le ménage , aux dépens de la vérité , qu’on veut lui plaire malgré la vérité" , et qu’on lui sacrifie la vérité..."

- L’apposition figure par laquelle on joint deux substantifs l’un à l’autre , de manière que le second serve comme épithète au premier : Si j’avais un arpent de sol, mont ,val ou plaine .(J.Soulary).

- La synonymie , figure par laquelle on emploie plusieurs mots synonymes ou différentes expressions équivalentes.Ex le vers d’Athalie :

L’arche sainte est muette et ne rend plus d’oracles.

- L’expolition , synonymie prolongée , reproduction de la même idée en termes différents , de manière à lui donner plus d’énergie .

Ex : cette phrase de Masillon dans son Sermont pour la bénédiction des drapeaux de Catinat " Une fatale révolution , que rien n’arrête , entraîne tout dans les abîmes de l’éternité ; les siècles , les générations , les empires , tout va se perdre dans ce gouffre ; tout y rentre , et rien n’en sort ; nos ancêtres nous ont frayé le chemin , et nous allons le frayer dans un moment à ceux qui viennent après nous ; ainsi les âges se renouvellent ; ainsi la figure du monde change sans cesse ; ainsi les morts et les vivants se succèdent et se remplacent continuellement ; rien ne demeure , tout change , tout s’use , tout s’éteint .Dieu seul est toujours le même .

B) Tropes

Les tropes sont relatifs au changement de signification des mots .Les principaux sont :

- La métaphore , consistant à transporter un mot de l’objet qu’il désigne ordinairement à un autre objet ayant quelques analogies avec le premier.

Par exemple lorsqu’en parlant d’un homme brave on dit c’est un lion .

La métaphore est la plus féconde et la plus utile des figures de rhétorique .Elle est non seulement le procédé où se révèle le mieux l’imagination du poète et du prosateur , mais encore un instrument indispensable dans la transformation du langage. comme il n’y a pas autant de mots que de choses , c’est par métaphore que l’on supplée à cette indigence , que l’on transporte un mot soit d’un objet matériel à un autre objet matériel , soit d’un fait moral à un objet matériel, soit d’un objet concret à une chose abstraite .La métaphore est presque une comparaison ; elle n’en différe par la suppression même du terme (comme) qui exprime la comparaison.

Le danger de la métaphore est l’incohérence ; de dire par exemple , avec M.Prudhomme : Le char de l’Etat navigue sur un volcan.

- L’allègorie dans laquelle on subsitue à l’objet dont on veut parler un autre objet qui présente des analogies avec le premier ; c’est une métaphore prolongée . Exemple le passage d’une ode célèbre d’Horace 5odes ) où le poéte compare la république à un vaisseau battu par les vents.

- La catachrèse , sorte de métaphore à laquelle on est obligé d’avoir recours quand il n’existe pas dans la langue de mot propre pour exprimer ce qu’on veut dire : Les pieds d’une table , les bras d’un fauteuil.

- L’hypallage , figure par laquelle on attribue à un mot de la phrase ce qui conviendrait à un autre mot de la même phrase.

Ex. le vers de Boileau :

Trahissant la vertu sur un papier coupable.

- La métonymie , figure qui consiste à désigner un objet au moyen d’un terme désignant un autre objet uni au premier par une relation logique , historique ou simplement habituelle , et plus spécialement à exprimer : 1°) l’effet par la cause : une belle main pour une belle écriture ; 2°) la cause par l’effet : boire la mort pour boire le poison qui cause la mort.3°) la chose signifiée par le signe : la robe pour la magistrature ; 4°)le concret par l’abstrait : donner des gages à la réaction pour aux réactionnaires ;5°) le moral par le physique : avoir du coeur ; le contenu par le contenant : un plat délicat ; 7°)l’oeuvre par le nom de l’auteur, de l’inventeur : un lebel ;8°) la chose possédée par le nom du possesseur : cet homme a été incendié pour la maison de cet homme ; 9°) un produit commercial ou industriel par son nom d’origine : un panama ,etc.

- La synecdoque , sorte de métonymie dans laquelle on fait entendre le plus en disant le moins , et que le moins en disant le plus ; c’est -a à-dire où l’on remplace : l’espèce par le genre : le plus insolent des mortels (=des hommes ) : le genre pas l’espèce : la des roses (= des fleurs) ; 3°) le singulier par le pluriel ou inversement : l’ennemi (= les ennemis )nous attaqua ;4°) une quantité déterminée par une quantité indeterminée : répéter cent fois la même chose ; 5°)le tout par la partie : compter vingt printemps (=années), 6°)) la partie parr le tout : cent voiles (=vaisseaux ) ; 7°) le nom d’une chose par celui par celui de la matière dont elle est faite : prends ce fer (=cette épée).

L’autonomase , figure qui consiste soit à mettre un nom commun ou une périphrase à la place d’un nom propre , soit à mettre un nom propre à la place d’un nom commun ou d’une périphrase .

Ex1° le père et la tragédie française (= Corneille) ; 2°) un Néron (= un prince cruel).

- La métalepse , figure qui consiste à faire entendre une chose en exprimant ce qui l’amène ou ce qui la suit : nous le pleurons , il fut , il a vécu , pour il est mort.

2°) FIGURES DE PENSEE

Parmi les figures de pensée , les principales sont :

- L’apostrophe figure par laquelle on s’interrompt pour adresser la parole à des personnes présentes , absentes ou mortes , à des objets inanimés.Ex : apostrophe de Bossuet à la Mort dans l’Oraison funèbre de la Duchesse d’Orléans.

- L’exclamation par laquelle l’auteur ou le poète élève tout à coup la voix , cédant à un vif mouvement , de surprise , d’admiration , de crainte , de joie, de fureur, etc .Ex : l’exclamation d’Andromaque.

O cendres d’un époux ! o troyen ! O mon père !

- L’épiphènomène , exclamation qui renferme une maxime générale ou une réflexion , formant , comme la dernière conséquence d’un récit ou d’un raisonnement qui précède .

Ex : le vers de boileau de Lutrin ) :

Tant de fiel entre t’il dans l’âme des dévots !

- L’interrogation : , qui consiste à mettre la pensée sous une forme interrogative , pour lui donner plus de vivacité et de véhémence.

Ex : Le début de la première Catilinaire : Jusqu’à quand Catilina , abuseras tu de notre patience ? etc.

- La communication , figure par laquelle l’orateur feint de consulter son adversaire ou les juges , pour les mettre en demeure de répondre à une question embarassante , pour provoquer une réponse favorable à sa thèse : dois -je pousser plus loin cette argumentation.

- L’énumération  : , figure par laquelle on passer rapidemment en revue les circonstances d’une action, toutes les partie d’un tout, afin de les présenter avec ordre et de manière à frapper l’esprit.

Ex : dans l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre , par Bossuet , le passage qui commence par " Vous verrez dans une seule vie toutes les extémités des choses humaines , etc ."

- La concession , figure qui consiste à accorder à son adversaire quelque chosequ’on pourrait lui contester , pour montrer que , malgré celà , on a encore raison contre lui : Vous voulez que l’accusé se soit trouvé sur le théâtre du crime ? Il y était , soit ; mais il n’a pu le commettre.

- L’antithèse , figure par laquelle , dans la même période , on oppose deux pensées , deux expressions , deux mots tout à fait contraires.Ex le vers de V. Hugo (les chants du Crépuscule ).

Mon âme a plus de feu que vous n’avez de cendre.

Mon coeur a plus d’amour que vous n’avez d’oubli !

- La comparaison , figure par laquelle on met deux objets en présence , pour expliquer ou faire valoir l’un des deux.

Ex ce passage de l’Oraison funèbre de Turenne par Fléchier : " Comme il s’élève du fond des vallées , des vapeurs grossières dont se forme la foudre qui tombe sur les montagnes , il sort du coeur des peuples des iniquités dont vous déchargez le châtiment sur la tête de ceux qui les gouvernent et ceux qui les défendent."

- La gradation , figure où l’on assemble plusieurs idées , plusieurs expressions enchérissant les unes sur les autres .(La progression peut être d’ailleurs ascendante ou descendante .) .Ex : les vers de la Fontaine (le Charlatan) :

Il rendrait disert un badaud .

Un manant , un rustre , un lourdaud ;

Oui , messieurs , un lourdeau , un animal ,un âne.

que l’on m’amène un âne , un âne renforcé.

- La suspension, figure par laquelle , l’orateur , l’écrivain tient son auditoire , son lecteur en suspens.

Ex :à la fin de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre , Bossuet dit : " Combien de fois a-t’elle remercié Dieu humblement de deux grandes grâces :l’une de l’avoir faite chrétienne, l’autre ...Messieurs , qu’attendez -vous ? peut - être d’avoir rétabliles affaires du roi son fils ? Non , c’est de l’avoir faite reine malheureuse ."

- La réticence ou aposiopèse, figure par laquelle celui qui parle s’arrête souvent avant d’avoir achevé l’expression de sa pensée , tout en laissant clairement entendre ce qu’il ne dit pas .Ex les vers de Racine (Athalie) :

Je devais sur l’autel où ta main sacrifie

Te .. Mais du prix qu’on m’offre il fait me contenter.

- L’obsécration ou déprécation , figure par laquelle l’orateur interrompt la suite de son discours pour implorer celui qu’il veut fléchir ou toucher.Ex : la belle prière de Priam à Achille pour lui demander de rendre le corps de son fils Hector (Iliade). Citons aussi l’invocation à Minerve dans la prière sur l’acropole , de Renan.

- La périphrase , figure qui consiste à exprimer en plusieurs mots ce ce que l’on aurait pu dire en un seul : la capitale de la France pour Paris.

- L’hyperbole , figure de rhétorique qui consiste à avancer une proposition très exagérée pour produire sur l’esprit une forte impression : Je vous l’ai dit mille fois.

- la litote (dimunution , atténuation) , figure qui consiste à se servir d’une expression qui affaiblit la pensée , afin de faire entendre plus qu’on ne dit Ex : le célèbre " Va , je ne te hais point ". qu’adresse Chimène à Rodrigue.

- La prétérition , figure par laquelle on déclare ne pas vouloir parler d’une chose dont on parle néammoins par ce moyen indirect.

Ex : dans l’Oraison funèbre de Turenne par fléchier : " N’attendez pas , Messieurs , que j’ouvre ici une scène tragique , etc."

- La prosopopée , figure par laquelle on on fait parler une personne absente ou morte , ou un être personnalisé , concret ou abstrait .

Exemple la proopopée des Lois , dans le Criton de Platon ; celle de Fabricius dans le Discours sur les sciences et les arts de J-J Rousseau.

- L’allusion , par laquelle on éveille dans l’esprit l’idée d’un fait , d’une personne , etc., dont on ne parle pas expressément.

Ex : Racine fait une allusion à Popilus Laenas , lorsqu’il dit dans son discours à l’Académie , en parlant du roi : " Il voit ses enemmis contraints d’acepter ces mêmes conditions qu’il leur a offertes , sans avoir pu en rien retrancher , y rien ajouter ou , pour mieux dire , sans avoir pu , avec tous les autres efforts , s écarter d’un seul pas du cercle étroit qu’il lui avait plu de leur tracer."

- La prolepse( ou anticipatio ou préoccupation ) , figure qui consiste une idée plus tôt qu’on ne l’attendait , soit pour la faire saillir , soit pour réfuter un adversaire.Ex ; le vers de Boileau .

Il a tort , dira l’un , pourquoi fait il qu’ill nomme !

- La subjection , sorte d’interrogation ou plûtôt de prolepse interrogative , dans laquelle l’orateur suppose la réponse de l’adversaire et la réfûte d’avance.

Ex : le discours de Vergniaud se défendant contre les accusations de Robespierre:Nous sommes des meneurs ?Nous sommes des intrigants ? Nous sommes des modéres"

- L’ironie (qu’on range aussi parmi les tropes), consistant à dire le contraire , de telle manière que le lecteur ou l’auditeur comprenne le sens caché sous cette raillerie.

Ex le vers de Boileau 5(satire, 9) :

Puique vous le voulez , je vais changer de style ; Je le déclare donc : Quinault est un virgile.

- Le dialogisme , sorte de dialogue , dans lequel on prête à des interlocuteurs des paroles que l’on met directement dans leur bouche.Ex le dialogue de l’homme et de l’Avarice dans la satire 8 de Boileau.

- L’euphémisme , figure qui consiste à adoucir , par l’expression ou par le tour de la phrase , certaines idées désagréables , odieuses ou déshonnêtes , que le respect de soi-même ou des autres empêche d’exprimer par les noms qui lui apartiennent en propre.

Ex : Cicéron , dans le Pro Milone ,au lieu de dire que les gens de Milon ont tué Clodius , a recours à cet euphémisme : " Ils firent ce que chacun de vous eût voulu que ses esclaves fissent en pareille occasion."

- L’accumulation , figure qui consiste à rassembler dans une même phrase , et dans le même mouvement , un grand nombre de détails qui développent l’idée principale Ex : les vers de Voltaire ;

Français , Anglais , Lorrains , que la fureur rassemble

avançaient , combattaient , frappaient , mourraient ensemble.

- La correction ou épanorthose , figure par laquelle on fait semblant de rétracter ce qu’on avait dit , pour dire quelque chose de plus fort.Ex le vers de Racine (Britannicus).

J’aime .Que dis-je : Aimer , J’idolâtre Junie.

- La dubitation , dans laquelle l’orateur doute ou feint de douter de la proposition qu’il veut prouver, de la résolution qu’il va prendre , afin d’aller au devant des objections , qu’on pourrait lui faire.

Ex : le discours que Tite Live prête à Scipion haranguant ses soldats rebelles : "Pour m’expliquer devant vous, je ne trouve ni pensée ni expression : puisque je ne sais même pas de quel nom vous appeler .Vous nommerai-je citoyens ? vous venez de trahir votre patrie .Soldats ? Vous avez méconnu l’autorité , etc ".

- L’emphase ou signification figure consistant à donner à un terme une importance qu’il n’a pas d’ordinaire . Ex : Le vers de Racine (Mithridate)

Qui suis je ? Est ce Monime ? et suis Mithridate ?

Jean Marc Chèze
Juriste spécialisé en Crédit Management
Dess droit des affaires de Paris2
Elu du village de la justice

Rédaction du village