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5 enseignements sur la fonction de directeur juridique.
Parution : lundi 3 juin 2019
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Quel est le portrait-robot d’un directeur juridique ? Pour y répondre, le cabinet de consultants Oasys, le Cercle Montesquieu et l’Association Française des Juristes d’Entreprise ont publié une étude sur « Le directeur juridique à mi-carrière ». Un moment clé dans le parcours de ces professionnels, qui doit faire émerger certaines vérités sur cette profession qui comptait 17.000 personnes en 2017.
L’étude s’attarde sur trois thématiques majeures : l’identité, le recrutement, et l’avenir des directeurs juridiques.
Le Village de la Justice vous en livre les principaux enseignements.

1er enseignement : Le positionnement au sein de la direction.

La majorité des directeurs juridiques (55%) a sa place au comité de direction et au comité exécutif, même si ce n’est pas encore systématique. A l’inverse des pays anglo-saxons, la fonction juridique au sein des entreprises en France est encore observée grâce à son coût. Néanmoins, à la lumière des réponses des recruteurs, cette vision semble évoluer de manière positive puisque 65% d’entre eux déclarent que leur futur recruté fera partie de la direction.
Le lien avec la direction générale est essentiel comme l’indique Sarah Leroy, directrice juridique, fiscal et compliance du groupe Tereos : « Le lien direct à la direction générale change la perception de la fonction, tant pour le DJ lui-même que pour l’entreprise et ses parties prenantes, et accroit sa crédibilité. Sa fonction devient alors plus stratégique. »
Les femmes sont par ailleurs majoritaires à 54% au sein de ces instances.

2ème enseignement : Place au directeur juridique business partner.

Pour la plupart des directeurs juridiques interrogés, leur fonction va au-delà du juridique. En effet, leur dimension business et management est prégnante dans leur activité. La culture client est essentielle et s’y ajoute une connaissance des indicateurs financiers de l’entreprise ainsi que du secteur d’activité.

Cette réponse rejoint celle fournie par les recruteurs qui n’attendent pas seulement du directeur juridique une expertise dans son domaine de prédilection, mais également des soft skills liées à des qualités de communicant, de manager, et une capacité à pouvoir accompagner et sécuriser la stratégie de l’entreprise. L’important n’est plus seulement d’avoir de solides connaissances juridiques mais bien de pouvoir expliquer aux opérationnels pourquoi et donner du sens à son métier.

3ème enseignement : Avoir été avocat n’est pas obligatoire pour devenir directeur juridique.

L’obtention du CAPA [1] n’est pas un prérequis pour devenir directeur juridique, même s’il est vrai qu’il est un gage, pour le recruteur, de « rigueur et de capacité de travail ». Néanmoins, il est souvent reproché aux avocats souhaitant devenir directeurs juridiques d’être trop « gourmands » sur leurs prétentions salariales ou bien d’avoir de trop grandes lacunes sur le monde de l’entreprise et une difficulté à s’y adapter rapidement.

4ème enseignement : Un recrutement réalisé surtout en interne.

Le recrutement se fait majoritairement en interne, et ce quel que soit la taille de l’entreprise. Il s’agit plus fréquemment de remplacements que de créations de poste, étant donné que les directeurs juridiques restent généralement longtemps dans cette fonction. Comme le rappelle Kevin Appointaire, directeur juridique groupe Delfingen : « il y a une compréhension de l’ADN, des rites fondateurs et habitudes de l’entreprise dans laquelle il va exercer sa nouvelle fonction ».

5ème enseignement : Une carrière volontairement cantonnée au juridique.

Pour la suite de leurs carrières, les directeurs juridiques n’envisagent que très peu d’en changer ou bien de se former à d’autres fonctions, ou encore de créer ou reprendre une entreprise. Seules les fonctions RH peuvent attirer les professionnels du droit notamment ceux ayant une spécialisation dans le droit social.

L’étude avance une idée sur cette auto censure : peut-être est-ce la conséquence du monopole des matières juridiques dans le cursus universitaire des futurs juristes d’entreprise au détriment des matières liées à l’entreprise ? Une situation qui les rendrait réticents à toute éventualité de prise de risque dans leurs carrières.



Cette étude offre un panorama très complet de ce qu’est le directeur juridique aujourd’hui, et surtout de ce qu’il pourrait devenir dans les années à venir. L’expert du droit qu’il est à l’origine doit et devra encore plus intégrer le corpus de compétences qu’exige le monde de l’entreprise, avec l’irruption également des outils automatiques. Son rôle, à la fois présent et futur, de business partner de premier plan l’exige, et il ne peut en ressortir que des choses positives.

Retrouvez l’intégralité de cette étude ici.

Simon Brenot Rédaction du Village de la Justice

[1Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat.

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