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Etudiants en droit : réussir ses oraux, sprint ou marathon ?
Parution : mercredi 12 juin 2019
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Les étudiants en droit négligent bien souvent cet exercice au profit des épreuves écrites, et pourtant, les oraux ont une importance toute particulière. Réussir cette épreuve implique non seulement des connaissances pointues dans la matière concernée mais également une bonne maitrise des éléments externes. Surtout, il faut comprendre que les enseignants n’attendent absolument pas que vous restituiez bêtement votre cours mais que vous soyez capable de démontrer que vous l’avez compris. Ne perdez pas de vue que l’objectif de l’Université est de sortir des étudiants aux têtes bien faites et non bien pleines.

Par Anthony Alexandre, Avocat [1].

Savoir par cœur n’est pas savoir.

Cela va de soi mais il convient tout de même de le rappeler : l’étudiant doit connaître son cours. C’est une étape préalable à toute réussite, la condition sine qua non de votre potentielle réussite. Potentielle ? Oui car savoir par cœur son cours ne suffit pas, encore faut-t-il le comprendre !

Savoir par cœur son cours ne suffit pas, encore faut-t-il le comprendre !

Il faut garder à l’esprit que l’examinateur opérera justement une étude de ces deux étapes. Premièrement il vérifiera que vous connaissez votre cours par le biais d’une question générale et introductive, pour ensuite vous assener de questions techniques. C’est cette seconde partie qui permet de vérifier que vous comprenez et maitrisez votre cours.

D’ailleurs, habituellement les oraux sont constitués de ces deux parties, soit 10 minutes de réponse à une question de cours et 10 minutes de questions plus précises. Il serait regrettable de se contenter d’apprendre son cours sans réellement l’approfondir quand on sait que cette étape comptera pour moitié de la note finale…

C’est en outre particulièrement désagréable pour un enseignant de constater qu’un étudiant a été capable d’apprendre par cœur des notions sans pour autant les comprendre. En adoptant cette approche, l’étudiant fait la démonstration de deux défauts majeurs que les enseignants souhaitent pourtant gommer chez leurs étudiants : croire que le droit n’est que l’apprentissage bête et méchant de connaissances sans saveur et montrer l’absence d’intérêt pour tout type de réflexion.

La première erreur serait donc de croire qu’apprendre par cœur suffit et que les épreuves orales ne sont qu’une formalité…

Se démarquer.

Anthony Alexandre

Tout comme pour l’écrit, il faut savoir se démarquer à l’oral. Connaître son cours, tout le monde peut le faire...apporter un peu plus que ce qui est dans le cours en revanche, c’est un plus ! Non seulement vous démontrez être intéressé par le cours mais en plus vous sortez l’examinateur de sa torpeur, la fameuse torpeur des examens oraux où il voit se succéder 100 étudiants qui lui servent, pour la plus grande majorité, la même soupe.

Apportez un peu plus que ce qui est dans le cours en revanche, et vous permettra de sortir du lot.

Le petit plus consistera en une analyse personnelle, une réflexion iconoclaste, une jurisprudence récente, un avis de la doctrine…bref, tout ce qui vous permettra de sortir du lot. N’oubliez pas que la fac est une jungle et qu’il n’en restera peu à la fin, alors commencez d’ores et déjà à vous démarquer.

La gestion du couloir.

On n’y pense peut-être pas mais au-delà du stress inhérent à l’examen, encore faut-t-il gérer le stress du couloir. Il est assez courant de constater que les étudiants patientent longtemps dans le couloir avant de pouvoir rentrer dans la salle et passer leur épreuve. D’autant plus que bien souvent les enseignants sont en retard sur leur planning et que certains étudiants dépassent le temps qui leur est imparti. C’est ce qui explique que les couloirs de la faculté sont bondés d’étudiants stressés.

ll faut réussir à glaner le maximum d’informations sans pour autant être infecté par le stress d’autrui.

Le problème avec le stress c’est qu’il est contagieux. C’est à votre arrivée à la fac que votre épreuve commence réellement : il faut réussir à glaner le maximum d’informations sans pour autant être infecté par le stress d’autrui. Ces informations peuvent être précieuses et concernent généralement les sujets déjà tombés, l’attitude du professeur ou encore les questions précisent et qui reviennent souvent.

Surtout il y a un intérêt à interroger celui qui vient de sortir : « Alors c’était comment ? Raconte ! ». De même quand vous-même sortez de l’épreuve, faites cet effort, racontez votre récit, faites preuve de solidarité ! Et surtout attendez le candidat suivant : peut-être aura-t-il pu apercevoir votre note…

Quoi qu’il en soi, ne vous faites pas happer par le stress et n’écoutez surtout pas les récits négatifs de ceux qui sont rongés par l’angoisse et le stress. Bien souvent ces mêmes étudiants auront une attitude toxique alors qu’en réalité ils n’ont absolument pas révisé ou suffisamment travaillé leur cours… en grande majorité, ceux qui ne sont pas stressés sont ceux qui maitrisent parfaitement leurs cours. C’est d’eux qu’il faut vous approcher ! Sauf si c’est vous la personne toxique bien sûr !

Vous l’aurez compris, c’est en ce sens que l’examen d’oral est un mix entre un sprint et un marathon. Un sprint car l’épreuve ne dure guère plus de 20 minutes et un marathon car il y a une longue préparation préalable ainsi qu’une gestion du couloir qui se doit d’être équilibrée, en écoutant que ce qu’il faut des autres étudiants.

Propos recueillis par Nathalie Hantz Rédaction du Village de la justice

[1Anthony Alexandre est avocat au Barreau d’Amiens. Il participe à la préparation d’étudiants au concours d’avocat. Il est l’auteur de "Itinéraire d’un étudiant en fac. Comment j’ai survécu à l’université" aux éditions Enrick B Editions.