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"Le serpent juridique", le jeu pour connaître les grands arrêts sur le bout des doigts.
Parution : jeudi 5 septembre 2019
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Ah, les grands arrêts de la jurisprudence française, une délectation pour certains étudiants (si,si...), un cauchemar pour d’autres... Souvent difficiles à apprendre et à appréhender, ils sont pourtant essentiels à la compréhension des principaux domaines du droit. Aussi pourquoi ne pas passer par le jeu de société pour intégrer ces arrêts qui sont à l’origine de certaines règles de droit fondement de notre droit français ? C’est ce que vous propose Johan Friedberg-Bermond, étudiant en droit avec son jeu "Le serpent juridique".
Toujours à l’affut d’astuces pour faciliter la vie des juristes et futurs juristes, le Village de la Justice a voulu en savoir plus...

Quoi de plus ludique et inspirant que d’apprendre en jouant - tous les enfants vous le diront - alors pourquoi ne pas appliquer cette méthode pédagogique aux étudiants en droit ? C’est bien ce que propose la gamification, une tendance qui commence à se développer dans l’apprentissage de matières techniques tel que le droit au sein des facultés (voir à ce sujet notre article La « gamification », la tendance à suivre pour l’apprentissage du droit).
Le jeu de société "Le serpent juridique" proposé par Johan Friedberg-Bermond s’inscrit dans cette tendance ; voici les explications de son concepteur.

Johan Friedberg-Bermond, quelles sont les motivations qui ont conduit à la création de ce jeu ?

Johan Friedberg-Bermond.

"Je crée des jeux de société depuis toujours, et celui-ci qui a comme thème le droit en est dans la continuité logique.
Ma motivation première reste la même depuis le début, celle d’apporter une aide et des repères aux étudiants, peut-être celle que j’aurais aimé recevoir moi-même.
Chaque jeu rassemble tous les grands arrêts de jurisprudence d’une matière précise, et il peut donc être adapté à chaque matière et à tout niveau de formation (droit administratif, de l’union européenne, des affaires…). Pour l’instant il est centré sur le droit administratif, qui pose le plus de problèmes aux étudiants."

Voudriez-vous nous présenter brièvement le fonctionnement de votre jeu ?

"Je travaille depuis 2 ans sur ce jeu de société qui permettra aux étudiants d’apprendre les grands arrêts du droit en s’amusant.
Ce jeu de cartes (environ 60) met les décisions jurisprudentielles au cœur de la partie pour gagner... Et apprendre. Chaque jeu est spécialisé dans une matière (droit administratif, droit de l’union européenne...) et il comprend tous les arrêts de principe que les étudiants doivent connaître tout au long de leurs études.

Sur le principe des dominos, chaque joueur a 8 cartes dont il doit se débarrasser le premier. Mais attention, les règles de pose (couleur, flèches...) ainsi que les effets propres à chaque carte risquent de compliquer la mission. Et sur beaucoup de cartes se trouve un grand arrêt de la jurisprudence que le prochain joueur devra expliquer pour pouvoir jouer. En cas d’erreur, il passe son tour !
Les parties durent en moyenne dix minutes."

Quel est le modèle économique de ce jeu : commercialisation payante, accès libre via Internet… ?

"Je suis en contact avec les éditeurs juridiques, qui sont intéressés par le projet. Dans l’idéal, le jeu pourrait être édité et disponible en librairie ou sur Internet.

Pour le moment, le jeu est disponible en pré commande sur la page de financement participatif dédiée : "Le serpent juridique- jeu de carte pour apprendre le droit".

L’introduction du jeu dans le cursus universitaire en droit en France est-il une solution pour dynamiser l’enseignement ?

"Le jeu s’inscrit dans la demande des étudiants et leur manière de réviser."

"Le jeu est une manière très simple et amusante de retenir rapidement le grand nombre d’arrêts nécessaires, et il s’inscrit bien dans la demande des étudiants (voir les pages Facebook d’humour pour les étudiants en droit etc.) et leur manière de réviser. Il ne remplace pas les cours ou leur compréhension, mais sert de complément pour réviser et mieux retenir les dates, noms, portées..."

Selon vous les équipes enseignantes des facultés de droit françaises sont-elles prêtes à utiliser le jeu comme moyen d’enseignement ?

"Cela peut être utilisé également par les professeurs en fin de semestre comme aide, et alors apporter une touche de nouveauté dans des moments de stress, et de tête pleines de cours. Les enseignants pourront donc être curieux, intéressés voir enthousiastes quant à ces nouveautés, quand d’autres n’en entendront jamais parler.
Il reste le support du cours et de la compréhension, mais les moyens d’y parvenir sont nombreux. Peut être certains enseignants souhaiteront ajouter cet aspect ludique au droit, réputé austère, difficile d’accès et sérieux. Il n’y a pas de règle dans ce domaine, et seule la pratique permettra de se rendre compte de l’accueil qui est fait aux « nouvelles » méthodes pédagogiques.
Il s’agit plus d’une conception personnelle propre à chacun que d’une généralité, surtout dans le cadre d’un projet comme le mien.

"Le jeu est la première façon d’apprendre (...)"

Allier le droit, l’université ou le monde du travail au jeu peut être étonnant au premier abord tant ils semblent opposés (sérieux et travail contre loisir ou plaisir), et pourtant il est un constat universel : le jeu est la première façon d’apprendre, et on sera toujours plus efficace, compétent et motivé lorsque l’on fait quelque chose qu’on aime. Peut être que nous pourrions avoir tout à gagner à réconcilier le travail et le plaisir ou le ludique, et le jeu s’inscrit dans cette démarche.

Il n’en reste pas moins que ce jeu est avant tout une aide aux révisions, qui sera une manière plus amusante de réviser que les longues séances de récitation en groupe pas toujours très efficaces.
Il s’agit d’un jeu original (qui peut se jouer même sans le contenu du droit) où la répétition des arrêts, la compétition et le fait de toujours devoir être à l’affut permet de retenir mieux sans s’en rendre compte, et de ne pas se déconcentrer."

Voudriez-vous brièvement décrire votre parcours ?

"Venant de Paris, j’ai commencé mes études à l’université à Montpellier, où je me suis très vite investi dans le milieu associatif, et je suis devenu le président fondateur du bureau des étudiants de ma licence. L’objectif était d’aider les étudiants avec les premières rencontres licence-master, un tutorat dans les matières qui posent difficulté, des évènements de cohésion etc.
Je suis ensuite revenu, à l’université Paris-Sud (Sceaux) pour obtenir ma licence de gestion des entreprises. Puis je me suis réorienté en droit, et en parallèle je me suis beaucoup investi dans des projets créatifs (lauréat coup de cœur du public du concours de BD du CNOUS par ex.) et j’ai découvert "Les arrêts illustrés par Les barons du droit" [1], qui est une manière de mieux comprendre les grands arrêts de la jurisprudence sous forme de BD, pour lesquels j’ai dessiné quelques planches pour leur album.
J’irai normalement en Master 1 de droit privé à la Sorbonne à la rentrée prochaine."

Le jeu en image :

Jeu "Le serpent juridique" de Johan Friedberg-Bermond (crédit photo : J. Friedberg-Bermond).
Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.

[1Enrick B Éditions, Collection Le Meilleur du droit. Voir notre présentation de cette collection ici.

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