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Coprince d’Andorre : le statut méconnu du Président de la République. Par Paul de Vaublanc, Juriste.
Parution : mercredi 11 septembre 2019
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Assumant son statut de Coprince et marchant ainsi sur les traces de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron s’est rendu dans la Principauté d’Andorre le jeudi 12 septembre 2019. Mais quelle est l’origine de ce titre et à quoi correspond-il ?

Un peu d’histoire.

En 988, les Vallées d’Andorre furent attribuées à l’Evêque d’Urgell. Celui-ci les céda en fief aux seigneurs Caboët au début du XIe siècle en échange de leur appui contre les seigneurs voisins.
Les Comtes de Foix, qui héritèrent de cette seigneurie des Caboët par mariage, entrèrent en rivalité avec l’Evêque d’Urgell pour imposer leur suzeraineté.
Une intervention du Roi d’Aragon aboutit au premier acte de paréage, en 1278, qui attribua aux deux seigneurs (l’Evêque d’Urgell et le Comte de Foix) des droits identiques sur Andorre.
C’est donc entre la France et l’Espagne que se situe Andorre devenue, en 1278, une co-principauté placée sous la suzeraineté du Comte de Foix et de l’Evêque espagnol d’Urgell.
Puis, en 1589, le Comte de Foix en la personne d’Henri IV Henri IV devient roi de France et rattache à la couronne les prérogatives liées à l’Andorre.

Un pouvoir non négligeable.

Ainsi, aujourd’hui, les coprinces de cet Etat de 77 000 habitants sont « conjointement et de manière indivise » et « à titre personnel et exclusif » l’Evêque d’Urgell et le Président de la République française [1].

Ils ont un rôle symbolique, un rôle de « garant » constitutionnel [2] et de solides prérogatives en matière de conclusion des traités [3], ce qui est déjà loin d’être négligeable.

Leurs compétences s’exercent également dans le domaine judiciaire. Ainsi, ils décident librement de l’exercice ou non, du droit de grâce [4]. De même, ils nomment les membres du Conseil Supérieur de la Justice et du Tribunal Constitutionnel [5].

La visite : une tradition présidentielle.

C’est en octobre 1967 qu’un chef d’État français - Charles de Gaulle – se rend pour la première fois en Andorre, instaurant ainsi une tradition respectée par tous ses successeurs (hormis Pompidou).
Ainsi, François Hollande, au cours de sa visite les 12 et 13 juin 2014, mettra en avant « la relation de confiance (…), d’amitié (et) indestructible » qui caractérise ces deux pays.
Et de souligner qu’au cours du soixante-dixième anniversaire du Débarquement, « Andorre était représentée, puisque j’étais là. »

C’est donc en sa qualité de Coprince qu’Emmanuel Macron a reçu à l’Élysée, le 18 juillet 2017, le Chef du Gouvernement andorran. En effet, la Constitution andorrane prévoit que les coprinces soient « régulièrement informés des affaires de l’État » [6].
À cette occasion, Emmanuel Macron, Coprince français, a présenté son portrait officiel. Pour la première fois dans l’histoire, ce dernier se distingue de celui du Président de la République en incluant les deux drapeaux, français et andorran. Sans oublier que le Chef de l’État apparaît orné de son collier de co-prince.
Emmanuel Macron s’est rendu en Andorre les 12 et 13 septembre 2019.

Ainsi, lorsque nous élisons le Chef de l’État, nous choisissons également un des symboles et un des garants « de la permanence et de la continuité de l’Andorre » [7].

Autres titres méconnus du Chef de l’Etat.

- Chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran (Rome) ;
- Chanoine d’honneur de Saint-Jean de Maurienne (Savoie) ;
- Proto chanoine de la cathédrale d’Embrun (située dans le département des Hautes-Alpes) ;
- Protecteur du Domaine national de Chambord ;
- Protecteur de l’Académie française.

Paul de Vaublanc, Juriste.

[1Article 43 de la Constitution de la Principauté d’Andorre.

[2Article 44 de cette même Constitution.

[3Articles 45, 46, 66, 67 et 101.

[4Article 46.

[5Idem.

[6Article 44 de la Constitution de la Principauté d’Andorre.

[7Idem.