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Enquête : qu’attendent les entreprises de leur collaboration avec les avocats ?
Parution : vendredi 13 décembre 2019
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Dans le mouvement de transformations des métiers du droit, les professions qui travaillent ensemble doivent s’ajuster aux évolutions de chacune. Ainsi, alors que les entreprises et leurs directions juridiques entament, à des rythmes différents, la leur, les avocats doivent prendre conscience de leurs attentes afin de s’y ajuster.
C’est notamment ce que démontre l’enquête Odoxa réalisée pour le cabinet Gide et le Cercle Montesquieu « Entreprises et avocats : quelles nouvelles modalités de collaboration ? ». Sur presque deux mois a été interrogé un échantillon de 285 répondants, majoritairement des directeurs ou responsables juridiques groupe ou filiale (68 %). Alors, comment les entreprises choisissent-elles aujourd’hui leur cabinet d’avocats ? Et qu’attendent-elles pour une collaboration réussie ?

Les profils des 285 répondants montrent majoritairement la présence de grandes entreprises, au chiffre d’affaires importants (64 % d’entre eux ont plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires). En revanche, les tailles des directions juridiques sont assez diversifiées : 25 % ont moins de 5 personnes dans leur équipe, 26 % de 5 à 10 personnes, et 20 % de 11 à 20 personnes.

Un accompagnement avant tout basé sur une relation de confiance.

Malgré cette diversité, les enseignements de cette enquête semblent assez unanimes. Et le titre même de l’enquête, évoquant l’idée de « collaboration », comporte déjà une première indication.

Confiance et sentiment de rapport qualité/prix sont les principaux critères de choix du cabinet d’avocats.

En effet, le premier critère qui détermine le choix du cabinet d’avocats est la relation de confiance (67%), suivi de près par le « rapport qualité/prix » du service juridique (59%). Les départements juridiques apprécient également la présence d’un avocat en particulier (38%) et la composition de l’équipe dédiée à leur accompagnement (29%). Deux éléments qui renforcent l’importance de cette confiance dans la relation de collaboration : le savoir-être est ainsi déterminant, et le cabinet doit être « incarné ». A l’inverse, la notoriété ou la taille du cabinet semblent peu influer le choix des entreprises.

Les attentes illustrent également les nouveaux besoins des directions juridiques, qui internalisent de plus en plus de tâches. Les juristes souhaitent que les avocats leur apportent du conseil en plus de l’analyse juridique (79 %), et qu’ils soient proactifs sur les enjeux juridiques de leur entreprise (75 %). Un constat qui n’étonne pas lorsque l’on sait que le premier enjeu qui occupe les départements juridiques est celui de la conformité (57%) ou encore la gestion et la protection des données (34%).

On est au coeur d’une relation humaine, avant la technique pure, et les soft skills sont incontournables.


En adéquation avec le besoin de confiance et d’incarnation, on retrouve également dans ces attentes « un suivi régulier de la relation par un interlocuteur unique » (46 %) et « une bonne cohésion / communication entre les avocats du cabinet » (37 %). Il semble alors indispensable qu’un avocat soit « disponible et à l’écoute » (62%), qu’il connaisse son marché en comprenant les mécanismes de l’entreprise (41%), et qu’il soit capable d’être synthétique (41%).

L’étude éclaire ainsi les pistes que les avocats doivent suivre pour améliorer leur relation-client auprès des entreprises. Il ne s’agit plus seulement de prendre en charge les contentieux ou les procédures nécessitant un besoin de confidentialité, mais de fournir un véritable accompagnement personnalisé, et de travailler en étroite collaboration avec les équipes juridiques en interne.

Exigence de compétences, et attente d’innovations.

Quels sont alors les motifs qui peuvent entrainer une rupture de cette collaboration ? La question de la facturation arrive alors au premier plan : un coût trop élevé et un manque de transparence seraient ainsi rédhibitoires (58%). Les entreprises, qui consacrent en moyenne 46 % de leur budget juridique aux honoraires d’avocats, privilégient avant tout la facturation au forfait (37%). C’est en effet un moyen d’y voir plus clair dans le coût d’externalisation, et un enjeu pour les départements juridiques qui ont aujourd’hui besoin de gérer leurs budgets notamment pour envisager leur transformation sur le long terme.
Autres motifs de rupture : un manque de réactivité ou un non-respect des délais (31%), mais aussi des « conseils qui manquent de qualité, de valeur ajoutée / s’ils font preuves d’un manque de compétence » (49%). Le savoir-être et les « soft skills » ne font donc pas tout, et les équipes juridiques gardent une exigence certaine en termes de compétences juridiques de leurs conseils.

L’innovation des cabinets d’avocats est un sujet qui intéresse les directions juridiques.

Enfin, le mouvement d’innovation qui traverse actuellement le monde du droit forge visiblement d’autres attentes, et semble être un autre moyen de renforcer sa relation-client. Ainsi, l’accès à des bases de données de jurisprudence et à des outils prédictifs semble être l’innovation considérée comme la plus utile par les entreprises (35%), suivi par l’automatisation des contrats standards ou récurrents et le e-learning juridique.

Autant d’indications qui peuvent servir de point de départ aux avocats s’adressant aux entreprises, afin de réfléchir à une amélioration des services apportés à leur clientèle.

Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice