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Legaltech et renouveau du métier de juriste.
Parution : vendredi 27 décembre 2019
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Julie Baldinger et Marie Leroy, étudiantes en dernière année à l’EDHEC Business School, LLM Law & Tax Management, évoquent les "nouveaux juristes" qu’elles ont pu rencontrer lors de la 4ème édition du 4e édition du Village de la Legaltech.

Le métier traditionnel du juriste en entreprise est confronté à l’essor de l’intelligence artificielle – et plus généralement de la data et du numérique - dans la sphère juridique qui entraîne non seulement une profonde redéfinition de ce métier mais aussi la naissance de nouveaux métiers. En effet la création et le développement des nouvelles technologies induit, par certains aspects, une transformation du travail de juriste dont les recherches sont simplifiées, de même que la rédaction d’actes ou encore l’archivage de ceux-ci.

De nouveaux métiers du droit ont ainsi vu le jour et se développent. La 4e édition du Village de la Legaltech à Paris les 26 et 27 novembre derniers, a consacré l’effervescence du changement du monde juridique. En effet, de nombreux intervenants sont venus partager leurs expériences et présenter leurs métiers dans ce contexte de transformation des professions du droit. 

De nouveaux métiers qui permettent de mesurer l’ampleur des transformations du juriste liées à l’intelligence artificielle.

Plusieurs membres du studio legaltech pour juristes augmentés Séraphin legal ont ainsi témoigné de leur reconversion professionnelle au sein de cette structure. Parmi ces cinq employés, on compte une chef de projet legaltech, une juriste codeuse, un juriste data, une juriste privacy et un juriste marketeur. Autant de nouveaux métiers qui permettent de mesurer l’ampleur des transformations du métier de juriste liées au développement de l’Intelligence Artificielle. S’il aurait été impensable il y a 10 ans d’entendre parler de telles évolutions, de nouveaux métiers ont éclos, permettant à chaque juriste de trouver sa voie, sa spécialité et son développement en façonnant sa profession. 

Le métier de juriste devient de plus en plus personnalisable et axé sur l’Intelligence Artificielle. Le métier de juriste data, comme a pu le partager Charles Leconte, qui l’exerce chez Seraphin legal, nécessite par exemple d’appliquer l’Intelligence Artificielle aux données légales, de comprendre les enjeux de l’open data ainsi que du big data, mais aussi de connaître les aspects techniques liés au traitement des données. Le juriste n’est alors plus un simple utilisateur de la machine, il doit être en mesure de la contrôler et de l’améliorer directement, sans passer par un tiers technicien. Il apparaît alors que le changement majeur réside dans le contrôle par les juristes de leurs machines, ainsi que dans leurs capacités à les manipuler : la simple rédaction d’acte par ordinateur n’est plus la seule utilisation informatique du juriste, elle en devient même secondaire. 

Le changement majeur réside dans le contrôle par les juristes de leurs machines et dans leurs capacités à les manipuler.

Le développement de l’Intelligence Artificielle qui modifie le métier de juriste semble dès lors élargir les perspectives de cette profession et en faire naître de nouvelles. Les évolutions potentielles peuvent paraître presque illimitées, au fur et à mesure que la technique se développe au service du métier de juriste au sens large. Le droit, quant à lui, est un marché et peut donc, comme tout marché, faire l’objet d’études permettant de déterminer les besoins des individus et des entreprises, la valeur accordée à une solution proposée à leurs problèmes, le pricing de ces solutions, etc.

Toutefois, le marché du droit n’est pas un marché comme un autre. Il reste très spécifique, profondément marqué par la déontologie, qui pose certaines limites et encadre la naissance des nouveaux métiers du droit. C’est ce qu’affirmait notamment Gibran Freitas, juriste marketeur et co-fondateur de Legal Tech Africa. En effet, si les nouvelles technologies permettent aujourd’hui la création d’opportunités exponentielles, il n’en demeure pas moins que celles-ci peuvent se heurter à certaines règles originelles des professions du droit. A titre d’exemple, la publicité demeure un secteur peu développé ou du moins, qui se développe moins vite que les autres au sein des structures juridiques, par exemple du fait des règles déontologiques encadrant la publicité faite par les avocats. Ceci étant dit, tant le législateur que les instances ordinales, peuvent prendre soin d’accompagner les transformations nécessaires au rayonnement et au développement de la profession d’avocat.

L’évolution du métier de juriste et la création des nouveaux métiers de juristes augmentés permettent donc concrètement la révolution opérée dans le monde juridique par le développement des legaltech, qui fait du droit et des métiers du droit un sujet actuel et toujours plus innovant.

Julie Baldinger et Marie Leroy, étudiantes en dernière année à l’EDHEC Business School, LLM Law & Tax Management