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#Confinement de juristes... Témoignages (3).
Parution : vendredi 3 avril 2020
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Covid-19 : 76% des Français en télétravail regrettent leurs bureaux... et vous ? [1]. Suite à notre appel, des juristes témoignent ici de leur organisation, difficultés et constats... Chaque jour nous vous donnons rendez-vous pour un nouveau témoignage.

Aujourd’hui, le témoignage de Liliane Messina-Ravanat, Directrice des affaires juridiques et des affaires générales, Déléguée à la protection des données (DPO), au CROUS Grenoble Alpes.

"Ancienne avocate, je suis aujourd’hui reconvertie comme directrice des affaires juridiques dans un établissement public administratif, au service des étudiants Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Nous avons très vite été mis en télétravail, une partie de mon équipe et moi, le reste assurant soit garde d’enfants soit des astreintes sur le terrain.

Une direction juridique c’est souvent une porte que l’on pousse, un point de vérification pour les services, directions, collègues... sans formalité et sans rendez vous, la mienne se voulant toujours ouverte.

"Nous subissons plus que nous aimons."

Aujourd’hui les portes se sont fermées au siège, et les visios et les mails ont remplacé les rapports humains.

Nous subissons plus que nous aimons, il a fallu s’adapter, suivre les cellules de crise, crée un groupe Whatsaspp dans le service, pour communiquer avec tous, même ceux qui se retrouvent en garde d’enfants. Garder le contact, s’assurer que nul (ni moi même) ne sombrions dans la mélancolie ou l’anxiété. Je n’en suis vraiment pas à vérifier si le travail se fait par ce qu’en fait les agents sont disciplinés et sérieux, j’en suis plutôt à m’inquiéter de leur état moral...

"...Comme un rempart à la vie d’avant..."

Pour ma part, je réponds aux sollicitations, enfile une apparence maquillée en visio et retourne à un bon vieux jogging les autres moments, je réponds aux sollicitations de mon directeur, qui garde une organisation millimétrée, comme un rempart à la vie d’avant.
Les dossiers urgents sont priorisés, et nous veillons à ce que les factures des fournisseurs soient payées dans les temps.

La solidarité aussi se fait au profit des étudiants, nous assurons dans les Crous un service d’hébergement pour ceux qui ne peuvent pas ou plus rentrer chez eux, un service social assure des permanences en télétravail pour les plus précaires, nul ne devant rester à l’écart...

En tant que DPO, la difficulté a été de mettre en place une fiche, ce que l’employeur peut demander et ce qu’il ne peut pas faire, la difficulté et d’aménager le respect des règles de la CNIL et la nécessaire traçabilité des agents exposés afin de protéger ou d’alerter par précaution ceux qui ont été mis en contact...

Et plus légèrement, le télétravail c’est une organisation familiale à trouver, on enfile un costume "d’instit." et on essaie d’expliquer des baignoires qui se remplissent et des trains qui n’arrivent pas à l’heure, là on réalise qu’on a jamais rien compris à la résolution des problèmes de plomberie, ce à quoi se rajoute un chat qui prend un malin plaisir à se coucher sur le clavier quand on est en visio, et enfin on espère que la semaine durera toujours, car le week-end c’est juste affreux !

Bon télétravail à tous..."

Rédaction du village

[1Source sondage Deskeo.