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Déconfinement : des choses à éviter et des bonnes pratiques.
Parution : jeudi 30 avril 2020
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Soyons clairs : on ne sort pas de deux mois de confinement forcé aussi facilement que l’on reprend son activité au retour d’une semaine de congés. Chacun a construit sa vie autour de nouvelles habitudes professionnelles, et de ses contraintes familiales. Pour être un succès, le retour dans le cabinet va nécessiter de retrouver ses marques et sa motivation. La première impression doit donc être la bonne.

Juste pour le plaisir, je vous propose 4 phrases susceptibles d’effleurer l’esprit de certains mais qui ne représentent pas la quintessence de la bienveillance et de la dynamique d’équipe.

- « Bon, je pense que deux mois de repos ça suffit. Assez perdu de temps, on se remet au boulot !  ».

- « Je vous préviens, fini les grasses matinées, je veux voir tout le monde à son poste à 9 heures ! ».

- « L’impossibilité de mettre les avocats collaborateurs en chômage partiel a mis tout le Cabinet en péril … ».

- « Sonia et Jules ! Ravi de vous savoir vivants car on ne peut pas dire que l’on vous ait vu souvent sur Teams durant le confinement. Vous aviez sûrement mieux à faire que de partager avec l’équipe ! . »

Vous aurez compris l’esprit, et de telles maladresses sont malheureusement déclinables à l’infini.

La période de privation de libertés et la désorientation engendrée par le confinement n’ont été pour personne une parenthèse idyllique. Sa durée exceptionnelle a induit au fil des semaines une lassitude et une perte de dynamisme. Pour autant, le fait de devoir se lever plus tôt et de subir à nouveau un temps de trajet représente un facteur de stress potentiel. Inutile de faire comme si chacun revenait immédiatement à son potentiel optimal.

Dans la logique d’un management bienveillant créateur de valeur, je vous suggère d’adopter une posture qui soit tournée vers le seul objectif important : réussir à recréer la meilleure dynamique d’équipe possible dans le délai le plus court. La performance du cabinet en dépend.

Quelques bonnes pratiques :

• Prendre le temps d’accueillir l’équipe et de présenter les mesures prises pour protéger la santé de chacun.
• Remercier globalement pour l’implication durant cette période atypique (le mot est faible).
• Mettre en avant des points positifs, revenir sur des actions ou des comportements qui furent particulièrement innovants ou vitaux à la traversée de ces deux mois. Cela peut parfaitement concerner des faits apparemment anodins mais qui se sont révélés essentiels pour un client ou pour l’humeur de l’équipe.
• Parler de victoires survenues telles la conclusion d’un gros deal, une visibilité accrue sur les réseaux sociaux, ou l’arrivée de nouveaux contrats. En cherchant un peu, il y en a forcément eu.
• Communiquer sur la stratégie post-confinement, établie afin de faciliter la reprise en tenant compte de la persistance d’éventuelles contraintes individuelles.
• Donner des objectifs de court et de moyen terme afin de permettre à chacun de se projeter dans les jours et les semaines à venir.
• Être attentif aux signaux faibles, qui vous alerteront sur les difficultés éventuelles ressenties par certains.
• Rendre permanente des nouveautés issues du confinement et apparues comme des atouts : télétravail partiel choisi, outils numériques collaboratifs, organisation ou répartition des tâches, etc.
• Annoncer un moment de convivialité futur.

Adopter un comportement positif insufflera l’envie de s’investir et donnera confiance en l’avenir en permettant de se projeter.

Alors faut-il taire les mauvaises nouvelles et faire semblant ?

Non. Être bienveillant et motiver signifie prendre soin de son équipe et lui proposer un chemin de progression et de mieux-être. De nombreux cabinets subissent dramatiquement cette période qui succède à celle de la grève. Prendre les décisions qui s’imposent et les expliquer avec clarté à son équipe est nécessaire pour obtenir de sa part confiance et implication. Toute crise est potentiellement l’occasion de rebondir, d’améliorer, d’accélérer.

J’aime à penser que « le manager a un devoir d’enthousiasme ». C’est d’autant plus vrai dans cette période unique dans notre histoire professionnelle.

Je souhaite à tous un bon retour au Cabinet.

Jean-Marc Brulé Stratégie et performance des Cabinets d'Avocats Conseil-Formateur-Conférencier-Auteur Ancien DG CICERON & PDG-fondateur d'ECOSTAFF