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Les slasheurs dans le monde du droit ouvrent le champ des possibles. (5ème épisode)
Parution : vendredi 31 juillet 2020
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La touche "slash" sur votre clavier, vous connaissez. En codage informatique, on dit que c’est celle qui "distingue les différents dossiers d’un chemin".
Un même chemin, différents dossiers, en voilà une belle définition pour celles et ceux qui ont fait le choix d’exercer deux (ou plus) activités rémunérées en même temps et d’être juriste / "mais pas que" !
Selon une étude récente, les Bac + 3 et Bac +5 (toutes disciplines confondues) seraient respectivement 24 % et 27 % à vouloir devenir « slasheurs » [1].
Ce temps de travail partagé fait-il partie des axes de transformation des métiers du droit [2] ? Pour le savoir, nous vous proposons les témoignages de ceux qui ont fait ce choix de vies professionnelles au pluriel.
5ème témoin de cette chronique : Anne Victoria Fargepallet, Avocate aux Barreaux d’Avignon et Paris/Naturopathe.

Village de la Justice : Pourquoi exercer plusieurs métiers en même temps ? Quelle est votre motivation ?

"Le mot qui me vient avant tout à l’esprit est « nourriture ».

Il y a quinze ans, j’ai commencé à m’ennuyer dans mon métier d’avocate d’affaires. Je sentais qu’il me manquait une dimension spirituelle, une connexion à mon être intérieur, un sens à ma vie.

A ce moment là, j’ai rencontré les personnes qui m’ont guidée, comme si cela était inscrit dans le grand livre de la vie. J’ai laissé mon intuition me piloter. J’ai donc entamé un parcours initiatique dans la transformation énergétique, le magnétisme. Puis j’ai senti qu’une nouvelle évolution était nécessaire pour que mon âme et mon esprit soient en accord avec l’être de chair que je suis ; alors une voie s’est ouverte vers la naturopathie. J’y ai trouvé tous les éléments d’un équilibre de vie.

J’ai hésité à quitter mon métier d’avocate, pour finalement créer une osmose de toutes ces connaissances acquises pour aller vers un exercice du métier d’avocate totalement différent que par le passé : m’investir dans les causes environnementales, m’intéresser au parcours et aux objectifs de vie de mes clients, femmes et hommes d’affaires et être plus proche de leur vrai besoin. Les éduquer à la bienveillance et non plus mener des combats. Leur apprendre à aller vers l’essentiel dans la paix. Ce qui est formidable, c’est que ma clientèle s’est transformée, les personnes qui sont venues vers moi en ma qualité d’avocate étaient aussi intéressées par ce double cursus.

"J’ai hésité à quitter mon métier d’avocate, pour finalement aller vers un exercice du métier d’avocate totalement différent que par le passé."

Enfin j’exerce un troisième métier qui est le professorat où mes connaissances en droit et dans le domaine de la santé holistique sont très utiles comme par exemple enseigner le droit des plantes médicinales, des compléments alimentaires, des semences, de l’environnement à des étudiants non juristes, en attirant leur attention sur la norme du droit européen et français. Les éduquer à devenir des individus participant à leur vie de citoyen de la France, de l’Europe et du Monde. Je suis militante pour la reconnaissance de la naturopathie en France, comme étant le seul moyen de conserver ou retrouver la santé. J’aime éveiller les consciences et éduquer, transmettre le savoir."

Comment le gérez vous matériellement ?

"J’exerce mon métier d’avocate 70% de mon temps, mon métier de naturopathe par le biais d’une association 25% de mon temps et les 5 autres % j’enseigne et j’écris des livres.
Je travaille beaucoup mais dans un bonheur total, dans la bienveillance et le partage."

Quels en sont les bénéfices ?

"Je suis heureuse ! En accord avec moi-même, connectée à mon moi profond. Je médite, je fais du Yoga, je respire, je donne de l’amour, si bien que la fatigue n’existe plus.

Je suis extraordinairement nourrie de toutes ces activités qui s’intercroisent et se complètent, de ces découvertes qui m’enrichissent chaque jour de belles rencontres et de nouvelles connaissances. Je ne cesse d’apprendre. Je suis sans cesse enthousiaste et tout cela me donne une belle santé."

Est-ce passager et opterez-vous pour l’un ou l’autre ou en faites-vous un choix pérenne ?

"Ce choix de vie est le résultat d’un chemin de vie. Je me laisse porter par mon intuition et les messages que je reçois. Je suis avocate depuis 40 ans, j’ai l’intention d’exercer ce métier encore quelques années à titre professionnel, mais je ne cesserai jamais d’utiliser mes connaissances en droit pour les offrir à des causes qui me tiennent à cœur."

Avocats, la déontologie de l’avocat est-elle parfois un frein à votre autre activité ?

"Pas du tout. Ces deux métiers se complètent et surtout relèvent d’une même philosophie de vie : apporter à l’humain une aide qu’elle soit juridique, psychologique, holistique, spirituelle.

"Ces deux métiers se complètent et relèvent d’une même philosophie de vie : apporter à l’humain une aide".

Mes consœurs et confrères auxquels j’en parle sont le plus souvent enthousiastes. Ils aspirent aussi à une évolution de leur métier. J’entretiens des rapports très confraternels avec eux. Il y a une véritable évolution des professions, avec des transversalités nécessaires à l’épanouissement de l’être.
J’enseigne aussi les techniques de revitalisation à l’Institut Supérieur de Naturopathie de Paris (ISUPNAT) et cette année, dans ma classe, essentiellement des reconversions dont quatre avocates.
Les avocates se sentent très concernées par la gestion de leur stress et de leur santé.
Mes consœurs et confrères sont aujourd’hui très impliqués dans la nécessité de tout mettre en œuvre pour être heureux dans leur métier et en accord avec leur vie intérieure.
C’est formidable."

Prochain (et dernier) épisode pour conclure cette chronique... : Les slasheurs dans le monde du droit : quel cadre, quelles perspectives ? (Conclusion)

Propos recueillis par Nathalie Hantz Rédaction du Village de la Justice

[2Des axes évoqués lors du Rendez-vous des Transformations du droit en novembre 2020.