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Fonction de magistrat à la Cour des comptes : témoignage de Sarah Knafo.
Parution : jeudi 12 novembre 2020
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L’association Juristes d’avenir [1], créée en 2020, a pour objectif de rendre les études de droit et ses débouchés plus accessibles. A ce titre, elle collabore avec différents professionnels (magistrats, avocats, délégués européens, professeurs des Universités, huissiers, OPJ, collaborateur parlementaire etc.) et propose des "fiches de poste" sous la forme de témoignages.
Son objectif est de délivrer des messages positifs aux étudiants en démontrant qu’aucun parcours n’est rectiligne.
Cette initiative rejoignant la philosophie du Village de la Justice, nous nous proposons de partager le témoignage de Sarah Knafo, Magistrat à la Cour des comptes.

1) Parcours et matières privilégiées.

« J’étais une littéraire depuis l’enfance, mais comme beaucoup, j’ai pourtant passé un baccalauréat scientifique (et en spécialité mathématiques !). J’ai ensuite fait beaucoup d’économie à la Sorbonne (les mathématiques m’ont donc servi !) en parallèle d’une licence de sciences politiques. Ce fut l’occasion pour moi de découvrir des domaines aussi variés que le droit constitutionnel, la microéconomie, l’épistémologie, les statistiques, l’histoire économique, la philosophie du droit ou la sociologie.

J’ai continué mes études à Sciences Po, au sein du Mastères Affaires publiques, où j’ai préparé l’Ecole nationale d’administration, que j’ai intégrée en 2018. Pendant deux ans, j’y ai appris de nombreuses choses, en particulier au cours de mes stages à l’Ambassade de France en Lybie, à la préfecture des Pyrénées-Atlantiques et chez Publicis. »

2) Les difficultés rencontrées durant le parcours.

« J’ai toujours voulu garder un profil généraliste, mais je craignais de ne pouvoir rien approfondir vraiment, d’où ma volonté de m’inscrire en double licence, puis d’intégrer Sciences Po et l’ENA.

C’est aussi pourquoi j’ai toujours mené ma scolarité de front avec mes stages, en particulier à Sciences Po, où j’ai travaillé à la Préfecture de la Seine-Saint-Denis, puis comme collaboratrice parlementaire à l’Assemblée nationale en parallèle de mon master.

Il faut alors réussir à organiser son temps et ne pas se laisser happer par la vie professionnelle (même si elle paraît bien plus amusante) au détriment de ses études. »

3) La profession actuelle (missions, préférences).

« Depuis ma sortie de l’ENA l’an dernier, je suis haut-fonctionnaire et plus précisément magistrate à la Cour des comptes.
Mon travail consiste à contrôler le bon emploi de l’impôt des Français par l’Etat. Cela revient à analyser le coût et l’efficacité des politiques qu’il mène, en comparant parfois ce qui se fait en France aux pratiques des Etats étrangers, puis à proposer des voies d’amélioration. La plupart de mes travaux sont publics, ce qui donne à la Cour des comptes un rôle supplémentaire : éclairer l’opinion publique et assurer une forme de transparence de la vie publique.

En parallèle, je suis maître de conférences en droit constitutionnel à Sciences Po. Mon cours porte tant sur les mécanismes juridiques que sur la pratique institutionnelle et donc sur la culture politique de la Vème République. »

4) Un conseil à donner aux étudiants pour réussir ?

« Quel que soit le domaine qu’il a choisi, je conseille d’abord à chaque étudiant d’apprendre à se connaître pour être le plus efficace possible.

Voici quelques suggestions simples, sans aucune originalité, inspirées simplement de ce que j’ai moi-même appris au cours de mes études :
- Il faut être en mesure de déterminer son type de mémoire. Retient-on mieux en lisant ? En écoutant ? En écrivant ? En en parlant ? Lorsque l’on découvre son meilleur mode d’apprentissage, on gagne un temps précieux. Par exemple, avec une mémoire auditive, on comprend qu’il vaut mieux enregistrer ses cours avec un dictaphone et les réécouter, plutôt que de passer des heures à relire des fiches. Mon premier conseil est donc de tester votre mémoire jusqu’à découvrir la méthode qui vous convient.
- Il faut aussi établir son propre rythme de travail. Concrètement, il faut savoir à quelle heure de la journée vous êtes le plus productif. Pour ma part, c’était le matin très tôt, lorsque tout le monde dormait encore et que personne ne pouvait me déranger. Il m’arrivait donc de me réveiller à 4h, pour travailler jusqu’à 10h du matin. J’étais ensuite libre toute la journée, pendant que les autres commençaient à peine à travailler.
- Il faut enfin varier ses sources d’apprentissage. Ne pas se contenter de ses cours, mais lire des revues, écouter des podcasts, trouver des chaînes YouTube, etc. D’une part, vous apprendrez plus facilement en variant les supports, et d’autre part, vous retiendrez mieux si vous avez fait vous-même l’effort de chercher. »

Témoignage proposé par l'Association Juristes d'avenir.